Gif Atelier


L'atelier d'écriture de Gardanne se déroule au siège de l'AAI, 35 Rue Borely, 13120 Gardanne
chaque vendredi de 14h à 16h.
Pour contacter l'AAI utiliser l'adresse e-mail : aai.esj@wanadoo.fr ) ou téléphoner au 0442515299

L'atelier d'écriture de la Méjanes d'Aix se déroule chaque jeudi de 10h à 12h à la Mareschale, 27 avenue de Tübingen 13090 Aix-en-Provence (TEL : 04.42.59.19.71 - e-mail Ecrits.Alaai@gmail.com ) et aussi le premier lundi du mois (même heure, même lieu).

L'animation ci -dessous représente l'aspect avant tout ludique de cet atelier gratuit ouvert à tous. Du rire et de la légèreté...

mardi 17 décembre 2013

Gymnastique du Franc-conteur C.D.

Olympia et le chat noir échaudé de Claude Manet



Atelier du 19/07/2013.

Une période qui aurai pu être difficile...

Ce jour de mai il est guilleret, il fait beau, la radio diffuse, Johnny, Sylvie, Adamo, Sheila et compagnie, tout n’est que gaieté, joie et bonheur, mais c’est bizarre, certains signes me mettent la puce à l ‘oreille, le grand Charles annonce à la télé que tout va bien et que les étudiants préparent le bac avec soin, c’est curieux me dis-je puisque d’habitude il n’évoque même pas le sujet, mais je repense à la chanson de Pierrot Perret « les jolies colonies de vacances » mais ce qui me trouble un peu c’est ce que me demande mon père, on fait le plein du réservoir et on transvase dans des fûts de 200 litres au cas ou disent les anciens car il y a comme un goût de déjà vu pour eux, car en 39 certains étaient partis pour mettre les « boches » au pas, et ils y sont allés au son de « la Madelon » puisque les politiques qui parlent à la radio sont très rassurants avec la « ligne Maginot » infranchissable, tu parles c’était une ligne imaginaire plutôt, et bien sûr les français grandes gueules sont partis habillé comme en 14 avec les guêtres, le fusil US17 et les chevaux dont certains étaient de trait presque la fleur au fusil, le choc fut violent en rencontrant les chars, les camions et les side-cars de l’armée allemande, ha oui là on a vraiment eu l’air con, pour être une guerre éclair ça c’est sûr, a peine parti déjà rentré, et la queue entre les jambes en plus, cherchez l’erreur.

Voilà pourquoi il valait mieux prévoir, après tout 68 c’était 23 ans après la guerre et entre temps il y avait bien eu l ‘Indochine et l ‘Algérie plus deux ou trois trucs dans le pacifique et en Nouvelle-Calédonie, mais ça ce n’étais pas médiatisé, là ça venait de France avec des Français, je trouve ça suspect, surtout que la télé et les radios commencent à diffuser des images et des reportages malgré la censure, de plus certaines personnalités du secteur qui étaient contre De Gaulle viennent d’avoir la visite de la gendarmerie qui par ailleurs a réinstaller les fiches d’ hôtel avec les renseignements y afférents.

Hier matin il y a du changement, les affiches sur les pompes à essence « pas plus de 10 litres par véhicule » puis le soir la télé a montrée des images de la Sorbonne et de Paris, je sens que ça chauffe, ce matin des bruits de char, j’ouvre les volets !non, ce sont des tracteurs qui passent sur 2 files devant le restaurant, tous le monde applaudis même les routiers bloqués sur le parking, les paysans, les ouvriers, les étudiants réunis pour une même cause, chose impensable auparavant, c’est comme d’essayer la soudure de l’eau, du feu et de la terre, c’est impossible et pourtant là ça marche,
Le grand Charles après avoir envoyé les CRS et la gendarmerie a failli envoyer l ‘armée …. L’armée !contre des français de France avec des appelés, il ne va pas refaire le même coup qu’a Alger comme disent certains qui n’hésitaient pas à l’appeler « la grande crevure » !
Non il ne l’a pas fait, sûrement à cause de son voyage à Baden-Baden en Allemagne, là les généraux ne l ‘ont certainement pas soutenu, une fois ça va, du moins c’est ce que j’aime à penser, et puis va savoir, on a écrit une petite page de l’histoire de France, a raison, a tord,  ? va savoir, ……..


Atelier du 26/7/2013
consigne : fable avec une morale faite du début d'un proverbe et de la fin d'un autre.

Le chat.


Le petit chat voulait boire son lait
Il faisait froid aussi Paul le chauffa
comme un couillon il le fit bouillir
Paul faisait attention à ne pas trop le cuire
mais Rolland l'appela et le retint longtemps
quand Paul raccrocha le chat était sur le flan
il se remit debout en jurant qu'on ne le reprendrait pas
et il se précipita à l'intérieur après son repas . tout ça ce n'est que des paroles

Moralité :chat échaudé revient par la fenêtre.

Fait des deux proverbes suivants :
chat échaudé craint l'eau froide
chassez le naturel par la porte, il revient par la fenêtre



Atelier du 21/06/2013.

Consigne : écrire une histoire avec une phrase de démarrage
(ça s’appelle « un nain qui pite » ou peut-être un incipit...)

lundi 2 décembre 2013

l'automne de Brigitte

Tarot de Marseille 



La fruitée géographie


Apt est la capitale mondiale du fruit confit ! Mon préféré est la prune, pas trop sucrée, qui rappelle la légèreté de l'air dans la Grand-rue. Son horloge, qui tinte comme deux verres qui trinquent, longue comme l'angélique confite.
 Le Grégoire à la terrasse large comme un melon où tout se passe, les rencontres entre pommes et bonnes poires, les cerises d'un rouge renversé sous une table.
 Ici, les touristes se retrouvent après le marché où ils ont dégusté les huiles d'olive, les
 produits régionaux et prennent l'apéro.
 Les collines, grandes vagues de menthe.
 Le sommet Ventoux qui nous nargue coiffé de son sommet de chantilly .
 Les bories, petits refuges en rectangles de sucre, qu'on pourrait tremper dans le Calavon,
 rivière de café où les canards sont heureux.



