Vendredi 5 octobre 2012
Le premier exercice utilisant le style invocatoire de la poésie africaine
(voir consigne au bas de la page) a permis de produire les poèmes suivants :
Enfant rude, enfant roi
Enfant rude, enfant roi
Je t’ai donné la vie, je ne la
garde que pour toi
C’est très dur mais tu y as
droit,
Tu ne me l’as pas demandé mais
c’est ma mission
Je le sais, je le sens tout au
fond.
Enfant rude, enfant roi
Aide-moi à aller jusqu’au bout
Oblige-moi à ce qui là,
Me porte et à la fois
m’insupporte
Sinon pourquoi t’avoir créé.
Enfant rude, enfant roi
Vis la vie que tu aimeras
Fais ton choix en dehors de moi
Je te la souhaite si belle
Qu’un jour par elle tu t’en iras.
Enfant rude, enfant roi
Non, je ne t’oblige pas
Mais je serai toujours là
Au fond de ton cœur immense
Ma place à moi elle est là.
Enfant rude, enfant roi
Malmène-moi, tu en as le droit
Tu n’as pas choisi d’exister
Dans ce monde où tu seras
Toi aussi malmené par toutes ces
réalités.
(Brigitte)
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Mistral fou, Mistral froid
Mistral fou, Mistral froid
Les tuiles volent par ton souffle
Les ifs et cyprès courbent leurs dos sous ton poids
Les cheveux se battent entre eux grâce à toi.
Mistral fou, Mistral froid
Pourquoi pousses-tu toujours vers le Sud ?
Pourquoi cette violence qui nous rend fou aussi ?
Pourquoi cognes-tu nos volets et nos portes ?
Personne ne veut que tu nous emportes.
Mistral fou, Mistral froid
Les enfants s’excitent avec ta folie
Les parents giflent les joues en furies
Les vieux tombent à genoux en te suppliant…
Et toi tu t’amuses sur nos ponts.
Mistral fou, Mistral froid
On compte tes jours.
(Rolland Pauzin)
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______
Canto carré, canto coupé
Canto carré, canto coupé
Au son superbe, supplicié
Aux sentiments saccadés
Aux syllabes sectionnées
J’écoute tes soupirs stylisés
Canto carré, canto cloué
Tantôt taré, tantôt étripé
Toute turpitude tassée
Toute amplitude pelotée
J’entends tes tons crispés, tonifiés
Canto carré, canto coupé
Clone calfeutré, constipé
Communication quantifiée
Coup de cloche cassée
Approche ton creuset criblé
(Michel René Alix) - 5 octobre 2012
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Fête belle, fête bleue
Fête belle, fête bleue
Corse éternelle, Corse rebelle
Vacances de rêve, vacances trop brèves
Filles de rêve, filles de mes rêves
Fête belle, fête bleue
Eau limpide, eaux impulsives
Montagnes extrêmes, montagnes superbes
Brumes rosées, brumes de mes pensées
Fête belle, fête bleue
Plages dorées, plages adorées
Sable blond, sable rond
Femmes bronzées, femmes sucrées
Fête belle, fête bleue
Nuits agitées, nuits partagées
Réveil difficile, réveil d’un sourcil
Café énergique, café tonique
Fête belle, fête bleue
(Christian Duvoy)
Exercice écrit le
09/11/2011 pour l’atelier d’écriture des archives du cg13
et revu le 5 octobre 2012 pour cet atelier
Femme rouge, femme fauve
Femme rouge, femme fauve
des années folles,
des trottoirs de la ville
des marins débarqués
Cours-tu encore à travers l’imaginaire des clients
amoureux ?
Femme rouge, femme fauve
Échappée du carcan familial
Échappée du traintrain déprimant
Échappée de l’église
Cours-tu encore à travers les rues de ta prison ?
Femme rouge, femme fauve
battue par ton mec,
par ton mac
par ton micmac
passes-tu encore à travers les coups de mains des
cow-boys ?
Femme rouge, Femme russe,
rousse, rougissante, rougeoyante, rutilante
mais jaunie par la cibiche
Brûles-tu encore ?
