Cézanne - La femme à la cafetière |
Atelier du
vendredi 24 mai 2013
Consigne : écrire un texte
court ou poème d’après « Le petit bidon » de
Christophe Tarkos
Le banc public
Là, au ras du jardin public, il y a un
banc. C’est un banc fait de bois et de fer forgé. C’est un banc.
Il est public. Il est public, ça veut dire que n’importe qui peut
s’asseoir dessus. N’importe qui peut s’asseoir ou même
s’allonger. Ça peut être n’importe qui. Ça peut être une
femme qui vient s’asseoir pour regarder jouer son enfant dans le
jardin public, un jardin où n’importe qui peut venir jouer ou bien
s’asseoir. Ça peut être un homme, fatigué d’avoir trop marché
ou trop mendié, qui peut venir s’y allonger et s’y endormir.
C’est un banc de bois un peu en creux pour que les fesses de
n’importe qui puissent s’y caler ou que le dos de n’importe qui
puisse s’y reposer. C’est un banc qui est en bois avec des
supports en fer forgé pour soutenir le bois. C’est un banc qui est
soutenu pour pouvoir à son tour, soutenir n’importe qui. C’est
un banc qui est fixé sur le sol au ras du jardin public pour que
n’importe qui ne puisse pas l’emporter et se l’approprier parce
que c’est un banc public qui ne peut appartenir à n’importe qui
parce que justement, il appartient à tous en général et à
n’importe qui en particulier. C’est un banc qui est fixé là au
ras du jardin et dans le bois duquel se sont imprégnées toutes les
histoires. Celle de la femme qui vient s’y asseoir chaque jour pour
regarder son enfant qui joue dans le jardin. Celle de l’homme qui,
fatigué d’avoir trop marché et d’avoir trop mendié, vient s’y
endormir chaque nuit. C’est un banc qui sait des histoires mais qui
ne les raconte pas. C’est un banc qui garde les secrets, les rêves,
les souffrances, les n’importe quoi de n’importe qui. C’est un
banc, juste un banc, un simple banc public fixé là, au ras du
jardin.
(Françoise K.)
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Le pot à crayons
Le pot à crayons contient aussi des
stylos
Le pot à crayons contient mais on ne
le tient pas
Le pot à crayons est triste, tout le
monde travaille alors il est vide
Le pot à crayons remercie d'un toc
quand on lui donne un crayon
Le pot à crayons a été créé pour
la fête des pères, il est fier de ses origines
Le pot à crayons a peur de Maman qui
n'aime pas les ramasse-poussières
Le pot à crayons a peur de la
prochaine fête des pères
(Brigitte)
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La petite bouteille
Rouge est le bouchon de la petite
bouteille
sur la table posée
de l'eau dedans, il y a
une étiquette dessus, il y a
de l'eau et de l'air dans la petite
bouteille, il y a
Pour la boire le bouchon tu lèveras
Bois, bois, bois moins d'eau et plus
d'air il y aura
sur la table la petite bouteille, tu
pousseras
la petite bouteille est en plastique
oui, en plastique, elle est
Bois, bois, bois et l'eau tu ôteras
et plus d'air dedans il y aura
moins d'eau et plus d'air il y aura
La petite bouteille en plastique, en
fer elle n'est pas
De l'au froide ou chaude, selon le
temps, il y aura.
(Florent C.)
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Téléphone
Ce téléphone contient des mots.
Ce téléphone contient un dictionnaire. Ce téléphone contient du
chiffre. Ce téléphone contient beaucoup de chiffres. Ce téléphone
contient des photos mais Ce téléphone contient aussi des vidéos et
dans les vidéos il y a aussi des photos. Ce téléphone contient
des phrases mais pas les mêmes phrases, des phrases dites par
d'autres personnes qui s'adressent à ce téléphone qui téléphone
aussi à d'autres téléphones qui, eux aussi, ont des mots de
téléphone et des chiffres de téléphone mais pas dans le même
ordre que ce téléphone, et pourtant ils se téléphonent entre eux
et téléphonent à d'autres téléphones qui ont, eux aussi, des
mots et des chiffres qui permettent d'appeler d'autres téléphones
qui n'ont pas les mêmes chiffres, non plus, et même ce téléphone,
s'il appelle en Chine il aura d'autres chiffres et d'autres noms de
téléphone d'ailleurs, le téléphone : it's phone et
téléfono, et en décrochant on parle au téléphone dans
toutes les langues : allo, pronto, si, hello, da, cosichoa,
habla etc. Le téléphone sonne, sonne, sonne, en il sonne
différemment – au choix de chacun ? - « C'est ton
téléphone ? Non, c'est le tien ? Non alors c'est toi ?