Comment réussir à échouer ?


Je ne veux plus vivre dans un lieu inconfortable .

 J'ai fait refaire l'électricité, ça a duré six mois, j'ai vu défiler quatre électriciens, très
 aimables mais ayant le défaut de disparaître au milieu du boulot a faire ! je me suis donc
 bien gelée cet hivers ...
 Pour l'isolation des combles, je n'ai eu qu'un seul artisan qui par contre a reporté le travail
 trois fois, j'ai donc débarrassé l'accès Trois fois, ouf.
 Le menuisier n'a reporté qu'une fois :super-pro !
 La penderie s'est effondrée, j'ai laissé le tas tel quel, ras le bol.
 Je suis partie me reposer deux mois, il fallait au moins ça.
 De retour en forme,je me retrouve "la tête dans les toilettes", la chasse d'eau ne fonctionne
 plus, non ? si si.

 Bien venu chez moi !!!


Une histoire de tarot marseillais

(voir Italo Calvino)

 L'homme s'invita a ma table, tant le bar était bondé. Il m'expliqua par gestes qu'il était muet. Il me montra la carte de L'amoureux, j'en conclut qu'il l'était . Puis Le diable, celui-ci avait du lui causer des problèmes ou  jeter un sort sur sa relation .

 La justice apparut ainsi que La force dont il aurait besoin pour l'obtenir.
 Il invoqua La lune qui fit apparaître Tempérance à ses cotés.
 Le soleil réchauffa leur amour.

 Quand il firent tourner La roue de fortune un chariot leur fut offert et ils purent partir vivre leur amour en paix.

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Le chat de mon fils


                             Ma fifille a le temps
                             Elle passe des heures
                             à lustrer son parement
                             Pour charmer les chats du bonheur

                             Ma fifille aime les gratouilles
                             Elle les réclame de sa petite patte
                             Alors nous on farfouille
                             Ses poils et jamais elle ne se carapate

                             Ma fifille est très noble
                             Du moins semble elle le croire
                             Elle nous toise, c'est un comble
                             De ses yeux ronds où l'on se moire

                             Ma fifille dors beaucoup
                             En n'importe quel lieu
                             Elle a raison, ça vaut le coup
                             S'il y fait chaud, c'est encore mieux .
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Un français expulsé de France !

(inspiré par « un aller simple de Didier Van Cauwelaert)

Ça y est, me voilà dans l'avion qui m'emmène vers l'Inde où je n'ai jamais mis les pieds.
Mes seuls bagages sont un sac à dos où j'ai fourré tout ce que j'ai pu pour mon hygiène, ma santé, quelques fringues et quatre ronds, on ne m'a autorisé qu'un seul sac !
Je vais arriver là-bas sans point de chute, j'espère ne pas être casé dans les intouchables.
Nous atterrissons, l'endroit est assez peuplé. Je marche vers ce qui me semble être le centre ville. J'espère y trouver une sorte de dispensaire ou un local  caritatif ou social. J'ai tout de même de vrais papiers indiens, mince! Je trouve un lieu qu'on ne peut pas vraiment appeler « local ». C'est un petit carré de tôle où un indien qui parait avoir une certaine autorité sur  la population parle au moins indien, anglais et espagnol, pas mal ! Il est aidé par deux personnes en mission humanitaire sociale et médicale. Sihanat me suggère de repasser le lendemain et me donne bon espoir de me trouver un peu de bricolage à faire pour gagner quelques sous et me permettre de m'intégrer.
Pour dormir, il me propose de m'éloigner du centre et de chercher un coin tranquille le mieux serait un buisson. J'obtempère et m'enroule dans ma veste pour la nuit. Vous devez vous douter que j'ai peu dormi !  Le lendemain , je retourne voir Sihanat qui tient ses promesses.

Un an après, je suis serveur dans un restaurant indien, je connais les traditions et commence à m'initier à l'hindouisme. J'ai eu beaucoup de chance mais avant d'en arriver là, j'ai vécu des périodes et des  rencontres difficiles et parfois douloureuses.

Je pense à tous ceux qui étaient dans le même avion que moi et n'ont pas eu la chance de rencontrer Leur Sihanat. J'ai une vie heureuse aujourd'hui mais il restera toujours au fond de moi, la blessure profonde de mon expulsion comme on jetterait du papier toilette usagé.

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Limericks



                            Un bègue de Caen dit des cancans
                            sur toutes les nanas y vivant
                            Il aime les femmes
                            Les appelle "Madame"
                            Adore le sexy french-cancan
                            
                            Il était un mec de Dubrovnik
                            Aussi frileux qu'un gros moustique
                            Il met une parka
                            Presque dans tous les cas
                            Il part au sud par le prochain Spoutnik

                            Il était un mec de Narbonne
                            Qui étudiait à la Sorbonne
                            Financé par son père
                            Il le vivait très pépère
                            Son lit vit même passer la bonne !

                            J'ai rencontré un vieux kanake
                            Qui avait encore la gnaque
                            Il vit comme un jeunot
                            et joue les julot
                            Un jour sa morue lui mit une claque .

                            Elle a toujours habité Bruxelles
                            Son nouveau voisin la harcèle
                            Elle veut fuir de suite
                            Ne pas lui offrir sa fuite
                            Elle le prendra par sa ficelle .

