Atelier du
29 mars 2013 - Edward Hopper
Consigne : écrire des textes
(poème, lettre, liste, récit, note etc) sur un des tableaux de
Edward Hopper.
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Summer evening, 1947 - Edward Hopper (soir d'été) |
Summer evening, 1947. Edward Hopper
Un Couple discute sur le balcon de leur
maison sur pilotis, c'est l 'été, la journée a été très chaude.
Sous ces latitudes la nuit tombe vite
et là, les gens commencent à sortir, à bouger.
Le jour on se croirait dans une ville
morte, même les chats et les chiens ne s'aventurent pas dehors, mais
là, le couple parle de se qu 'ils vont faire ce soir. « Si on
allait au resto » propose la jeune femme qui n'a pas envie de
faire la cuisine.
« Pourquoi pas » réponds
l'homme qui lui n'a pas envie de rentrer dans un discours trop long,
surtout qu'on est le début du mois et qu 'il a reçu une prime
exceptionnelle.
Mais en attendant que faire il est 19 h
et par habitude les restaurants commencent assez tard, plus ou moins
21 h (à la fraîche comme on dit).
Deux heures à tuer ! Que faire ?
Soudain l'homme dit « si on allait prendre l'apéro chez les
Kraswich ? On les invitera à dîner avec nous au resto, la dernière
fois c 'est eux qui nous avaient invité ça fera d 'une pierre deux
coups, non?
« Bonne idée, j'en profiterai
pour mettre la petite robe que tu aimes tant » fait-elle avec
un clin d'œil complice.
« Très bien, autant en profiter
maintenant, parce que en rentrant en France on n'aura plus l'occasion
de vivre à un tel niveau ! » C ' est quand même bien
l'Indochine, non ?
C'est vrai que la région est spéciale,
pendant la mousson on se croit en pleine mer tellement il y a d 'eau,
il pleut pendant 3 ou 4 jours sans arrêt et là, il fait chaud et
humide...
(Christian DUVOY)
LA LETTRE : Le couple discute sur le
balcon, il lui fait des reproches .
"Dis donc j 'ai reçu une lettre
de rappel de l'EDF ! Ils me disent que je n 'ai pas payé les deux
derniers mois, pourtant je t'avais donné de l 'argent et tu m'as dis
que tu étais allée à l 'agence à Vientiane pour régler, c 'est
ça, non ?
Elle : « oui oui, j'y suis
allée, j 'ai payé. »
Lui, en colère : « Bon,
alors va chercher le reçu et donne le moi je vais leur faire une
lettre de réclamations. »
Elle, gênée : « Ben c 'est
à dire, euh, je l 'ai perdu, je ne sais plus où il est. »
Lui, exaspéré : « Décidément
t'es vraiment la reine, toi, quand tu t 'y mets ! Comment je vais
prouver que ça a été payé maintenant ?
Elle, en pleurnichant : « La
vérité c'est que, avec l 'argent, j 'ai acheté la petite robe
qu'on avait vue ensemble et même que tu m'avais dit que tu me
verrais bien dedans, alors j 'ai voulu te faire plaisir ! J 'ai bien
fais, non ?
Lui, colère contenue : « Dac,
mais viens on va rentrer, tu vas la retirer, car là il va falloir te
faire pardonner mais alors beaucoup... beaucoup... »
(Christian DUVOY)
LES PENSEES.
Elle : Putain qu'est ce que je
m'emmerde dans ce bled paumé et l'autre connard qui me mate comme si
j'étais un jambon.
Lui : Elle est quand même bien
roulée la nana de mon frère, je suis sûr que si j 'insiste un peu
je pourrais me la faire.
Elle : Mais y va pas arrêter ce
con, quelle idée j 'ai eu aussi de dire que j'avais chaud et que
j'allais prendre l'air.
Lui : Je suis sûr que c'est une
excuse quand elle m'a dit qu'elle avait chaud, j'ai vu son regard,
elle a baissé les yeux vers ma braguette.
Elle : Plus je le regarde, plus je
me dis que j'ai eu de la chance de prendre son frère, quand je pense
que ma mère voulait que je sorte avec lui à cause de sa situation,
qu'il avait plus d'avenir etc. Non mais, tu as vu cette tête de
demeuré ?
Lui : J'aurais dû insister. Quand
on l'a rencontrée avec mon frère, cet abruti me dit « on fait
ça à pile ou face, celui qui gagne la drague ! » et bien
sûr, j'ai perdu ! Mais là, je prendrais bien ma revanche, ça
commence à me démanger dans le sous-bassement.
Elle : Bon, ça commence à bien
faire maintenant en plus il n'a aucune conversation ce con. Lui, à
part le cul, il ne connaît rien, enfin ça me ferait une comparaison
avec son frère mais il a tellement une grande gueule qu'il serait
capable de s'en vanter ! Allez, je me casse.
