Textes produits durant l’atelier du 2 novembre 2012 :
Le savoir du désert
« J'aime
passionnément l'Afrique...
Je voudrais créer un
lien très fort
entre les concurrents
du Dakar
et les habitants de ces
pays... »
(Thierry Sabine)
Ismaël, à présent fais-le
toi-même, je suis fatigué. Tu veux que je reste ? Je te dis que je t’ai
montré le chemin. Tu peux le faire.
Ismaël, fais-le toi-même, ne
crois pas qu’il n’y ait qu’un autre qui puisse le faire, tu en es tout aussi
capable. Si je construis ta case, tu pourras dormir mais quand je ne serai plus
là il faudra bien que tu la fasses toi-même.
Ismaël, tu peux le faire, tu dois
le faire, je t’ai expliqué, je t’ai montré, mais quand il n’y aura plus
personne tu le creuseras toi-même ton puits. Il ne te faudra personne pour être
indépendant. Tu sais le faire, on t’a expliqué comment le faire maintenant tu
sais chercher l’eau, tu sais où creuser, tu sais où le construire et là, tu
pourras dire : « je n’ai besoin de personne, je suis
indépendant » et là, tu seras libre !
(Christian Duvoy)
Jette ta femme
Robert, à présent, jette ta
femme. Émancipe-t-en. Quitte-la ; maintenant tu l’importunes, tu la
retiens ; l’amour que tu t’es surfait pour elle t’occupe trop. Tu es las
de feindre de l’aimer. Quand t’a-t-elle dit qu’elle te voulait pareil à
elle ? C’est parce que tu es différent d’elle que tu l’aimes, tu n’aimes
en elle que ce qui est différent de toi.
Robert, jette ta femme, ne t’y
attache point. Ne crois pas que ton amour est réciproque. Plus que de tout, aie
honte de cela.
Jette ta femme, dis-toi bien que
ce n’est là qu’une des mille solutions possible en face de la vie. Cherches-en
une autre. Ce qu’un autre aurait aussi bien fait que toi.
Ne t’attache pas à elle comme
elle… à son amant.
Ah, merde ! Tu ne savais
pas ?
(Pastiche écrit par Florent C.)
Jette ton chevalet !
Evariste, jette ton chevalet! D’autres ont passé de longues heures à
chatouiller la toile jonchée sur cet accessoire inutile. Le béret à la tête, à
fixer leur doigt gauche dans l’air comme des tirailleurs d’oies sauvages.
Laisse, laisse, cet engin désuet.
Abandonne ton chevalet,
Evariste. Il est la créature d’un autre age ou l’on s’amusait à copier ce que
l’on voyait, à faire rentrer la nature dans une petite boite visuelle. A tout
cadrer, on finit par tout exclure. Laisse ton papier, ta toile, ton bois
s’étaler librement, recouvrir le sol, le mur, le dos d’une chaise. La réalité
que tu inventes remplacera celle que tu vois, et sera meilleure.
Jette, jette ton chevalet, pour
en faire un brancard pour blessé, pour en faire un bâton pour niveler ta
barricade, pour en faire une baïonnette d’opportunité. Laisse la gravité peser,
pousser, palper, et entamer son travail de chamailleur. Fais dégouliner tes
couleurs et brandis tes empattements. Capte tout ce qui dépasse !
(Michel René Alix)
L’abandon du sol
Bébé, abandonne le sol, laisse-le
à tes petits pieds et marche à deux pattes. Regarde droit devant toi vers les
visages souriants et les bras ouverts qui te recueilleront encore. Libère-toi
des tomettes rougeâtre.
Baby, abandonne la poussière,
prends l’allure de tes grands frères et sœurs, franchis ce cap et tu seras
grand. Le sourire aux lèvres tu seras fier de toi.
Bébé, abandonne ta sécurité,
découvre ta nouvelle posture. Bien sûr tu trembleras, tu tomberas peut-être
mais tu trouveras ton chemin et de nouvelles chaussures. Ces chaussures qui
t’apporteront aussi les cadeaux de Noël…
(Rolland Pauzin)
Fais ce que…
Fais ce que je te dis, pas ce que je fais :
en voilà des manières Miche, quelle drôle de personnalité de
répondre ! Te rebiffer devant ton professeur, ton maître. L’oisillon saute
du nid pour s’envoler, est-ce une raison pour piailler de la sorte ? La
discrétion ne fait de tort à personne.
Fais ce que je dis, pas ce que je fais :
l’impétueux, en envolées
lyriques nous saoule du discours sans queue ni tête où seul son ego s’y
retrouve. Lâche-toi mais dans le sens du terme sans copier, imiter du voisin
les singeries. Mon Marc ??? n’as-tu pas fait son talon sans infliger aux
autres des narrations inutiles.
Fais ce que je fais
mais après ne viens pas te plaindre, si le moule diffère, la
carapace sera-t-elle à l’épreuve ? Oui, fais comme moi ce qu’il te plaît,
mais évite de faire ce que je fais, je m’en accommode, tel est mon destin, le
tien est tout autre et ta voie dessinée à l’avance sans en détourner de l’art
la manière.
(Didier L.)
La cigarette
Fumeuse, à preéent, jette ma perche.
