Textes produits pour l’atelier du vendredi 26 octobre 2012
1
Lui, Léonard, donnerait plusieurs coups. La
victime saignerait beaucoup, elle geindrait et se tortillerait avant de mourir.
Dans un éclair, il se vit la frappant en plein cœur : un jet de sang lui
éclabousserait le front, les yeux, la
bouche, la langue – quelques secondes avant le dénouement.
2
A la télé, il était tombé sur une séquence de
cinéma dans lequel un classique tueur de femmes tuait une classique prostituée.
« Ca t’intéresse vraiment ? »
demanda sa mère.
Non, je préfère Zorro.
3
Il atteindrait que sa mère soit couchée pour la
tuer. Il la tuerait dans son lit.
Bientôt.
Clac! Il remit Zorro.
* * *
Léonard n’avait pas toujours été aussi sanguinaire.
Autrefois, il ne lui serait jamais venu à l’esprit de massacrer sa propre mère.
Non, son caractère s’était assombri depuis qu’il avait été refusé par l’école
des beaux-arts.
Chaque jour, les cernes autour de ses yeux noircissaient. Et il ne portait
plus que du noir : une casquette noire, un tricot noir, des baskets noirs…
« Tu commences à ressembler à Zorro » lui remarqua sa petite
Maman.
Il broyait pas seulement le noir, il s’en imbibait. Du noir d’ébène sur une
tartine de pain beurrée ; de l’encre de chine au fond de son verre de
Coca. Il mangeait aussi des mines de plomb ; voire, mine de rien.
« Alors, tu as remis Zorro? » demanda la Maman.
S’il avait eu le courage, il l’aurait étranglé avec la corde de la télé.
* * *
Le père de Léonard avait disparu mystérieusement. Tout le monde savait
qu’il avait pris la poudre d’escampette. Du moins, c’est ce que disaient les
voisins.
Il était sorti acheter des cigarettes et n’était jamais revenu. Peut-être
était-il tombé dans un trou dans l’espace-temps. Qu’il reviendrait rajeuni et
reposé après avoir voyagé un millénaire à proche de la vitesse de la lumière.
Entre temps, sa mère allait écoper.
* * *
Serait-il malade ?
(Michel René Alix)
Moi, j’attendrais que ma mère…
Moi, j’attendrais que ma mère
soit couchée pour me tuer.
Je me tuerais dans la baignoire
pour ne pas salir.
Bientôt…
« En tout cas, je ne m'y
prendrais pas comme ça » en passant d'une chaîne à l'autre, j’étais tombé
sur une séquence de téléfilm dans laquelle un classique tueur de femmes tuait
une classique prostituée d'un coup de couteau en plein coeur. Je ne suis pas
prostituée et je ne traîne pas dans les rues. Moi, je donnerais plusieurs
coups.
Je saignerai beaucoup, je
geindrai, me tortillerai avant de mourir.
Dans un éclair, je me vis frappant la jugulaire.
-
Ça t'intéresse vraiment ?
-
Oui., mais remets Zorro, c’est plus rigolo.
Je repensais aux myrtilles à la
Chantilly du dessert, qui n'avaient pas provoqué les glapissements de joie
traditionnels.
Serais-je malade ?
(Brigitte)
Les enfants rois
Ils la tueront bientôt la
prostituée, cette femme à l’allure classique et au cœur si bon. Elle ne
saignera pas, ne geindra pas beaucoup. Elle ne tortillera plus son popotin.
Non ! C’est le poison des gamins qui aura cet effet fatal.
Zorro est là, derrière l’écran
avec sa cape noire et son épée. Il ne peut que regarder la femme qui bat un cil
pour la dernière fois. Le bois de Boulogne sera simplement un peu plus
dépeuplé. Impuissant Don Diego de la Vega mange des myrtilles et de la chantilly pendant que
des mômes glapissent de joie en le voyant.
Ils attendent son Z renversant le
cours des choses de la vie et surtout de la mort. Ils attendent… Ils attendent…
Puis l’un d’eux s’exclame :
« Mais à quoi sert ce Zorro ? Il est nul ! Il devrait venir la sauver
au lieu de manger son dessert ! Ah, le salaud ! Vengeur de pacotille,
je te hais ! » Les autres gosses approuvent cette réaction. Ils ont
passé tant de temps à préparer cet empoisonnement afin qu’elle apparaisse
mourante à 19h40 quand le plus grand justicier et sauveur de leur enfance la verra de
l’autre bout de l’écran. Tout ce minutieux travail pour qu’il saute chez eux.
Et puis, plouf ! Fiasco total ! Ils avaient déjà les cahiers et les
stylos prêts pour les autographes… Triste, ce zéro !
Tornado, le cheval de Don Diego, lui même est
dépité devant le comportement débonnaire de son maître à la réputation
chevaleresque. Il comprend ces mioches qui le prenaient pour le plus fort, le
plus grand, pour Dieu en personne.
« Dire que je porte cette
star paresseuse sur mon dos et qu’il fait le beau alors que cette pauvre femme
perd ses sens et sa vie ! Au prochain canyon, je vais le faire tomber et
lui remettre les pieds sur terre ! » se dit-il.
Bernardo, gesticule et tape sur
la jambe du grand héros pour lui faire comprendre qu’il doit sauver la
« seňora » . Il s’excite, mime des cris de lamentation mais le vengeur masqué préfère
rester sourd. « Cette femme n’est pas une bonne actrice et comme mon
cachet ne sera pas plus important si je lui évite la mort, à quoi bon ! »
pense-t-il . De plus c’est une
« frenchy », rien à voir avec les belles bronzées du Mexique et de la
Californie.