Lui : Et merde, encore raté. Si
ça continue au rythme où on se voit, la prochaine fois elle sera
grand-mère ! J 'aurais dû attaquer, quitte à me prendre une baffe,
après tout j 'ai l'habitude !!!Je vais rentrer derrière elle, comme
ça je pourrai mater son cul ! Putain quel cul.
(Christian DUVOY)
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Automat - Chaine de restaurant - Edward Hopper - 1927 |
Automat, 1927 - Edward Hopper
Le vide de la chaise qui s'oppose à
moi me fait baisser les yeux comme mon chapeau jaune, timide et
triste.
Croiser les jambes rougies par la honte
de la solitude ne m'apporte pas de confort ni de solution. Je reste
dévastée par cette dernière lettre si refroidissante. Elle tourne
en boucle dans ma petite tête.
Liz, ma chérie,
Le cours de la vie n'est pas un fleuve
tranquille, même si ce calme cheminement que nous parcourions main
dans la main quand nos dents croqueuses mordillaient nos lèvres
sulfureuses et nos désirs culbutaient d'autre désirs, nous a paru
comme un beau voyage de bienheureux...
J'aimerais t'expliquer que tout cours
d'eau rencontre d'autres rivières argentées et brillantes et qu'une
cascade change tout. Et j'ai rencontré cette cascade...
Mais l'important n'est que la
conclusion de cette chute puisqu'une autre rivière, argentée elle
aussi, est repartie avec moi dans une autre direction. Je ne peux
m'écarteler et je dois te laisser.
Désolé pour la brutalité de ce
message mais surtout, ne te noies pas.
Signé : John, qui t'a aimée.
Le café que je tiens fébrilement va
couler en moi comme un cours d'eau abandonné. Son goût de tourbe me
fait peur. Je le regarde et mon bras n'a pas la force pour le porter
à mes lèvres fermées et plus rouges que le sang. Source de
silence.
Instant immobile,
radiateurs froids,
coupe sanguine,
murs droits et moralistes,
néons au jaune cocu
vous prenez si peu de place sur ce fond
plus sombre que la nuit, plus noir qu'un trou final aspirant la vie
que j'ai besoin de vous interpeller :
écoutez-moi
ombre de l'absence,
table plate comme la tombe,
table ronde et bleue comme l'espoir
évanoui
chaise immobile et rangée
chaise trouée par un revolver
new-yorkais
chaise vide et à jamais silencieuse
écoutez-moi
je n'ai plus rien à dire ou à vivre.
Ce poème trahit mon mal-être
et seules mes jambes blanches et
frileuses s'opposent à la droiture de la froideur de cette grande
salle.
Enfin, elles s'inclinent légèrement
et je décline l'absence d'avenir
et l'avenir dans l'absence.
Un artiste à la tenue austère et
carrée m'a vue et m'a peint comme si je n'étais pas là.
Mon fantôme l'a vu, lui aussi, dans la
propreté du vide reflété par ce marbre horizontal d'un hôtel
glacial.
(Rolland Pauzin)
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Chop Suey - Edward Hopper - 1929 |
Gravure
Le silence est lourd, il fallait
qu'elles se rencontrent.
Elles ont un litige à régler.
La quelle commencera à parler ?
Celle qui a demandé la rencontre, elle
a un besoin impérieux d'exprimer tant de choses accumulées depuis
si longtemps !
Elles commandent un thé, sans même
s'en rendre compte.
L'esprit est déjà au dialogue.
Elsa commence, les mots sont bas,
hésitants, lents, timides comme interdits, pleins de poussière.
Peu à peu, le rythme accélère.
Claudia esquisse une réponse mais Elsa
n'arrive plus à arrêter, elle recherche l'apaisement de la chose
enfin évacuée.
Claudia patiente, quand elle sent Elsa
enfin calmée, à son tour, elle s'épanche.
L’abcès est crevé.
On parle de la pluie, du beau temps,
des enfants, du mari, du boulot mais plus jamais on ne reparlera du
reste.
On se quitte en promettant de se
revoir, on n'y croit qu'à moitié.
Peu importe, tout est dit.
Toc toc toc
Il pleut monotomnement
Elles ne sont pas seules
Elles parlent monotomnement
L'important c'est de n'être pas seule.
(Brigitte)
Tableaux :
Summer evening, 1947 - Edward Hopper (soir d'été)
Automat - 1927 - Edward Hopper (chaîne de restaurants)
Chop Suey - 1929 - Edward Hopper
Chop Suey - 1929 - Edward Hopper
j'adore ce genre d'exercice. merci.
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