Atelier du 8 février 2013 - Nommer des verbes nouveaux
Frederic Dard : mon père San-Antonio |
Consigne 2 : écrire un texte/poème qui utilise des noms à la
place des verbes.
Donc un texte sans verbe mais utilisant des sujets et des noms qui
doivent être pris comme verbes.
La seizième dimension
Il rouge clair que je ne brouette pas de distractions. Semblable au
mouton qui Alphonse, je me total dans les galeries de pierre jusqu'à
menton sur le sol, pris de vertige. Je me marina dans l'ombre d'une
citerne ou au détour d'un couloir et je michel qu'on me françoise.
Il y verre des terrasses d'où je me laisse tablette jusqu'à en
chaler sanglant. À toute heure, je ciel à lune endormi, fermant les
yeux et respirant puissamment. (Parfois, j'ai tableau réellement,
parfois la couleur du jour picasso quand je choix les yeux.) Mais, de
tant de jeux, je canal+ le jeu de l'autre Astérion. Je me figure
qu'il nez me pif visite et que je lui horloge la demeure. Avec de
grandes marques de politesse, je lui esgourde : « Maintenant, nous
Saint Emilion dans une autre cour », ou : « Je te truelle bien que
cette conduite d'eau te briquette bien », ou : « Maintenant, tu
rolland cette citerne que le sable a ras bord ». Tu mouches comme
picole la cave. Quelquefois, je me mitterande et nous canons tous
deux de bon coeur.
(Christian Duvoy)
Le chien bolide ?
Il bolide, les oreilles au vent, tout à coup il truffe un lapin,
se statue aux aguets.
Le lapin peur vite dans le trou. La survie avant tout!
Un œil périscope, mince ! la statue dans l'attente.
Le chien découragé escargote vers sa niche
Le lapin soulagé demi-tourne vers son gîte
Le chien tournicote, les puces en avion décollées, il spirale dans
sa niche.
Demain, il bolidera plus tôt, le lapin loin du trou ne chancera pas
comme aujourd'hui !
(Brigitte)
Le facteur-paillasson
Mon
facteur paillassonne devant ma porte depuis 5 bonnes minutes. Sa
sacoche douleure son épaule. Il flûte de toutes ses forces mais je
ne l’oreille pas, toute à mon rêve pas fini. Dépité, il clé ma
boite aux lettres et passage son avis. Je nez l’origine du
courrier : une vieille facture qui venime depuis des mois et
insomnie les nuits de mon fournisseur. Mais mon compte en banque, en
ce moment, rougeoie et abnègue à me délivrer le moindre sou.
Mon
facteur peut s’attendre à paillassonner encore…
(Françoise K.)
Départ
En ce froid matin de printemps.
Je veste cet enfant déshérité qui fleuve ses joues blanches.
Je cheveux sa petite tête avec mes doigts et mon shampoing brûlant.
Je robinette d'eau son concombre boutonneux, pareil à un nez
et pierre ponce ses joues avec mon gant vigoureux.
Je le chaise. Je le casquette. Je l’accroche-cœur. Je le lumière
de soleil.
Lui, banane légèrement son visage rougi. Patte ses yeux humides.
En un instant, sorti de la maison,
il se girafe vers la couleur chaude du ciel,
se cerise en douceurs acides mais chéries.
Puis un bruit de diesel vacarme une visite.
Une voiture doucemente ses roues vers nous et se pissenlit net devant
notre jardin.
Un homme, au triste costume gris et à l'allure administrative,
douille le cœur de l'enfant et mon ventre.
Ce vieux fusil, en ce froid matin de printemps,
le maniemente, le chaise dans l'auto repreneuse
et hélice ce navire des autoroutes
loin,
loin de ma main et de mes lèvres frustrées.
(Rolland Pauzin)
Comment les Grecs et les Troyen ont guerré
Savez-vous comment ont guerré les
Grecs et les Troyens ?
Ça a commencé quand se sont
competités trois beautés. Venus, Artémis, et Hélène (fiancé du
roi de Sparte, Ménélaus). Elles ont candidaté devant le jeune
Paris, un Troyen. Paris a rubanné Hélène après l’avoir
médaillioné et d’autres choses encore. Le beau couple a ensuite
croisièré vers Troie.
Les deux déesses, se sont senti
trahisonné et elles ont furibondé.
« Pourquoi m’a-t-on pas
rubanné » s’est hurlementé Artémis ?
« Et pourquoi ne m’a-t-il pas
médaillionné s’est griefé Vénus ?
De fil en aiguille, ce fut la cause du
guérroiement de Troie.
(Michel René Alix)
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Référence :
Je rétrospecte pour bien me remettre dans l’œil les dédales
de la prison. Ça vous chiffonne que je crée le verbe rétrospecter
? Faut pas, mes pommes, faut pas !
Ce qui manque à notre langage ce sont par-dessus tout des verbes.
