Gif Atelier


L'atelier d'écriture de Gardanne se déroule au siège de l'AAI, 35 Rue Borely, 13120 Gardanne
chaque vendredi de 14h à 16h.
Pour contacter l'AAI utiliser l'adresse e-mail : aai.esj@wanadoo.fr ) ou téléphoner au 0442515299

L'atelier d'écriture de la Méjanes d'Aix se déroule chaque jeudi de 10h à 12h à la Mareschale, 27 avenue de Tübingen 13090 Aix-en-Provence (TEL : 04.42.59.19.71 - e-mail Ecrits.Alaai@gmail.com ) et aussi le premier lundi du mois (même heure, même lieu).

L'animation ci -dessous représente l'aspect avant tout ludique de cet atelier gratuit ouvert à tous. Du rire et de la légèreté...

samedi 30 mars 2013

Edward Hopper


Atelier du 29 mars 2013 - Edward Hopper

Consigne : écrire des textes (poème, lettre, liste, récit, note etc) sur un des tableaux de Edward Hopper.

Summer evening, 1947 - Edward Hopper (soir d'été)

Summer evening, 1947. Edward Hopper


Un Couple discute sur le balcon de leur maison sur pilotis, c'est l 'été, la journée a été très chaude.
Sous ces latitudes la nuit tombe vite et là, les gens commencent à sortir, à bouger.
Le jour on se croirait dans une ville morte, même les chats et les chiens ne s'aventurent pas dehors, mais là, le couple parle de se qu 'ils vont faire ce soir. « Si on allait au resto » propose la jeune femme qui n'a pas envie de faire la cuisine.
« Pourquoi pas » réponds l'homme qui lui n'a pas envie de rentrer dans un discours trop long, surtout qu'on est le début du mois et qu 'il a reçu une prime exceptionnelle.

Mais en attendant que faire il est 19 h et par habitude les restaurants commencent assez tard, plus ou moins 21 h (à la fraîche comme on dit).
Deux heures à tuer ! Que faire ? Soudain l'homme dit « si on allait prendre l'apéro chez les Kraswich ? On les invitera à dîner avec nous au resto, la dernière fois c 'est eux qui nous avaient invité ça fera d 'une pierre deux coups, non?
« Bonne idée, j'en profiterai pour mettre la petite robe que tu aimes tant » fait-elle avec un clin d'œil complice.
« Très bien, autant en profiter maintenant, parce que en rentrant en France on n'aura plus l'occasion de vivre à un tel niveau ! » C ' est quand même bien l'Indochine, non ?
C'est vrai que la région est spéciale, pendant la mousson on se croit en pleine mer tellement il y a d 'eau, il pleut pendant 3 ou 4 jours sans arrêt et là, il fait chaud et humide...
(Christian DUVOY)

LA LETTRE : Le couple discute sur le balcon, il lui fait des reproches .

"Dis donc j 'ai reçu une lettre de rappel de l'EDF ! Ils me disent que je n 'ai pas payé les deux derniers mois, pourtant je t'avais donné de l 'argent et tu m'as dis que tu étais allée à l 'agence à Vientiane pour régler, c 'est ça, non ?
Elle : « oui oui, j'y suis allée, j 'ai payé. »
Lui, en colère : « Bon, alors va chercher le reçu et donne le moi je vais leur faire une lettre de réclamations. »
Elle, gênée : « Ben c 'est à dire, euh, je l 'ai perdu, je ne sais plus où il est. »
Lui, exaspéré : « Décidément t'es vraiment la reine, toi, quand tu t 'y mets ! Comment je vais prouver que ça a été payé maintenant ?
Elle, en pleurnichant : « La vérité c'est que, avec l 'argent, j 'ai acheté la petite robe qu'on avait vue ensemble et même que tu m'avais dit que tu me verrais bien dedans, alors j 'ai voulu te faire plaisir ! J 'ai bien fais, non ?
Lui, colère contenue : « Dac, mais viens on va rentrer, tu vas la retirer, car là il va falloir te faire pardonner mais alors beaucoup... beaucoup... »
(Christian DUVOY)

LES PENSEES.