                            Il l'invite à dîner au Ritz
                            Elle se rappelle qu'il s'appelait Fritz
                            Prend les plats les plus chers
                            Il lui a mis les nerfs
                            S'il veut payer ! typique d'un fritz ...
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Mon salon

 En entrant, on s'accroche à la petite marche en bois, on trébuche, on se redresse et on voit plein de meubles dépareillés. D'abord, le canapé de ma mère en velours marron clair. Il faut compter quinze à vingt minutes pour le transformer en lit, comme quoi il n'est pas convertible mais transformiste. Une fois qu'on l'a ouvert, il reste quinze centimètres entre le canapé et le bureau. Sont éparpillés six petits coussins marrons. Les murs sont ocres-jaunes. Ensuite, une étagère supportant la plante, la boite à bijoux, les bouquins etc. Devant, le chauffage de secours a gaz recouvert d'une grande lirette et servant aussi d'étagère y règne une rampe électrique pour charger : téléphone, cigarette, baladeur, appareil photos et autre ... C'est Orly : voyants rouges, verts, bleus. Puis l'espace pour l'étendoir qui voyage beaucoup. Dans le coin, les radiateurs et la vieille télé de Rolland. Sur ce mur deux scrackbooking (le deuxième à finir).
On tourne, nous voilà face à la porte-fenêtre d'où on voit un balconnet où on peut caser deux chaises . Il y a une tringle à rideau depuis peu, posée par le plombier. La salle de bain, on tourne encore, voici le bureau, lieu de passage pour les objets à la recherche d'une place. Dans ce coin là, l'étagère à cd et le meuble bas de bricolage, dessus, une minichaîne à trois euros qui clignote tout le temps la mauvaise heure. La psyché que les déménageurs ont cassé et que J-M réparera un jour. La télé qui s'éteint quand elle est fatiguée et se rallume seule. A gauche, l'alcôve qui ouvre sur la chambre, grand rideau marron. Au milieu, une table de salon que l'on n’a plus vu depuis longtemps, elle est pleine en permanence, c'est mon lieu de vie, mon sac est posé parterre contre le canapé en entrant. Un pouf en osier pour les petits poids et le gros fauteuil assorti au canapé. Dernier coin : étagères pleines à craquer de cadeaux, souvenirs, déco.
Je les aère un peu en transférant certains objets sur les scrackbookings.
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Jacques part à la guerre

 C'est aujourd'hui. Fanny s'est levée très tôt pour bien vérifier son barda, ses réserves de victuailles . elle lui a préparé un énorme petit déjeuner. Maman est assise prés de la fenêtre et se prépare à le regarder partir. Personne n'ose parler, l'atmosphère est pesante. Que dire ?        L'armée lui a fourni des bandes molletières, un uniforme. Jacques est une bleusaille, c'est la première fois qu'il porte tout ça. Il est terrorisé à l'idée de se trouver face à des boches. Il n'ose pas le dire à Fanny qui parle déjà de sa prochaine permission. Il s'embrassent fort et longtemps tous les trois en chuchotant des promesses de retour, de projets, d'éternité ...
 Elles le regardent de la fenêtre, partir à pieds vers la gare jusqu'à ce qu'il disparaisse de l'horizon. Puis elles tombent dans les bras l'une de l'autre et pleurent,  Longtemps ...
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À la campagne 

  
On entre par la petite véranda qui est aussi l'atelier de couture. À droite l'entrée de la grande salle de séjour où trône une grande table et au fond une cheminée.
Tout droit au fond, la petite cuisine sous le toit où une poutre basse au dessus de l'évier faisait que ma tante s'y cognait souvent la tête. Je passais le jaune d'œuf sur les croquants qu'elle confectionnait avec art.
À droite de la grande salle se trouvent la salle de bain et un escalier vertigineux qui nous  conduit aux chambres et encore plus bas, une petite porte nous amène au fond du garage.
Dans ce recoin sur des chiffons, s'est produit une chose qu'on voit rarement, Pénélope, la chatte angora mettait bas et Pupuce la toute petite chienne léchait soigneusement les chatons à mesure qu'ils venaient au monde. Ça a été pour moi un spectacle merveilleux et inoubliable !

Nous sortons dans la cour par le garage. Quand on sort par la véranda, il y a des escaliers collés au mur qui descendent à la cour. La rampe est couverte de rosiers grimpants qui font un rideau de verdure taché de rouge, de jaune et de rose. Le gravier porte les marques de la dernière partie de boules.
Sur la droite, en bas du chemin, un prunier qui a l'habitude d'être secoué donne des reines-claudes succulentes natures ou en tartes. En face, une terrasse et un banc en pierres plates construit en rond autour d'une table faite de planches de bois. La table est ronde aussi et accueille en son milieu le tronc d'un tilleul dont l'ombre rafraîchit ce lieu calme et paisible . De là, on voit la colline qui descend vers Apt en ondulant. L'endroit est serein, amène au repos, à la discussion intime.
Sous nos pieds, les H L M à lapins ( les pauvres ). On voit aussi le champs de tomates. On les appelle des olivettes . Elles contiennent la tiédeur de l'après-midi et sont succulentes mangées assis dans la terre, entre les plants.
Quand on quitte ce lieu, on sait qu'on y reviendra car les souvenirs de parfums, de goûts, de plénitude, de beauté, nous ne les oublierons jamais.


M-V . Brulong

lundi 11 novembre 2013

L'été de Florent C.

Ecuador d'Henri Michaux


L'été de Florent C.
(ses contributions aux ateliers d'écriture)


Jour de gloire (Fable courte avec deux dictons mélangés pour morale)

Toujours ils perdaient leurs matchs
quand ils jouaient ils étaient fatigués
les joueurs du grand Nasser
Puis ils eurent une grosse prime
et des bonnes bouteilles
et ils gagnèrent enfin un match

Quand vient la gloire, il faut la boire


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Le petit Nicolas (micro nouvelle fantastique)