Tu es venue à moi par hasard, par convivialité, par mimétisme.
Fumeuse, jette ma perche.
Tu t'es accrochée à moi par habitude, inconsciemment,
tu y es attachée par des menottes.
Trouve la clef.
De nos jours, je t'exclue de nombreux lieux
et donc t'éloigne de beaucoup de personnes.
Jette ma perche
elle ne te sert même plus de refuge
ne t'apporte plus de plaisir
te fait du mal, te coûte cher
Ce sera dur mais si gratifiant !
Cherche un autre geste anodin et facile
Ce qui est certain, c'est que ta vie ne sera ni plus ni
moins dure.
(Brigitte)
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Rappel de la consigne : s’inspirer du texte des
nourritures terrestre d’André Gide : Nathanaël, jette mon livre... pour écrire un texte sur l’émancipation.
(voir l’autre message posté le 2/11/2012 pour plus de détails).
à titre d'exemple une citation du même André Gide tirée de son Journal :
Les lois et les morales sont essentiellement éducatrices, et par cela même provisoire. Toute éducation bien entendue tend à pouvoir se passer d'elles. Toute éducation tend à se nier d'elle-même. Les lois et les morales sont pour l'état d'enfance : l'éducation est une émancipation. Une cité, un État parfaitement sage vivrait, jugerait sans lois, les normes étant dans l'esprit de son aréopage. L'homme sage vit sans morale, selon sa sagesse. Nous devons essayer d'arriver à l'immoralité supérieure.
André Gide (1869-1951) - Journal 1889-1939
____________
Autre exemple de recherche d'émancipation
Ajourne toute chose. On ne doit jamais faire aujourd’hui ce qu’on peut aussi bien négliger de faire demain.
Il n’est même pas besoin de faire quoi que ce soit, ni aujourd’hui ni demain.
Ne pense jamais à ce que tu vas faire. Ne le fais pas.
Vis ta vie. Ne sois pas vécu par elle.
Dans la vérité et dans l’erreur, dans le plaisir et dans l’ennui, sois ton être véritable. Tu n’y parviendras qu’en rêvant, parce que ta vie réelle, ta vie humaine, c’est celle qui, loin de t’appartenir, appartient aux autres. Tu remplaceras donc la vie par le rêve, et ne te soucieras que de rêver à la perfection. Dans aucun des actes de la vie réelle, depuis l’acte de naître jusqu’à celui de mourir, tu n’agis vraiment : tu es agi ; tu ne vis pas, tu es seulement vécu.
Deviens aux yeux des autres un sphinx absurde. Enferme-toi, mais sans claquer la porte, dans ta tour d’ivoire. Et cette tour d’ivoire, c’est toi-même.
Et si l’on vient te dire que tout cela est faux, est absurde, n’en crois rien. Mais ne crois pas non plus ce que je te dis, car on ne doit croire à rien.
Méprise toute chose, mais de façon telle que ce mépris ne puisse te gêner. Ne crois pas que ton mépris te rende supérieur. Tout l’art du noble mépris est là.
Fernando Pessoa – tiré De l’art de bien rêver
à titre d'exemple une citation du même André Gide tirée de son Journal :
Les lois et les morales sont essentiellement éducatrices, et par cela même provisoire. Toute éducation bien entendue tend à pouvoir se passer d'elles. Toute éducation tend à se nier d'elle-même. Les lois et les morales sont pour l'état d'enfance : l'éducation est une émancipation. Une cité, un État parfaitement sage vivrait, jugerait sans lois, les normes étant dans l'esprit de son aréopage. L'homme sage vit sans morale, selon sa sagesse. Nous devons essayer d'arriver à l'immoralité supérieure.
André Gide (1869-1951) - Journal 1889-1939
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Autre exemple de recherche d'émancipation
Ajourne toute chose. On ne doit jamais faire aujourd’hui ce qu’on peut aussi bien négliger de faire demain.
Il n’est même pas besoin de faire quoi que ce soit, ni aujourd’hui ni demain.
Ne pense jamais à ce que tu vas faire. Ne le fais pas.
Vis ta vie. Ne sois pas vécu par elle.
Dans la vérité et dans l’erreur, dans le plaisir et dans l’ennui, sois ton être véritable. Tu n’y parviendras qu’en rêvant, parce que ta vie réelle, ta vie humaine, c’est celle qui, loin de t’appartenir, appartient aux autres. Tu remplaceras donc la vie par le rêve, et ne te soucieras que de rêver à la perfection. Dans aucun des actes de la vie réelle, depuis l’acte de naître jusqu’à celui de mourir, tu n’agis vraiment : tu es agi ; tu ne vis pas, tu es seulement vécu.
Deviens aux yeux des autres un sphinx absurde. Enferme-toi, mais sans claquer la porte, dans ta tour d’ivoire. Et cette tour d’ivoire, c’est toi-même.
Et si l’on vient te dire que tout cela est faux, est absurde, n’en crois rien. Mais ne crois pas non plus ce que je te dis, car on ne doit croire à rien.
Méprise toute chose, mais de façon telle que ce mépris ne puisse te gêner. Ne crois pas que ton mépris te rende supérieur. Tout l’art du noble mépris est là.
Fernando Pessoa – tiré De l’art de bien rêver
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