Elle : Putain qu'est ce que je m'emmerde dans ce bled paumé et l'autre connard qui me mate comme si j'étais un jambon.
Lui : Elle est quand même bien roulée la nana de mon frère, je suis sûr que si j 'insiste un peu je pourrais me la faire.
Elle : Mais y va pas arrêter ce con, quelle idée j 'ai eu aussi de dire que j'avais chaud et que j'allais prendre l'air.
Lui : Je suis sûr que c'est une excuse quand elle m'a dit qu'elle avait chaud, j'ai vu son regard, elle a baissé les yeux vers ma braguette.
Elle : Plus je le regarde, plus je me dis que j'ai eu de la chance de prendre son frère, quand je pense que ma mère voulait que je sorte avec lui à cause de sa situation, qu'il avait plus d'avenir etc. Non mais, tu as vu cette tête de demeuré ?
Lui : J'aurais dû insister. Quand on l'a rencontrée avec mon frère, cet abruti me dit « on fait ça à pile ou face, celui qui gagne la drague ! » et bien sûr, j'ai perdu ! Mais là, je prendrais bien ma revanche, ça commence à me démanger dans le sous-bassement.
Elle : Bon, ça commence à bien faire maintenant en plus il n'a aucune conversation ce con. Lui, à part le cul, il ne connaît rien, enfin ça me ferait une comparaison avec son frère mais il a tellement une grande gueule qu'il serait capable de s'en vanter ! Allez, je me casse.
Lui : Et merde, encore raté. Si ça continue au rythme où on se voit, la prochaine fois elle sera grand-mère ! J 'aurais dû attaquer, quitte à me prendre une baffe, après tout j 'ai l'habitude !!!Je vais rentrer derrière elle, comme ça je pourrai mater son cul ! Putain quel cul.
(Christian DUVOY)

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Automat - Chaine de restaurant - Edward Hopper - 1927

Automat, 1927 - Edward Hopper



Le vide de la chaise qui s'oppose à moi me fait baisser les yeux comme mon chapeau jaune, timide et triste.
Croiser les jambes rougies par la honte de la solitude ne m'apporte pas de confort ni de solution. Je reste dévastée par cette dernière lettre si refroidissante. Elle tourne en boucle dans ma petite tête.

Liz, ma chérie,

Le cours de la vie n'est pas un fleuve tranquille, même si ce calme cheminement que nous parcourions main dans la main quand nos dents croqueuses mordillaient nos lèvres sulfureuses et nos désirs culbutaient d'autre désirs, nous a paru comme un beau voyage de bienheureux...
J'aimerais t'expliquer que tout cours d'eau rencontre d'autres rivières argentées et brillantes et qu'une cascade change tout. Et j'ai rencontré cette cascade...
Mais l'important n'est que la conclusion de cette chute puisqu'une autre rivière, argentée elle aussi, est repartie avec moi dans une autre direction. Je ne peux m'écarteler et je dois te laisser.
Désolé pour la brutalité de ce message mais surtout, ne te noies pas.

Signé : John, qui t'a aimée.

Le café que je tiens fébrilement va couler en moi comme un cours d'eau abandonné. Son goût de tourbe me fait peur. Je le regarde et mon bras n'a pas la force pour le porter à mes lèvres fermées et plus rouges que le sang. Source de silence.

Instant immobile,
radiateurs froids,
coupe sanguine,
murs droits et moralistes,
néons au jaune cocu
vous prenez si peu de place sur ce fond plus sombre que la nuit, plus noir qu'un trou final aspirant la vie que j'ai besoin de vous interpeller :

écoutez-moi
ombre de l'absence,
table plate comme la tombe,
table ronde et bleue comme l'espoir évanoui
chaise immobile et rangée
chaise trouée par un revolver new-yorkais
chaise vide et à jamais silencieuse
écoutez-moi
je n'ai plus rien à dire ou à vivre.

Ce poème trahit mon mal-être
et seules mes jambes blanches et frileuses s'opposent à la droiture de la froideur de cette grande salle.
Enfin, elles s'inclinent légèrement
et je décline l'absence d'avenir
et l'avenir dans l'absence.

Un artiste à la tenue austère et carrée m'a vue et m'a peint comme si je n'étais pas là.
Mon fantôme l'a vu, lui aussi, dans la propreté du vide reflété par ce marbre horizontal d'un hôtel glacial.