Un beau jour de printemps, pour sortir d’une nuit bien agitée, le petit Nicolas se réveilla transformé en Mouche à merde.
Sa femme Carlita n’ayant jamais vu de mouche en pyjama rayé, se leva du lit en sursaut.
Elle partit en courant dans la cuisine pour prendre sa maxi tapette à Mouches pour écraser cet intrus.
De retour dans la chambre, elle se mit à le chercher en vain, car le petit Nicolas ayant compris le manège de cette dernière, c’était caché dans un coin de la salle de bain pour échapper à son bourreau qui ne mit pas longtemps pour le retrouver.
Se sentant coincé, ce dernier n’eut pas le choix et se mit à virevolter de pièces en pièces en évitant de peu la mort à chaque coups de tapette.
Carlita étant un peu gauche, elle ne parvenait pas à l’avoir.
Usant de tous les stratagèmes, elle dut se résigner à lui envoyer un bon coup d’insecticide pour le tuer, mais rien à faire, étant donné que le petit Nicolas n’était pas vraiment une mouche.
Elle essaya même le fusil à pompe de ce dernier, et elle réussit juste à casser les vitres du salon, mais quelle idiote, qui a déjà vu une Mouche en pyjama rayé, et qui de plus parle très bien le Français ?
Après deux bonnes heures de galère, elle parvint enfin à le coincer dans un coin du cellier, et elle lui mit un bon gros coup de tapette qui le plaqua au sol, puis elle lui donna le coup de grâce.
Le petit Nicolas poussa un cri d’effroi, et s’apercevant de son erreur, Carlita tenta en vain de le réanimer en lui faisant du bouche à Mouche, et en lui massant la poitrine avec deux coton-tige.

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Comment réussir à échouer

Je vais arrêter de lâcher des gaz à longueur de journée.
Je ne veux plus m’enfumer dans mon canapé.
Je ne veux plus avoir mal à la tête avec ces bruits assourdissants.
Je suis une catastrophe à moi tout seul.
Il m’est impossible à ce jour d’arrêter de manger des Choux de Bruxelles, Pois-chiches, Flageolets et j’en passe, car c’est ma seule raison de vivre.
Pétomane dans l’âme, j’ai été embauché comme videur dans une boite de nuit, grâce à mes gaz mal odorants qui me permettent d’évacuer la salle sans violence lors de soirées qui tournent mal.
Même au cas où j’arriverais à ne plus lâcher de pets, je perdrai mon boulot, car je vous rappelle que c’est grâce à ça que j’ai été embauché !


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Mes Malheurs (inspiré par Un aller simple - Prix Goncourt 1994 de Didier Van Cauwelaert)

Suite au décès de ma mère à ma naissance et n’ayant pas de père, car né à la suite d’un viol, j’ai était élevé dans un monastère.
J’ai été expulsé à ma majorité, parce que je ne possédais pas de papiers d’identité.
Envoyé en Roumanie par rapport à mon teint basané et à mon accent d’immigré Bulgare, j’ai été adopté par une famille de Roms de Bucarest.
Ayant perdus leur enfant suite à un règlement de compte, ils m’ont donné la carte d’identité de ce dernier après avoir changé la photo.
Me prenant pour l’un d’eux, ils me faisaient laver les vitres des voitures aux feux tricolores de la ville et ne me faisaient pas manger si je ne ramenais pas une somme précise à chaque fin de journées.
Suite à un contrôle de police, j’ai été alpagué parce que je ne parlais pas un seul mot de Roumain et que mes papiers me donnaient pourtant la nationalité Roumaine.
Après cinq jours de prison dans le service de l’immigration, j’ai été à nouveau expulsé vers Madagascar, malgré le fait que je leur aie expliqué durant ces cinq jours que j’étais bien Français.

Vive l’administration !!!




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JEAN BONO SUR LE GRILL (Récit de voyage - voir Ecuador de Henri Michaux )

Marseille 15 Mai 1982, Jean BONO embarque sur « Le Grill » destination New York.
A bord du navire, il croise Jeanne LABROCHE, une amie d’enfance qu’il n’avait pas vue depuis l’école primaire.

Marseille samedi 15
Ah quelle belle journée ! La mer est d’huile, le ciel est dégagé et je suis de bonne humeur.
Après 2 heures d’attente, le navire quitte enfin le quai.
Je vais enfin pouvoir me rendre au « Four » le restaurant du navire.
Assis à table depuis une dizaine de minutes, je me sens dévisagé par une jolie jeune femme qui m’a l’air familière.
Celle-ci ne tarde pas à m’aborder :
  • Dite moi mon cher monsieur, n’êtes-vous pas Jean BONO de Bayonne ?
  • Mais oui !!!
  • Je suis Jeanne LABROCHE, nous étions dans la même école de 1958 à 1963 !
  • Ah oui, quelle surprise !

De fil en aiguilles, nous avons passé plus de 2 heures à discuter du passé, du présent et peut-être de notre futur, vu qu’elle est divorcée depuis peu.

À bord jeudi 16
Réveillé tardivement ce matin suite à notre conversation tardive sur le pont, je me décidais à aller
prendre un bain de soleil sur le pont supérieur et je me rendormis, bercé par les vagues.

Vendredi 17
Ah ! Quelle mauvaise journée ! Mal de mer, nausée, maux de tête et fièvre passagère, je n’en demandais pas autant.
Résultat : une demi-journée gâchée à attendre que les médicaments fassent effet, et finalement un début de soirée bien accompagné, avec mon amie d’enfance qui ne s’est pas faite attendre pour se rapprocher de moi sans sourciller.
Ah, quelle belle journée !

Samedi 18
Dernier jour de croisière, la tête dans les étoiles en pensant à ma promise et à notre futur, qui je l’espère, ne me laissera pas sur le grill…



Signé Jean Bono

mardi 30 juillet 2013

villanelle Dylan Thomas

Cyprès de Van Gogh ( Arles - St Remy de Provence )
Atelier du 26 juillet – Villanelle

Consigne I : écrire une villanelle
format R1BR2 ABR1 ABR2 ABR1 ABR2 ABR1R2
19 vers, 5 tercets (ou un autre nombre impair) en rime aba, 1 quatrain final en rimes abaa
R1 : vers servant de premier refrain
R2 : vers servant de deuxième refrain
les deux refrains alternent d'un tercet à l'autre et les vers 1 et 3 du poème sont repris comme les 2 derniers vers de la villanelle.
Il vaut mieux l'écrire avec des vers isométriques, de 7 syllabes ou de 8 ou peut-être de 10, 11 ou 12 comme les villanelles en anglais qui sont souvent des chefs-d’œuvre écrits en pentamètres (5 pieds de 2 syllabes)

Regarde ce bel été

Regarde au-dessus des cyprès
Le reflet du fond de mon âme
Faut admirer ce bel été.