Pour lui, l’argent est roi, pour
les poulbots déçus il est le roi déchu alors que pour Bernardo et Tornado ce
sont les enfants qui devraient être rois.
Quant à la prostituée, elle a
perdu son droit à la parole à tout jamais. (mais ce n'est qu'un détail.)
(Rolland Pauzin)
La déception de Frédéric
Frédéric attend que son père soit couché pour lui
piquer les clés de la voiture afin d’aller voir les prostituées. Bientôt son
père se mettra à ronfler ! Clés en main, Frédéric s’enfuira dans la nuit avec la voiture mais sans
phares pour ne pas se faire surprendre. Se
fera-t-il arrêter et embarquer par la police s’il ne les allume
pas ?
Frédéric n’a pas de chance, ce
jour-là, car son père n’étant pas fatigué reste devant la télé une bonne partie
de la nuit à regarder ses deux DVDs de Zorro.
-
Tu ne vas pas te coucher, lui dit Frédéric
-
Non mon fils, lui répond le père
-
Tu n’as pas sommeil ? insiste Frédéric
-
Non, pourquoi insistes-tu ?
-
Tu as l’air fatigué
-
Serais-tu malade ?
-
Non père, j’aimerais faire un tour en ville avec ta voiture,
lui avoue Frédéric. Pourrais-tu me prêter 50€ et ta voiture, si cela ne te
dérange pas ?
-
Que veux-tu faire avec 50€, fiston ?
-
Juste un tour aux bois, père
-
Mais aux bois il y a des prostituées !
-
Je sais
-
Il n’est pas question que je te prête MA voiture !
-
O.K. père.
Frédéric doit se résoudre à lui
faire prendre deux somnifères pour finalement lui piquer sa moto car l’ensuqué
de père s’endort avec les clés de la voiture dans sa poche.
Un court moment de bonheur l’envahit quand il part…
Malheureusement la prostituée
refuse de le prendre car « faire ça dans une moto, c’est
impossible » lui dit-elle.
(Florent C.)Putain d’machine
Léon n’attendra pas qu’la vieille
accouche pour la faire passer à trépas. Il passera à l’action dans le lit. Sans
tarder…
« En tout cas, je ne m'y
prendrais pas comme ça »’, marmonna-t-il en zappant jusqu’à un téléfilm au
scénar’ vendu d’avance, la fin
téléphonée d’un serial killer et d’une prostituée. Lui Léo, pour trucider
plusieurs coups de surin feront l’affaire, il profitera de la fin morbide de sa
proie agonisant pour l’achever d’un coup, au final, en plein cœur.
- Ça t’botte vraiment ?
-
Non, je préfère Zorro
-
Tu sais c’qui t’reste à faire, bougonna la mère
Et zap… ça roule pour
Zorro ! Marie Lacroix s’interroge : qu’arrive-t-il à mon Léo si
assidu à son feuilleton habituel. Et son indifférence au dessert, les myrtilles
à la chantilly dont il raffole, avalées sans soubresauts.
Qu’est ce qu’il couve mon
Léo ?
Tout est arrivé si vite. Les
années passent bien trop vite. Et si elle ne voulait pas le voir grandir.
Est-ce une crise de pré-ados ?
C’est vrai depuis la disparition
de son père, Léo a changé. L’autorité paternelle lui manque peut-être, il avait
tant d’admiration pour lui.
Marie Lacroix se rappelle de ce
matin là : « tu n’oublieras pas de prendre le pain en rentrant ce
soir ? »
Dring…
Réveillée dans ses pensées, et cette voix : Mr
Lacroix a eu un accident à la sortie d’un virage glissant, sa moto a dérapé
sous les roues du chauffard…
« Léo, éteins-moi cette
télé, il est l’heure de faire tes devoirs avant d’manger. »
Léo s’exécute, il entend bien
dans la voix de sa mère cette émotion qu’elle veut cacher, que lui veut cacher.
Putain d’camion ! Putain
d’machine !
(Didier L.)
_________
La consigne :
1. Reconstruire sa propre version du texte suivant en gardant certains éléments : le sens
ou des phrases ou le ton, le style etc.
2. Donner si possible une suite à ce premier texte
Léonard attendrait que sa mère
soit couchée pour la tuer.
Il la tuerait dans son lit.
Bientôt...
« En tout cas, je ne m'y
prendrais pas comme ça »’, se dit-il : en passant d'une chaîne à l'autre,
il était tombé sur une séquence de téléfilm dans laquelle un classique tueur de
femmes tuait une classique prostituée d'un coup de couteau en plein coeur.
Lui, Léonard, il donnerait
plusieurs coups.
La victime saignerait beaucoup,
elle geindrait, se tortillerait avant de mourir.
Dans un éclair, il se vit
frappant en plein cœur. Oui, pour finir, lui aussi frapperait en plein cœur !
-
Ça t'intéresse vraiment ?
Le gamin sursauta.
Non. Je préfère Zorro.
Alors, remets Zorro, dit
gentiment la mère.
Clac, il remit Zorro. Qu'il eût
interrompu le film quelques minutes avant le dénouement étonnait Marie Lacroix.
D'habitude, un tremblement de terre dans le jardin n'aurait pas fait battre un
cil à son Léonard pendant la diffusion de sa série favorite. Elle repensa aux
myrtilles à la Chantilly du dessert, qui n'avaient pas provoqué les
glapissements de joie traditionnels.
Serait-il malade ?
( La machine - René Belletto - 1991 )
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