(Rolland Pauzin)


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Chop Suey - Edward Hopper - 1929

Gravure


Le silence est lourd, il fallait qu'elles se rencontrent.
Elles ont un litige à régler.
La quelle commencera à parler ?
Celle qui a demandé la rencontre, elle a un besoin impérieux d'exprimer tant de choses accumulées depuis si longtemps !
Elles commandent un thé, sans même s'en rendre compte.
L'esprit est déjà au dialogue.
Elsa commence, les mots sont bas, hésitants, lents, timides comme interdits, pleins de poussière.
Peu à peu, le rythme accélère.
Claudia esquisse une réponse mais Elsa n'arrive plus à arrêter, elle recherche l'apaisement de la chose enfin évacuée.
Claudia patiente, quand elle sent Elsa enfin calmée, à son tour, elle s'épanche.
L’abcès est crevé.

On parle de la pluie, du beau temps, des enfants, du mari, du boulot mais plus jamais on ne reparlera du reste.
On se quitte en promettant de se revoir, on n'y croit qu'à moitié.
Peu importe, tout est dit.

Toc toc toc

Il pleut monotomnement
Elles ne sont pas seules
Elles parlent monotomnement
L'important c'est de n'être pas seule.

(Brigitte)



Tableaux :
Summer evening, 1947 - Edward Hopper (soir d'été)
Automat - 1927 -  Edward Hopper (chaîne de restaurants)
Chop Suey  - 1929 - Edward Hopper

lundi 25 mars 2013

Carré lescurien

René Magritte - Homme à la plage - 1927



Atelier du 22 mars 2013 - Carré lescurien


La marche trompe la piste rose
et Rose marche sur la piste.
La piste trompe la marche rose.

Marche ! Trompe ! Piste la rose
et piste la Rose qui se trompe de marche
La Rose se trompe, la piste est en marche

En marche Rose, te trompe pas de piste !
(Christian Duvoy)

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Coupe la planche ! Sombre orange,
La sombre planche orange se coupe
et coupe la sombre orange sur la planche.

Planche, sur la coupe sombre de l'orange !
(Florent C)

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Le vaisseau vogue et coupe la vague.
Une coupe de vaisseau vague mais en vogue
vogue sur la vague puis un vaisseau dans une coupe
vague se coupe et vogue tel un vaisseau.

(Rolland Pauzin) – Dans ce carré lescurien si l'on retire les mots de liaison un obtient un palindrome utilisant les 4 mots en question

vaisseau vogue coupe vague / coupe vaisseau vague vogue
vogue vague vaisseau coupe / vague coupe vogue vaisseau. consigne 1 avec tendre vogue vague pointu

Le pointu vogue sur la vague tendre
Ah ! Vogue tendre pointu si vague
La vogue du pointu ne va tendre sur la vague
le vague tendre qui vogue sur son pointu
(Rolland Pauzin)

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Carré lescurien avec les mots : planche porte coupe bouche
en créant les 24 permutations possibles :

La planche porte la coupe vers la bouche
Ta planche coupe ma porte et ma bouche
La planche bouche ou coupe la porte
La planche de la porte bouche et coupe
La planche plus qu'une coupe bouche la porte
Planche bouche, qui porte ta coupe ?

Porte cette planche comme une coupe à ta bouche
La porte ou la planche sur ta bouche coupe
Porte la coupe d'une planche à ta bouche
Qui porte haut une coupe, bouche tout avec une planche
Un porte-bouche planche sur cette coupe
Porte à ta bouche la coupe et planche !

Coupe la planche puis bouche la porte
La coupe sur cette planche se porte vers ta bouche
Coupe-bouche ou planche de porte ?
Coupe cette bouche et porte la planche
La coupe se porte, la planche bouche
Coupe la porte et bouche-la avec la planche

Bouche la porte puisqu'on coupe une planche
Bouche la porte avec cette planche qui se coupe
Bouche cette coupe et porte cette planche
Bouche ou coupe la porte et la planche
Bouche la planche ou coupe la porte
Bouche cette planche et porte-moi cette coupe

(Rolland Pauzin)


Exemple utiliser les 4 mots suivants dans une phrase et les retourner tant qu'on peut :
vague vogue planche blanche

La planche blanche vogue sur la vague
La Blanche planche sur cette vogue de le vague
et de la planche qui vogue sur la vague blanche.
Ah, vogue de la vague planche blanche !
(Rolland Pauzin)

CONSIGNE :
Écrire un poème fait de 4 mots que l'on va retourner dans tous les sens possible.

