Dali - Sauterelle du GRAND MASTURBATEUR |
Atelier du 23 novembre 2012 : Textes produits
Le danseur de tango
Le beau
danseur de tango est nonchalamment installé sur un tabouret à la chaleur du
soleil. Son sang en est réchauffé ce qui le réveille. Il sent les vibrations de
la musique qui lui donnent envie de bouger.
Alors il se glisse au bas du
tabouret et ondule de son corps souple vers une éventuelle partenaire qu’il
vient d’apercevoir les yeux encore entrebâillés par le sommeil. Il se love près
d’elle avec application d’un beau rond bien appliqué, elle ne bouge pas alors
il se tord tel un poing d’interrogation. Il hausse son corps vers elle , au
milieu de cette vaste piste devenant ainsi une proie facile pour l’aigle qui
passe. Pauvre serpent happé d’un geste rapide.
(Brigitte)
Jeu de regards
Je la vois qui marche lentement,
la tête haute, puis elle s’arrête. Il semblerait qu’elle cherche la direction à
prendre. Elle a de grands yeux. Je me dis : « tiens, ne
viendrait-elle pas vers moi ? Je suis calé devant mon pastis, je mange
quelques cacahuètes tout en laissant mon regard sur elle pour voir où elle va
aller. Elle hésite puis se rapproche de ma table. Ne voulant pas avoir l’air de
la guetter je regarde par la fenêtre. Du moins je tourne la tête mais je garde
toujours un œil vers elle. Elle s’arrête à nouveau. Je suis déçu car elle
bifurque sur la gauche.
J’allais m’occuper d’autres
chose, me plonger dans mon journal mais elle se dirige de nouveau vers moi. Je
suis content : elle me regarde. Elle a de la chance car je me dis :
« araignée du soir… espoir ». Elle vivra encore un peu mais si ça
avait été le matin !
(Christian Duvoy)
La voyeuse
Que faisait-elle dans le vestiaire des hommes
Cette voyeuse qui nous matait dans les douches
Et tortillait l’arrière train en déambulant entre les casiers.
Se cachait-elle dans les recoins de la pièce ?
Peut-être croyait-elle que l’on ne la verrait pas
Quelle pourrait piquer la nourriture
Dans nos sacs de sport
Sans aucun risque de se faire prendre.
Malheureusement pour elle, je me suis assis dessus
et je l’ai écrasée de tout mon poids.
Quelle horreur d’avoir les œufs de cette blatte collés aux
fesses !
(Florent C.)
L’exploitation de l’ouvrier
Quel beau travailleur ! Pour
nourrir les siens, il revendique dans l’ombre d’un espace, son territoire.
C’est en maître des lieux qu’il
agit, se jouant de la lumière du jour, ce bellâtre de la rue va à sa guise en
quête de gourmandise.
Tout de blanc vêtu c’est sans
troquer son costume qu’au bal sans fanfare, ce danseur se glisse, s’infiltre,
se faufile entraînant dans ses pas un défilé d’amateurs qui ramèneront à leur
reine, déposeront à ses pieds leur butin sans mériter de sa part un merci.
Pauvre termite ouvrier !
(Didier L.)
La travailleuse noire
Une élégante travailleuse noire fait un trajet
du feu rouge à l’autre bout du café où je suis si bien assis. Cette précieuse
basanée de petite taille mais à l’allure décidée porte un fardeau
impressionnant sur son dos. Elle passe en ce beau jour de printemps comme une
plume légère et pourtant elle avance en trimballant quelque chose d’apparemment
très important. Mais sa pose fière et seigneuriale reste la même. Elle laisse
de minuscules mais très nombreuses empreintes sur le pavé légèrement humide. Je
les admire et voudrais les emporter.
Le parfum de cette saison des fleurs éblouissantes
se répand derrière ses petits pas. Elle qui n’a pas la moindre importance pour
le patron du bar passe d'un trot simple
et normal mais quand elle ose se reposer sur la table ce goujat la gifle.
Elle tombe sans son fardeau désormais disparu à tout
jamais. Elle repart. Il va pleuvoir,
cela se sent. On dirait qu’elle accélère son pas. Les courbes de son arrière
train me fascinent. Elle me fascine !
Et je suis le seul au monde - moi qui ne lève pas
mon nez dédaigneux vers le ciel – à avoir vu passer du feu rouge à l’autre bout
du café cette travailleuse si mal accueillie, cette fourmi.
( Rolland Pauzin)
Danseuse aux bises légères
Après le
départ définitif de ma femme, je me retrouve assis à la terrasse d’un café. Je
regarde passer les gens avec une certaine tristesse puis un sourire apparaît
sur mon visage.
Une svelte danseuse aux habits oubliés m’envoie des
bises et des bises. Cette brise de bises me décoiffe. Certains de mes voisins
la chasse mais moi j’adore ses longs membres noirs qui sont passés du trottoir
à ma table. Quelle légèreté ! Quelle frivole parade de ballerine !
Quelle souplesse de déesse !
Une nouvelle
vague de bises me fait tourner la tête. Le petit picotement qu’elle a su
laisser sur ma joue m’excite. J’essaie de lui mettre la main dessus, ou même
dessous, mais elle s’échappe cette coquine. Une petite bataille, amoureuse ou
non, s’ensuit. Puis quelques bises de plus et la voilà déjà partie comme ma
femme.
Au fond j’en
suis heureux, car c’est une bestiole du genre masculin : un moustique.
( Rolland Pauzin)
TABEAU: Dali - Sauterelle du GRAND MASTURBATEUR
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