Quand mes amours dans le cellier
Me reviennent. Quel mélodrame !
Regarde au-dessus des cyprès.

J'ai presque failli trépasser
À vous tous, oui je le proclame :
Faut admirer ce bel été.

Souvenir, toujours dépravé,
Comme un éternel polygame,
Regarde au-dessus des cyprès.

Enfin je ne vais m’attarder,
Tristement, sur ce psychodrame
Faut admirer ce bel été.

Il est tard, je vais me coucher
Après qu'à haute voix je clame :
Regarde au-dessus des cyprès
Faut admirer ce bel été.
(Florent C.)

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Les magnolias sont en fleurs

Les magnolias sont en fleurs
Les libellules frivoles
Je m'en fous je n'ai pas peur.

Les saules, toujours en pleurs,
S'agitent comme des folles
Les magnolias sont en fleurs.

Marguerites, bouche en cœur,
Il n'y a plus que l'herbe folle...
Je m'en fous je n'ai pas peur.

Les pensées ont un moteur
Les poissons trouvent ça drôle
Les magnolias sont en fleurs.

Haricot n'est point choux-fleur
C'est bon, goûte ça mon drôle,
Je m'en fous je n'ai pas peur.

L'herbe est partie chez Manflower
Tout cela n'est que paroles
Les magnolias sont en fleurs.
Je m'en fous je n'ai pas peur.
(Christian Duvoy)
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Fin de fado

D’œillets roses ils s'habillent
Et vont chasser le diktat
Pour que tu sois libre, fille.

Pendant que l'armée fusille
Ceux qui ne vont pas au pas,
D’œillets roses ils s'habillent.

Avec maintes banderilles
Ils se lancent au combat
Pour que tu sois libre, fille.

Des va-nu-pieds en guenilles
Déculottent des soldats.
D’œillets roses ils s'habillent.

Les tanks changent leurs chenilles
En papillons de gala
Pour que tu sois libre, fille.

Enfin comme au jeu de quille
Tout tombe sous les hourras.
D’œillets roses ils s'habillent
Pour que tu sois libre, fille.

Rolland Pauzin. 19-11-2001 - villanelle

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Villanelle de Dylan Thomas en anglais

Do not go gentle into that good night,
Old age should burn and rave at close of day; 
Rage, rage against the dying of the light.

Though wise men at their end know dark is right, 
Because their words had forked no lightning they 
Do not go gentle into that good night,

Good men, the last wave by, crying how bright 
Their frail deeds might have danced in a green bay, 
Rage, rage against the dying of the light.

Wild men who caught and sang the sun in flight,  
And learn, too late, they grieved it on its way,  
Do not go gentle into that good night,

Grave men, near death, who see with blinding sight 
Blind eyes could blaze like meteors and be gay,  
Rage, rage against the dying of the light.

And you, my father, there on the sad height, 
Curse, bless, me now with your fierce tears, I pray. 
Do not go gentle into that good night,
Rage, rage against the dying of the light.

Traduction de Rolland Pauzin, conservant la forme de la villanelle :

Ne vas pas gentiment dans cette douce nuit
L’âge devrait brûler ou briser sa clôture
Rage, rage et combats la mort du soir qui luit

Bien qu'un sage vieillard sait que le trou noir suit,
Ses mots étant sans lux, aucune créature
Ne va docilement dans cette douce nuit.

Bonhomme prés du but, pleurant pour ce vert buis
Brillant, où danseraient ses dernières mesures,
Rage, rage et combat la mort du soir qui luit.

L'excité qui chantait le vol d'un soleil cuit
Et qui apprend trop tard le deuil de ses brûlures,
Ne va docilement dans cette douce nuit.

L'homme grave et mourant, dont les yeux, tels des puits,
Peuvent de joie briller avant leurs fermetures,
Rage, rage et combat la mort du soir qui luit.

Et toi père en ce corps qui tristement s'enfuit,
En pleurs fiers, maudis-moi, bénis-moi, je t'adjure,
Ne vas pas gentiment dans cette douce nuit
Rage, rage et combats la mort du soir qui luit.


mercredi 10 juillet 2013

micro-nouvelle

Picasso : Buffet Henri II et chien dalmatien - 1959

Atelier du vendredi 21 Juillet

Consigne : micro-nouvelles sur un des thèmes proposés. (chien/niche)

Ma copine


Au printemps, elle et moi, nous amusons dans le pré, sous la ferme. Une seule chose vient gâcher ce plaisir, c'est mon père qui, après sa bouteille de midi, vient titiller le chien avec sa fourche. Ce pauvre animal gémit. Je ne voudrais pas que ma copine croit que je suis comme lui. Je ne peux plus supporter tout ça, je monte le talus, lui prend la fourche.

Quand le chien la voit bien enfoncée dans le bide de mon père, qu'est-ce qu'il remue la queue !
(Brigitte)

La journée du maître


Le 8 mars, je nourris cette chienne battue. On sentait qu'elle avait vécu dans la peur. À chaque instruction que je lui donnais, elle baissait les yeux et léchait sa gamelle presque vide. Elle me respectait. Plusieurs fois je me suis assis devant elle et je pus reposer mes pieds sur son dos sans qu'elle ne bronchât. En tant que tabouret, elle était parfaite.

samedi 22 juin 2013

Bonne Nouvelle du métro


Un extrait des performance du groupe "les décalés" au Bois de l'Aulne d'Aix-en-Provence le 5 Juin 2013. Il s'agit du début de la pièce "Sous les pavés, la plage... du métro". Le personnage principal, nommé Toufu, est descendu sous les pavés parisiens, et donc dans le métro, pour y trouver la plage. C'est la première étape d'une Odyssée métropolitaine. Nous remercions Culture du Cœur de nous avoir invité à Aix pour démontrer que notre atelier d'écriture mérite bien le nom des "décalés".