On nomme cela un poème carré ou le carré lescurien créé par Jean Lescure

exemples :
À foule qui se ferme sable sombre
Au sable ferme la foule sombre
Sombre, ferme, foule le sable
Foule ferme où sombre du sable

Jean Lescure ("Poèmes carrés", dans le recueil "Drailles" - éditions Gallimard, 1968)

Feuille de rose porte d'ombre
Ombre de feuille porte rose
Feuille, porte l'ombre d'une rose
Feuille rose à l'ombre d'une porte
Toute rose ombre une porte de feuille

Jean Lescure ("Poèmes carrés", dans le recueil "Drailles" - éditions Gallimard, 1968)

Définition
Le carré lescurien utilise quatre mots permutant entre eux.

Rien n’est plus facile que d’interchanger les beaux adjectifs.
Rien n’est plus beau que d’interchanger les faciles adjectifs.

Avec les substantifs déjà la difficulté se fait plus étrange.
Avec la difficulté déjà le substantif se fait plus étrange ».
Ces phrases de Jean Lescure définissent la permutation en la pratiquant.

Pour se faciliter la tâche :
Il faut prendre des mots qui peuvent être à la fois un verbe conjugué et un nom commun ou un adjectif cela facilite les permutations.
Voir : porte coupe bouche branche colle chine prime montre vogue planche foule sombre joue ferme orange (adjectif, nom)

Tableau : René Magritte - Homme à la plage - 1927

vendredi 22 mars 2013

autobiographie d'un objet

Edvard Munch - Aunt Karen in the rocking-chair-1883



Atelier du 22 mars 2013 - autobiographie d'un objet

Consigne 2 : écrire un texte du point de vue d'un objet qu'on ne dévoilera qu'à la fin. C'est l'objet qui parle de lui à la première personne du singulier.

Je me souviens d’elle, alors que toute petite elle s’endormait entre mes bras. Je l’ai vu grandir, j’ai consolé son premier chagrin en la berçant doucement. J’ai déclenché ses fous rires lorsqu’elle et moi nous laissions emporter dans une danse folle.
Un jour merveilleux, elle est devenue mère et je les ai doucement portés elle et son enfant.
Puis elle a vieilli. Elle a aimé se réfugier contre moi pour rêver et se souvenir d’autrefois.
Un triste soir, elle s’est endormie dans mes bras. Définitivement.
Elle a quitté la maison et ceux qui l’ont remplacé ne m’ont pas trouvé beau. Moi aussi, j’étais devenu vieux. Mes articulations grinçaient si fort et mon dos était si déformé par le poids des ans et des corps.
Eux n’avaient pas d’histoire avec moi, pas de souvenirs, pas d’affection. Alors ils ont décidé de se débarrasser de moi. Ils m’ont installé à l’arrière de leur voiture, m’ont conduit dans un coin de campagne sale et m’ont abandonné sur un tas de détritus.
Quelquefois quelqu’un vient. Il m’observe, m’évalue, se demande s’il peut encore faire quelque chose de moi et puis finalement me laisse. Il parait que je suis trop démodé.
Qui voudrait encore d’un vieux fauteuil à bascule ?
(Françoise K.)

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Je sens trois doigts qui me soulèvent et me presse. Est-ce que je sue trop. Est-ce que je saigne ? En tout cas je me vide. Personne ne m'a rien demandé, comme d'habitude et me voilà qui suis forcé de travailler et de suer sang et eaux. Du moins c'est ainsi que je le ressens. Si au moins ces doigts avaient la douceur d'une princesse mais non ! Ils sont rugueux, vieillis, durs... et me traitent comme un esclave. Parfois ils me jettent d'un geste brusque et énervé sur cette belle table en chêne et je m'attends à ce qu'un nouveau viol se produise alors que je ne suis qu'abandonné. Je me sens blessé, du moins plus moralement que physiquement car je sais roule-bouler comme un champion. Il m'a fallu un certain temps pour m'habituer à cette situation, moi qui ai vécu longtemps avec mes frères dans un petit espace calme et reposant. Nous avions des formes très semblables. On aurait pu croire que nous étions des jumeaux mais nos couleurs si variées trahissaient nos naissances. Nous venions bien de la même matrice mais en des temps et des lits différents.
Et dire que l'on m'a baptisé de ce nom court faisant penser aux chèvres : Bic.
Ah! Que la vie du stylo d'un vieil acariâtre est dure !
(Rolland Pauzin)