Non, alors c'est qui ? Je sais pas » Le téléphone « et
si c'était la télé phone, alors là, n'importe quoi ! Allô,
quoi ! T'as même pas le téléphone, t'es blonde du téléphone,
retourne avec amel ben, euh, je veux dire chez Graham Bell.
(Christian Duvoy)
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Le morceau de sucre
Le morceau de sucre est rangé
dans la tasse. Il est rangé à l'intérieur de la tasse. On ne met
pas de grain de sucre partout parce qu'il est dans la tasse. Ce
morceau de sucre est rangé. Il ne s’émiette pas. Il est rangé
avec les autres morceaux, au fond, et il y a les autres morceaux, au
fond, et il y a lui, qui est rangé dessus.
Du dessus il voit partout, le
morceau, il voit la table où il n'y a pas de grains de sucre. La
table est propre mais il y a des morceaux dessus, mais pas de sucre.
Des morceaux de stylo, des morceaux d'eau, des morceaux de mains. Ce
sucre est bien dessus la tasse. Il ne touche pas les autres morceaux.
Il est au sec. Il n'aime pas l'eau le morceau de sucre. Il a horreur
de l'eau. Il a vu un autre morceau trempé dans l'eau, depuis il
préfère être au sec dans la tasse, le morceau de sucre.
On est bien dans la tasse.
Merci, la tasse.
(Zoeffine)
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La cafetière
La cafetière est droite.
Il faut souvent l'attendre.
Il faut souvent la tendre aussi,
pourtant elle n'a rien de tendre mais se laisse faire.
La cafetière ne parle pas mais renvoie
le reflet d'un regard de client en manque.
La cafetière a de l'allure. Elle ne
porte pas de jupe.
La cafetière, habillé de bleu pour
le bas et de vert pour le haut, toise son monde.
Un peu de fumée s'échappe d'elle.
La cafetière montre ses rondeurs comme
les montres de clients plein de ronds.
La cafetière se tient droit. Elle est
droite et ronde.
Quand la cafetière se penche elle fait
gicler du jus, du bon jus, pas du jus de chaussette.
La cafetière est cool. Du noir coule
d'elle.
Le vert et le bleu produisent du noir.
La cafetière est d'un multicolore excitant.
Le noir a toujours excité l'homme
blanc, à vrai dire il excite le monde multicolore.
La cafetière nous plaît quand elle
est en chaleur.
Le cafetier, lui, est froid comme l'eau
fraîche qu'il sert.
Ils ne sont pas bien mariés.
La cafetière reçoit trop
d'attouchements et lui a la main sévère.
Le client préfère ce qui est chaud.
La cafetière est synonyme de tête et
en tête à tête de tentation.
Ce qui entre dans la cafetière chauffe
vite.
Ce qui sort de la cafetière c'est la
vie.
Cela brûle les lèvres et fait
chamader le cœur.
(Rolland Pauzin)
Référence : le texte de Tarkos -
On a un petit bidon, un bidon d’huile,
sur la table, un petit bidon vide, un petit bidon normal,
normalement, sur la table, avec du vide dedans. Il est fermé, mais
il est vide
[...]
On a de la chance d’avoir un petit
bidon, le petit bidon posé là sur la table.
Merci, le petit bidon. merci le petit
bidon.
Écouter sur youtube :
un vrai plaisir de découvrir ces textes
RépondreSupprimertout comme celui d'avoir participé à l'atelier du vendredi 7 juin
en attendant avec impatience ceux de juillet
la fin juin étant trop prise déjà
@ bientôt
Danielle