  Les vidéos de ecrits alaai sur Dailymotion

mardi 18 juin 2013

Festival du livre vidéos photos

Nous avons créé une page pour la performance faite par "Les décalés" lors du Festival du livre en haut de la Cannebière le 8 Juin 2013.
Pour l'instant il n'y a que 3 vidéos et 3 photos mais nous allons ajouter de nombreux films et images.

Par ailleurs nous allons aussi créer une page pour l'atelier d'écriture qui s'était déroulé le matin de 10 h à 12 h avec quelques textes écrits par les participants et peut être d'autres écrits sur les mêmes consignes mais une semaine plus tôt à Gardanne. Il y aura quelques photos qui permettront de mémoriser, en silence (les participants comprendront l'allusion), ces bons moments.

Normalement vous devriez trouver ces liens à droite au dessous de l'onglet AGENDA qui, lui même, est sous les grenouilles plongeuses.

sinon utilisez ce lien : http://ecritsaai.blogspot.fr/p/blog-page_18.html

Hélène, Florent en charge du son, Mickaël, Brigitte Françoise K, Lucien et son épouse

jeudi 13 juin 2013

à la Marie Bornasse

Wilson Alwyn Bentley - Première photo de flocons de neige

Atelier du vendredi 24 mai

consigne 1 :
écrire 4 fragments sur un personnage obsessionnel,
écrire 2 fragments utilisant 2 mots piochés,
écrire un dernier fragment utilisant le « je »,
en prenant pour exemple « Marie Bornasse » de Cécile Richard

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Gérard Genêt porte un nom de fleur. Grâce à ça, Gérard aime la nature et les choses qui sont naturelles. Gérard aime observer ces choses naturelles que sont les corps nus des baigneurs sur la plage des naturistes. Gérard aime imprimer ses observations sur le négatif de la pellicule de son appareil photo. La nuit, Gérard s’enferme dans le noir et exhume du liquide acide du bac de révélateur, les images de ses obsessions. Gérard accroche les images sur des fils de nylon avec de grosses épingles à linge en bois. Un sourire ravi se dessine alors sur le visage de Gérard qui découvre deux grosses incisives projetées vers l’avant. Le labo de Gérard ressemble à un terrier de lumière rouge dans lequel s’accumulent les corps nus, jeunes et vieux que Gérard a réussi à capturer sur la plage.
J’aime ressembler au lapin tapi au fond de sa tanière. Ça me rapproche de la nature et des choses qui sont naturelles. Ces choses que j’enferme dans ma boite noire pour mieux les posséder.

(Françoise K.)

Ratonnade


À 7 h, comme tous les matins, Robert Dumlu court vers les poubelles et interpelle ses voisins. Pour lui, il est interdit de jeter de la nourriture. Il passe deux heures assis devant ce paysage au parfum pourrissant, tout en guettant les rats... et les éboueurs.

À 10 h, Bob alimente les rats du quartier avec des cubes spécialement créés pour ces soi-disant porteurs de la peste. « Oui, pour sûr, la peste va revenir » peste Bob en sueur.

À 11 h, l'anxieux Bob, aux allures de Serge lama se sent faiblir. « je suis malade » se dit-il. « ces foutus bestioles rampantes, probablement des immigrées clandestines, sont arrivées par le port pour nous massacrer sournoisement ! ». Il appelle son docteur et décrit ses symptômes, mais le toubib a d'autres chats à fouetter et ignore ce paranoïaque hypocondriaque.

À midi, M. Dumlu, désespéré, se défenestre ! Bing ! Boum, bada-boum ! Le vélo posé contre le mur de sa maison, juste en dessous de la fenêtre, reçoit ce grand corps, plutôt maigre, entre la selle et le guidon. « Heureusement qu'il habite au rez-de-chaussé ! Il m'aurait pété quelques rayons, sinon. » se dit la bicyclette qui est bien plus intellectuelle qu'on ne le suppose.
À cet instant, une douzaine de rats sautent des poubelles et dans cette fuite courageuse on entend Robert les insulter avec un langage imagé et haineux.

À 13 h, il regarde avec stupeur quelques insectes se faisant la course autour de son corps voûté et rougi. Les microbes, les virus peuvent se loger sur ses poils. Pour éviter tout risque, il s'épile de haut en bas et de droite à gauche. Il jette ensuite le tout dans la poubelle communautaire d'où sort un rat solitaire. Il le chasse avec une poêle, sans se rendre compte qu'il est à poil. Manqué, raté ! Les rongeurs lancent des rires narquois.

À 14 h, son réveil sonne. Il est tout déprimé et n'a pas la force de rappeler son médecin. Les rougeurs couvrent de plus en plus son corps. La peau est très irritée. Il découvre aussi une nouvelle ride lorsqu'il se pose devant son miroir. Il vieillit vite et les petites crottes des rongeurs le désespère. Cinq minutes plus tard, il découvre deux nouvelles rides sur son front et une autre entre ses fesses.

À 15 h, M. Robert Dumlu est allongé, nu comme un vers et rouge comme un bolchevique. On l'entend gémir :
« Je suis empesté !
Je suis seul et abandonné !
Je suis un roi déchu !
Je sue de la suie !
Je suis mais ne serais plus dans une heure !
Les doc sont des tueurs semblables aux rats !
Je suis mourant !
Je suis mou...
mmm... »

15 h 12, le raton bastonneur n'est plus.

(Rolland Pauzin)

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Elle

Le matin, elle arrive de son monde, elle cherche LE micro. On dirait d'elle, trois pots de fleurs superposés sur deux échasses en déséquilibre ou encore trois pneus de différentes dimensions plantés sur deux cannes. La tête posée sur le tout. Par pureté d'âme et aussi pour ne vexer personne, nous l’appellerons ELLE. Son activité principale est: « SANS » et son activité obsessionnelle est : « l'année prochaine »..
Elle n'aime pas bouger et n'accepte de le faire que pour installer son coin repos : boissons lunettes, bouquin, coussin, couverture. Elle a déjà planifié tout son agenda, elle ne le regarde qu'une fois le matin. De toute façon, elle ne programme qu'une activité par jour, Elle a besoin de repos.