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Exemple : un poème de Jacques Réda que j'ai légèrement modifié (voir en gras) pour que l'objet soit caché et ne se révèle vraiment qu'au dernier vers. (cet exemple n'utilise pas le je qu'il faudra utiliser)

Retour au calme


Passant dans la rue un dimanche à six heures, soudain,
Au bout d’un corridor fermé de vitres en losange,
On voit un torrent de soleil qui roule entre des branches
Et se pulvérise à travers les feuilles d’un jardin,
Avec des éclats palpitants au milieu du pavage
Et des gouttes d’or — en suspens aux rayons d’un cadeau.
C’est un grand objet noir, de proportions parfaites,
Qui touche à peine au mur. Il a la grâce d’une bête
En éveil dans sa fixité calme : c’est un oiseau.
La rue est vide. Le jardin continue en silence
De déverser à flots ce feu vert et doré qui danse
Pieds nus, à petits pas légers sur le froid du carreau.
Parfois un chien aboie ainsi qu’aux abords d’un village.
On pense à des murs écroulés, à des bois, des étangs.
L'amie porteuse vibre alors, on dirait qu’elle entend.
Et voudrait-on s’en emparer, puisque rien ne l’entrave,
On devine qu’avant d’avoir effleuré son giron
Éblouissant, on la verrait s’enlever d’un seul bond
À travers le vitrage à demi noyé qui chancelle,
Et lancer dans le feu du soir les grappes d’étincelles
Qui font des roues de mon vélo deux astres en fusion.

Tableau : Edvard Munch - Aunt Karen in the rocking-chair-1883

lundi 18 mars 2013

cut-up d'un trésor d'Espagne


Atelier du 22 février 2013

Camille Pissarro - Le linge et l'étendoir

Cut up



Consigne : Utiliser la méthode du cut up pour écrire un nouveau texte à partir d'un chapitre du Trésor de la guerre d'Espagne de Serge Pey. On prendra 20 lignes de ce texte au hasard et on les ordonnera différemment. Bien sûr ces lignes extraites ne devront pas se suivre dans le texte original et devront même être assez distantes les unes des autres.
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Ce matin, ma mère semblait chanter pour un dieu, des phrases que le ciel liait comme les points de ponctuation d'une grammaire de silence.

On cherchait le feu, le grand fagot du soleil, un feu à l'autre bout du champ.

Sans danger, si elle laissait une paire de pantalons, les pantalons sur le fil, avec nos draps et nos chemises, les draps posés à même l'herbe.La cabane aussi brûlerai.

Elle attendait toujours dans sa cabane, un companero.

Ma mère avait sorti les fleurs comme pour célébrer la fin de cette attente.

Comment comprendre qu'elle attendait parfois le camion bleu de la gendarmerie, c'est le docteur qui l'avait mal renseigné.

Ma mère sortant les fleurs, je compris sa précipitation quand je vis, encore jamais employés ainsi, avec la bouche et avec les mains, tous ses mots à elle, les vêtements, en train de brûler et avec toute sa raison.

(Brigitte)

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Mère liberté


      C'était son métier. Elle avait des épingles plein la
file de camions bleus de la gendarmerie.

      Quand je passais le seuil de la porte, ma mère me
lisait la terre car les empreintes étaient des écritures
sans danger. Si elle laissait une paire de pantalons
dans leurs camions, leurs amis, de l'autre coté
ne comprenaient pas. La guerre civile n'était pas encore finie,
oiseau. Ma mère en sortant les fleurs, à l'abri dans le
soleil, était de retour. Ce soleil qui disparaissait parfois
déversait des dizaines de gardes mobiles armés de
secrets. Mais ce matin, alors que je prenais mon
cailloux comme les points de ponctuation d'une
jupe de ma sœur (Attention, personnages suspects !)
comment comprendre qu'elle étendait parfois le...
le droit de manifester que le passage était libre et
unique où elle vit. Car il faut toujours guetter pour
la route. Et aux feux inconnus des bergers,
j'étais fier. J'étais devenu une conjugaison presque
nue.
       Le camion sur la route, juste derrière la grange,
se souvient, chaque matin, d'un temps où la liberté
l'avait couché sur l'herbe puis était partie l'allumer.