Le verbe c’est le ferment de la phrase, son sang, son sens, sa
démarche. A partir de noms ou d’adjectifs, il est aisé d’en
confectionner de nouveaux. Je vous engage tous (c’est aux jeunes
que je cause, pas aux vieux kroumirs plus moisis que leurs manuels
scolaires) à fabriquer du verbe pour que s’épanouisse notre
langue. Ne vous laissez pas arrêter par la crainte de passer pour
des incultes. Ce qui n’est pas français au départ le devient
rapidement. Notre langue n’est pas la propriété exclusive des
ronchons chargés de la préserver ; elle nous appartient à tous, et
si nous décidons de pisser sur l’évier du conformisme ou dans le
bidet de la sclérose, ça nous regarde ! Allons, les gars,
verbaillons à qui mieux et refoulons les purpuristes sur l’île
déserte des langues mortes !
D’ailleurs ça vient tout doucettement, ma marotte du néologisme.
Un peu partout, on assiste à des naissances. Dans les films, dans
les bouquins. Oh, c’est encore timide, mais y’a que le premier
verbe qui coûte. Bientôt, on ne pourra plus prétendre que le verbe
s’est fait cher. Le jour viendra qu’au bac on fera passer une
épreuve de néologie. Coefficient mille ! La San-Antoniologie
écrasera la philo, ridiculisera les maths. A bas Pythagore ! Il
l’aura dans l’hypoténuse. On lui déniera le théorème. On le
contestera, on le mettra en doute avant de l’oublier. Et tout ce
qui subsistera de Samos, son pays natal, ce sera une marque de
fromage.
© San-Antonio, Un Éléphant ça trompe, éd. du Fleuve Noir, Paris,
1968.
Frédéric Dard.
Je te narine je te chevelure
je te hanche
tu me hantes
je te poitrine je buste ta poitrine puis te visage
je te corsage
tu m'odeur tu me vertige
tu glisses
je te cuisse je te caresse
je te frissonne tu m'enjambes
tu m'insuportable
je t'amazone
je te gorge je te ventre
je te jupe
je te jarretelle je te bas je te Bach
oui je te Bach pour clavecin sein et flûte
je te tremblante
tu me séduis tu m'absorbes
je te disp u t e
je te risque je te grimpe
tu me frôles
je te nage
mais toi tu me tourbillonnes
tu m'effleures tu me cernes
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerines rouges
et quand tu ne haut-talon pas mes sens
tu les crocodiles
tu les phoques tu les fascines
tu me couvres
je te découvre je t'invente
parfois tu te livres
tu me lèvres humides
je te délivre je te délire
tu me délires et passionnes
je t'épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je n'omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m'aisselles
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche
je te palais je te dents je te griffe
je te vulve je te paupières
je te haleine je t'aine
je te sang je te cou
je te mollets je te certitude
je te joues et te veines
je te mains
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t'ombre je te corps et te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t'iris
je t'écris
tu me penses
Ghérasim Luca, « Paralipomènes » (La Fin du Monde)
"Prendre corps" lu par des acteurs de la comédie française
:
Prendre corps
Je te narine je te chevelure
je te hanche
tu me hantes
je te poitrine je buste ta poitrine puis te visage
je te corsage
tu m'odeur tu me vertige
tu glisses
je te cuisse je te caresse
je te frissonne tu m'enjambes
tu m'insuportable
je t'amazone
je te gorge je te ventre
je te jupe
je te jarretelle je te bas je te Bach
oui je te Bach pour clavecin sein et flûte
je te tremblante
tu me séduis tu m'absorbes
je te disp u t e
je te risque je te grimpe
tu me frôles
je te nage
mais toi tu me tourbillonnes
tu m'effleures tu me cernes
tu me chair cuir peau et morsure
tu me slip noir
tu me ballerines rouges
et quand tu ne haut-talon pas mes sens
tu les crocodiles
tu les phoques tu les fascines
tu me couvres
je te découvre je t'invente
parfois tu te livres
tu me lèvres humides
je te délivre je te délire
tu me délires et passionnes
je t'épaule je te vertèbre je te cheville
je te cils et pupilles
et si je n'omoplate pas avant mes poumons
même à distance tu m'aisselles
je te respire
jour et nuit je te respire
je te bouche
je te palais je te dents je te griffe
je te vulve je te paupières
je te haleine je t'aine
je te sang je te cou
je te mollets je te certitude
je te joues et te veines
je te mains
je te sueur
je te langue
je te nuque
je te navigue
je t'ombre je te corps et te fantôme
je te rétine dans mon souffle
tu t'iris
je t'écris
tu me penses
Ghérasim Luca, « Paralipomènes » (La Fin du Monde)
Gherasim Luca : Prendre corps... tu m'absurde
https://soundcloud.com/olive-dujardin/gherasim-luca-prendre-corps-tu
Tableau : Frederic Dard : mon père San-Antonio écrit par sa fille
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