(Christian Duvoy et Brigitte)


mardi 4 juin 2013

Atelier d'écriture de Gardanne: Petit bidon de Tarkos

Atelier d'écriture de Gardanne: Petit bidon de Tarkos: Cézanne - La femme à la cafetière Atelier du vendredi 24 mai 2013 Consigne : écrire un texte court ou poème d’après « Le petit ...

dimanche 2 juin 2013

Petit bidon de Tarkos

Cézanne - La femme à la cafetière

Atelier du vendredi 24 mai 2013

Consigne : écrire un texte court ou poème d’après « Le petit bidon » de Christophe Tarkos

Le banc public

Là, au ras du jardin public, il y a un banc. C’est un banc fait de bois et de fer forgé. C’est un banc. Il est public. Il est public, ça veut dire que n’importe qui peut s’asseoir dessus. N’importe qui peut s’asseoir ou même s’allonger. Ça peut être n’importe qui. Ça peut être une femme qui vient s’asseoir pour regarder jouer son enfant dans le jardin public, un jardin où n’importe qui peut venir jouer ou bien s’asseoir. Ça peut être un homme, fatigué d’avoir trop marché ou trop mendié, qui peut venir s’y allonger et s’y endormir. C’est un banc de bois un peu en creux pour que les fesses de n’importe qui puissent s’y caler ou que le dos de n’importe qui puisse s’y reposer. C’est un banc qui est en bois avec des supports en fer forgé pour soutenir le bois. C’est un banc qui est soutenu pour pouvoir à son tour, soutenir n’importe qui. C’est un banc qui est fixé sur le sol au ras du jardin public pour que n’importe qui ne puisse pas l’emporter et se l’approprier parce que c’est un banc public qui ne peut appartenir à n’importe qui parce que justement, il appartient à tous en général et à n’importe qui en particulier. C’est un banc qui est fixé là au ras du jardin et dans le bois duquel se sont imprégnées toutes les histoires. Celle de la femme qui vient s’y asseoir chaque jour pour regarder son enfant qui joue dans le jardin. Celle de l’homme qui, fatigué d’avoir trop marché et d’avoir trop mendié, vient s’y endormir chaque nuit. C’est un banc qui sait des histoires mais qui ne les raconte pas. C’est un banc qui garde les secrets, les rêves, les souffrances, les n’importe quoi de n’importe qui. C’est un banc, juste un banc, un simple banc public fixé là, au ras du jardin.
(Françoise K.)
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Le pot à crayons


Le pot à crayons contient aussi des stylos
Le pot à crayons contient mais on ne le tient pas
Le pot à crayons est triste, tout le monde travaille alors il est vide
Le pot à crayons remercie d'un toc quand on lui donne un crayon

Le pot à crayons a été créé pour la fête des pères, il est fier de ses origines
Le pot à crayons a peur de Maman qui n'aime pas les ramasse-poussières
Le pot à crayons a peur de la prochaine fête des pères
(Brigitte)

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La petite bouteille


Rouge est le bouchon de la petite bouteille
sur la table posée
de l'eau dedans, il y a
une étiquette dessus, il y a
de l'eau et de l'air dans la petite bouteille, il y a

Pour la boire le bouchon tu lèveras

Bois, bois, bois moins d'eau et plus d'air il y aura
sur la table la petite bouteille, tu pousseras
la petite bouteille est en plastique
oui, en plastique, elle est

Bois, bois, bois et l'eau tu ôteras
et plus d'air dedans il y aura
moins d'eau et plus d'air il y aura
La petite bouteille en plastique, en fer elle n'est pas

De l'au froide ou chaude, selon le temps, il y aura.
(Florent C.)
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Téléphone


Ce téléphone contient des mots. Ce téléphone contient un dictionnaire. Ce téléphone contient du chiffre. Ce téléphone contient beaucoup de chiffres. Ce téléphone contient des photos mais Ce téléphone contient aussi des vidéos et dans les vidéos il y a aussi des photos. Ce téléphone contient des phrases mais pas les mêmes phrases, des phrases dites par d'autres personnes qui s'adressent à ce téléphone qui téléphone aussi à d'autres téléphones qui, eux aussi, ont des mots de téléphone et des chiffres de téléphone mais pas dans le même ordre que ce téléphone, et pourtant ils se téléphonent entre eux et téléphonent à d'autres téléphones qui ont, eux aussi, des mots et des chiffres qui permettent d'appeler d'autres téléphones qui n'ont pas les mêmes chiffres, non plus, et même ce téléphone, s'il appelle en Chine il aura d'autres chiffres et d'autres noms de téléphone d'ailleurs, le téléphone : it's phone et téléfono, et en décrochant on parle au téléphone dans toutes les langues : allo, pronto, si, hello, da, cosichoa, habla etc. Le téléphone sonne, sonne, sonne, en il sonne différemment – au choix de chacun ? - «  C'est ton téléphone ? Non, c'est le tien ? Non alors c'est toi ? Non, alors c'est qui ? Je sais pas » Le téléphone « et si c'était la télé phone, alors là, n'importe quoi ! Allô, quoi ! T'as même pas le téléphone, t'es blonde du téléphone, retourne avec amel ben, euh, je veux dire chez Graham Bell.
(Christian Duvoy)
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Le morceau de sucre


Le morceau de sucre est rangé dans la tasse. Il est rangé à l'intérieur de la tasse. On ne met pas de grain de sucre partout parce qu'il est dans la tasse. Ce morceau de sucre est rangé. Il ne s’émiette pas. Il est rangé avec les autres morceaux, au fond, et il y a les autres morceaux, au fond, et il y a lui, qui est rangé dessus.
Du dessus il voit partout, le morceau, il voit la table où il n'y a pas de grains de sucre. La table est propre mais il y a des morceaux dessus, mais pas de sucre. Des morceaux de stylo, des morceaux d'eau, des morceaux de mains. Ce sucre est bien dessus la tasse. Il ne touche pas les autres morceaux. Il est au sec. Il n'aime pas l'eau le morceau de sucre. Il a horreur de l'eau. Il a vu un autre morceau trempé dans l'eau, depuis il préfère être au sec dans la tasse, le morceau de sucre.
On est bien dans la tasse.
Merci, la tasse.
(Zoeffine)