(Rolland Pauzin)

Berthe Morisot1875 - L étendage de- la lessive


Référence :  

- texte original utilisé dans cet exercice lu par l'auteur, Serge Pey : Le linge et l'étendoir du Trésor d'Espagne.



Tableau : Camille Pissarro - Le linge et l'étendoir et Berthe Morisot 1875 - L étendage de- la lessive


vendredi 8 mars 2013

Voyage d'Ulysse

Atelier 8 mars 2013 Écrire un voyage partant d'un port méditerranéen français et allant à un autre port de la méditerranée (destination). Ce voyage fait escale deux fois dans le même port une fois à l'aller et une fois au retour Ce n'est pas un voyage touristique mais soit un voyage d'affaire (vente/achats etc. ) soit pour combattre ou autre raison politique etc. donc 5 paragraphes dans les ports A B C B A Les premiers mots (3) de la première phrase du paragraphe 1 formeront en sens inverse les derniers mots du 5e paragraphe. Exemple Dieu crée l'homme sage.... ... l'homme sage crée Dieu. de même les premiers mots du paragraphe II dans le port B seront inversés pour former la dernière phrase du paragraphe 4 (même port) Exemple : Le soir sait rougir de honte... ... La honte sait rougir le soir Et pour le port de destination C la première phrase sera aussi inversée pour former la dernière phrase du paragraphe (III) : exemple Un chien mange un homme... L'homme mange du chien. On n'écrira pas (ou très peu) le voyage en mer mais simplement ce qui se passe dans les escales, départs arrivées dans les ports. Exemple de villes : Marseille, Gênes, Rome Venise, Athènes, Istanbul, Beyrouth, Alexandrie, La valette (Malte), Tunis, Alger Oran ... Ce sera le seul exercice donc lisez des pages de livres pour avoir une histoire au moins légèrement historique. Évènements : prise d'Alger 1826?, La peste à Marseille 1720?, Rapatriement à l'indépendance de l'Algérie 1962. S'inspirer peut être du voyage d'Ulysse... de la visite au J1...

lundi 4 mars 2013

scène fantastique en gare

Claude Monet - Gare Saint Lazare.


Atelier du premier mars 2013

Consigne : Décrire une scène fantastique dans une gare

Gare de Bordeaux



Sur le quai sombre, la gare de Bordeaux est cachée par le train à l’arrêt

Ça sent la clope, on voit leurs points rouges. Il fait un peu frais, il y a peu de bruit, juste une rare annonce de temps en temps. Le bruit des pas sur le quai. L'intérieur du train est éclairé, toutes ses portes sont ouvertes.
Ça fait longtemps maintenant que tout est ainsi.
Le train s'ébranle tout à coup, la foule monte précipitamment, chacun reprend sa place, plein d'espoir.
Plus rien, le train s'immobilise à nouveau!
On n'ose pas descendre, on se regarde, on attend. Au bout de dix minutes, les plus découragés redescendent.
Fausse joie, on est encore là. Peut-être qu'on nous a oublié sur une voie de garage!
J'appelle Laurent pour avoir des nouvelles sur les mouvements de grève, d'autres écoutent la radio.
Nous en sommes à compter combien il nous reste de clopes en attendant un hypothétique redémarrage.
Quelqu'un osera-t-il s'éloigner du train pour en acheter, au risque qu'il reparte sans lui ? Personne n'ose.

Bon, on se rationne. Est-ce que le tissus des sièges du train, ça se fume? Dans l'état où il sont, ça se verra a peine!
J'en arrache un morceau, le roule, l'allume,tout prend feu et je me brûle les cheveux! Bon raté...
Je pourrais essayer le papier toilette du train avec un peu d'herbe du bas coté, ça ne s'allume pas, l'herbe est trop humide.Une page de mon agenda, ça brûle aussi!
Un homme en uniforme vient vers moi, m’entraîne de force vers la gare et me voilà encadrée de deux policiers! Je suis accusée d'avoir voulu mettre le feu au train.

Ce sont des non-fumeurs, et veulent m’emmener au commissariat. Comble de malheur, en plus, le train repart sans moi!!! Je suis maudite.

Non, je positive. Demain je visiterai Bordeaux.