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Matériel de référence utilisé pour la première
consigne :
Femme nue, femme noire
Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de
ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes
yeux
Et voilà qu'au cœur de l'Été et de Midi, je te découvre,
Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l'éclair d'un
aigle.
Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir,
bouche qui fais lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses
ferventes du Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du
vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de
l'Aimée.
Femme nue, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de
l'athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur
la nuit de ta peau.
Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta
peau qui se moire
A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux
soleils prochains de tes yeux.
Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans
l'Éternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour
nourrir les racines de la vie.
_________
CONGO
(pour trois kôras et un balafon)
Oho ! Congo
oho ! Pour rythmer
ton nom grand sur les eaux sur les fleuves sur toute mémoire
Que j'émeuve la voix des kôras Koyaté ! L'encre du scribe
est sans mémoire.
Oho ! Congo couchée dans ton lit de forêts, reine sur
l'Afrique domptée
Que les phallus des monts portent haut ton pavillon
Car tu es femme par ma tête par ma langue, car tu es femme
par mon ventre
Mère de toutes choses qui ont narines, des crocodiles des
hippopotames
Lamantins iguanes poissons oiseaux, mère des crues nourrice
des moissons.
Femme grande ! eau tant ouverte à
la rame et à l'étrave des pirogues
Ma Saô mon amante aux cuisses furieuses, aux longs bras de
nénuphars calmes
Femme précieuse d'Ouzougou, corps d'huile imputrescible à la
peau de nuit diamantine.
Etc.
( Ethiopiques 1956 – Léopold Senghor)
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J'ai vu
New York, New York USA (Serge Gainsbourg)
J'ai vu New
York, New York USA
J'ai vu New
York, New York USA
Je n'avais rien vu d'au
Je n'avais rien vu d'aussi haut
Oh ! C'est
haut, c'est haut New York
New York
USA
J'ai vu New
York, New York USA
J'ai vu New
York, New York USA
Je n'avais rien vu d'au
Je n'avais rien vu d'aussi haut
Oh ! C'est
haut, c'est haut New York
New York
USA
Empire
States Building oh ! c'est haut
Rockfeller Center oh ! c'est haut
Internationnal Building oh ! c'est haut
Waldorf Astoria oh ! c'est haut
Panamerican Building oh ! c'est haut
Bank of
Manhattan oh ! c'est haut
J'ai vu New
York, New York USA
J'ai vu New
York, New York USA
Je n'avais rien vu d'au
Je n'avais rien vu d'aussi haut
Oh ! C'est
haut, c'est haut New York
New York
USA
Time and
life building oh ! c'est haut
American
hotel oh ! c'est haut
CBS Building
oh ! c'est haut
RCA
Building oh ! c'est haut
First
National City Bank oh ! c'est haut
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consigne :
En s’inspirant du style invocatoire, typique de la poésie
africaine, écrire un texte qui reprend de façon régulière une invocation et
en prenant pour modèle la « femme nue, femme noire » de Léopold Sédar Senghor.
Répétition de la personne ou de l’objet invoqué et
utilisation de l’allitération.
Le tout en deux fois trois syllabes maximum pour former ce
lei-motif
Répéter ce lei-motif au moins 3 à 4 fois. Décrire ensuite
les raisons de cette invocation entre les refrains.
Essayer d’utiliser des allitérations et des répétitions de
sons dans des mots qui se suivent.
Écrire un texte utilisant le style invocatoire en
partant d’un lei-motif que vous trouvez vous-même ou sinon à partir d’un des
suivants :
Mistral fou, Mistral froid …
Homme roux, homme rustre…
Fille nue, fille née …
Ville grise, ville grondante…
Maître vil, mètre vingt…
Amour rose, Amour rosse…
Dieu des stades, dieu du Styx…
Père doux, père digne…
Paris nuit, Paris noir…
Rhône rue ! Rhône rage ! (rue et rage sont des
verbes à l’impératif)
Pègre nulle, peste noire…
Chat câlin, chat coureur…
Et en utilisant le tutoiement
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