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La cafetière


La cafetière est droite.
Il faut souvent l'attendre.
Il faut souvent la tendre aussi, pourtant elle n'a rien de tendre mais se laisse faire.
La cafetière ne parle pas mais renvoie le reflet d'un regard de client en manque.
La cafetière a de l'allure. Elle ne porte pas de jupe.
La cafetière, habillé de bleu pour le bas et de vert pour le haut, toise son monde.
Un peu de fumée s'échappe d'elle.
La cafetière montre ses rondeurs comme les montres de clients plein de ronds.
La cafetière se tient droit. Elle est droite et ronde.
Quand la cafetière se penche elle fait gicler du jus, du bon jus, pas du jus de chaussette.
La cafetière est cool. Du noir coule d'elle.
Le vert et le bleu produisent du noir. La cafetière est d'un multicolore excitant.
Le noir a toujours excité l'homme blanc, à vrai dire il excite le monde multicolore.
La cafetière nous plaît quand elle est en chaleur.

Le cafetier, lui, est froid comme l'eau fraîche qu'il sert.
Ils ne sont pas bien mariés.
La cafetière reçoit trop d'attouchements et lui a la main sévère.

Le client préfère ce qui est chaud.
La cafetière est synonyme de tête et en tête à tête de tentation.
Ce qui entre dans la cafetière chauffe vite.
Ce qui sort de la cafetière c'est la vie.
Cela brûle les lèvres et fait chamader le cœur.
(Rolland Pauzin)

Référence : le texte de Tarkos -

On a un petit bidon, un bidon d’huile, sur la table, un petit bidon vide, un petit bidon normal, normalement, sur la table, avec du vide dedans. Il est fermé, mais il est vide
[...]
On a de la chance d’avoir un petit bidon, le petit bidon posé là sur la table.
Merci, le petit bidon. merci le petit bidon.

Écouter sur youtube :


dimanche 12 mai 2013

Haïku sur l'arbre

Haïku - mont Fuji et pin - Triptyque

Haïku sur l'arbre

Qu’est-ce qu’on est bien au soleil...
à l’ombre d’un pin !
Couleurs d’été

Ciel étoilé –
Cerf en rut brame dans la forêt dense
Jusqu’à l’aube.

Ciel d'été
illumine le pin -
Palette d'un peintre

Feuilles de confettis
habillent le pin -
Couleur d'été

Les étoiles chatoyantes
observent la vie nocturne,
tout en bas

Étoiles chatoyantes
éclairent la terre
et ses habitants

Pin dans la verte prairie
parsemée de fleurs -
Arc en ciel

(Pascale B.)
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Sur la route
Un bouquet d'arbres en fleurs
Tombées en automne

Cerisier l'été
souvent bien chargé -
Pies rassasiées

Fuite d'huile
Désert en été
Dakar raté

Arbre arraché -
Dans le jardin, l'été,
Rien pour s'abriter

Big-bang déclenché -
Pays emmêlés
Nuit à jamais

(Florent C.)
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Petits carrés volent
amortis par les tourbillons
dans le vert moussu

Tags multicolores
nouveaux et glacés amandiers
ciel presque pur

Tous cassés,
tous déchirés, tous emmêles -
épis de blé coupés

Ses fleurs presque blanches
comme celles du Judée
sont de riches grappes

Lourd et bien ancré
depuis toujours consulté
détient la vérité

Nuage de pollen
tronc et couleur ensemble
jamais ne redescendent

Accompagnant le peuple
jusqu'à la mort
dansent les papillons

Rond comme son fruit
aujourd'hui, couleurs de feu -
tout commence par lui

(Brigitte)
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Unique olivier
dans un grand champ de lavande -
Paix au ton violet

Palabres du peuple
autour du baobab rond -
Mille ans de sagesse

Arbre de palabres -
Hommes et singes dégustent
paroles et pains.

Pin, couleur orange -
Invasion de l'Eire verte
par un pinceau fou

Divisant la terre
l'ombre de l'if et l'oiseau -
Vol par la frontière

À la Pentecôte -
La procession de chenilles
vient bénir le pin

L'arbre de la vie
en bleu – Ciel ! Mais cette fresque
c'est la vie en rose ?

Un haïku-palindrome que j'appelle Haïku-kïah se lit dans les 2 sens : du début à la fin ou l'inverse 

Nez cornu de l'if -
Trêve - Du rude vert
file d'un roc zen

Rolland Pauzin

Les quatre éléments

Feu automnal - Triptyque

Atelier du 3 mai 2013 - pour la fresque

La pluie lourde tombe d'un robinet orageux,
les nuages s'amoncellent, le tonnerre gronde
un air humide s'installe, les reflets scintillent sur les vagues,
les gouttelettes se suspendent au bord du pétale.

La terre de mes ancêtres, au pied des miens,
se retrouvent enfoncée telle des racines,
le sole rageur abrite des traces d'herbes,
les vers creusent leurs tunnels et la nature renaît.

L'air jaillit d'une pelouse comme un javelot,
cette lance sifflante troue le ciel,
ce ciel si cher où reposent mes aïeux.

Éparpillant ses éclats aux couleurs chatoyantes
la saison automnale réchauffe notre cœur
comme une fleur naissante en l'absence d'un feu.

(Marie-Gabrielle, Julie, Pascale B, Brigitte, Zoeffine, Françoise K., Michel René Alix, Florent C, Rolland Pauzin)
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consigne : chaque participant écrit une ligne assez courte et passe son dernier mot au participant à sa gauche et ainsi de suite pour chaque strophe.
La première strophe se rapporte à l'eau, la deuxième à la terre, la troisième à l'air et la quatrième à l'absence du quatrième élément : le feu.
La structure du poème est celle d'un sonnet libre (sans rime et non-isométrique)