(Brigitte)
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En perdre le Nord



Paris. Gare du nord. Train spécial, direction Lille.
Attente dans une salle aux murs remplies de photos de sportifs assez originales. Quelques reproductions des tableaux de Jean-Pierre Rives. Surprenant, il n'y a pas de sang qui coule de ces visages rugueux ou blonds et pourtant l'atmosphère de bataille sauvage est bien présente.
Très peu de bruit. Une ambiance plutôt snob. Des manteaux de fourrures, des sacs signés par les grands chantres de la mode actuelle se croisent.
Puis des tricots tricolores et des bières entrent et sortent. Le ton monte. Des rires commencent à s'élever. La chaleur aussi. Décalage entre cette nouvelle vague à l'air plutôt macho et l'ambiance sélecte d'il y a quelques minutes.

Stress. Tension. Il n'y a qu'un train. Il ne faut pas le rater. Les vitres embuées ne permettent de voir la locomotive de l'intérieur de la salle d'attente. L'horloge ne semble pas donner l'heure exacte. Les aiguilles tournent très lentement.
Un ricanement moqueur brise ce nouveau silence. Il est suivi par un bris de bouteille et des bruits de verre. Une vague de têtes se polarise vers ce coin devenu bruyant. L'horloge, probablement choquée, s'arrête. Elle était près de la mort. Elle a franchi ce mur sans retour.

Une gamine se serre contre la jupe de sa mère. Le petit frère reste bouche bée. L'horloge sort ses deux gros yeux noirs qui permettent normalement de la remonter avec une vieille clef tandis que le gros supporter du Stade français prend la bouteille cassée et se précipite vers le chef de gare.
Il est vrai que ce train spécial a du retard. Il sera très difficile d'arriver à l'heure pour voir ce grand match de rugby contre le Munster. Ça sent mauvais, tout ça !

Le petit garçon crie : « maman ! Maman ! Le gros bouffi va le tuer ce chef de gare ! On va rater le match si le train ne peut pas partir. Effectivement, l’éméché rondouillard brandit la bouteille cassée vers la nuque du représentant de la SNCF. La fillette pleure. La mère bande ses yeux avec ses mains aux brillants bijoux. Les spectateurs de ce début de combat injuste retiennent leur souffle puis comme si tout se figeait, l'horloge étend son bras des secondes pour retenir celui de ce presque meurtrier. Cette ressuscitée de l'exact timing réussit à le désarmer.

Le chef de gare s'empresse d'appeler les voyageurs. Satisfait, il siffle un grand coup. Le train s'en va, quelques passagers surpris courent pour sauter à temps dans ces wagons.

L'énergumène au bras retenu par la Déesse du Temps, comme un verre de glace, se casse.

Trop tard ! Le spectateur béat que je suis a raté le train.
Quelle poisse !

(Rolland Pauzin)  

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Texte de référence :
HENRI MICHAUX

UN CERTAIN PLUME


I - UN HOMME PAISIBLE

Étendant les mains hors du lit, Plume fut étonné de ne pas rencontrer le mur : « Tiens, pensa-t-il, les fourmis l’auront mangé… » et il se rendormit.Peu après, sa femme l’attrapa et le secoua : « Regarde, dit-elle, fainéant ! Pendant que tu étais occupé à dormir, on nous a volé notre maison. » En effet, un ciel intact s’étendait de tous côtés. « Bah, la chose este faite », pensa-t-il.Peu après, un bruit de fit entendre. C’était un train qui arrivait sur eux à toute allure. « De l’air pressé qu’il a, pensa-t-il, il arrivera sûrement avant nous » et il se rendormit. Ensuite, le froid le réveilla. Il était tout trempé de sang. Quelques morceaux de sa femme gisaient près de lui. « Avec le sang, pensa-t-il, surgissent toujours quantité de désagréments ; si ce train pouvait n’être pas passé, j’en serais fort heureux. Mais puisqu’il est déjà passé… » et il se rendormit.- Voyons, disait le juge, comment expliquez-vous que votre femme se soit blessée au point qu’on l’ait trouvée partagée en huit morceaux, sans que vous, qui étiez à côté, ayez pu faire un geste pour l’en empêcher, sans même vous en être aperçu. Voilà le mystère. Toute l’affaire est là-dedans.- Sur ce chemin, je ne peux pas l’aider, pensa Plume, et il se rendormit.- L’exécution aura lieu demain. Accusé, avez-vous quelque chose à ajouter ?- Excusez-moi, dit-il, je n’ai pas suivi l’affaire. Et il se rendormit.

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Tableau : Claude Monet - Gare Saint Lazare.