Dernier atelier de 2013
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Apollinaire par Vlaminck 1903 |
1915, Verdun
Frérot
Si on t'envoie au front, déserte, je
t'en conjure. Pour l'instant, nous sommes 14 dans mon
groupe et devons passer d'une tranchée à l'autre donc à
découvert . Boum ! plus que 13.
J'ai la trouille comme tout le monde .
Tient, je vois une cervelle qui n'est plus dans sa boite, si ça
pouvait être celle du capitaine, ça nous ferait des vacances . Quel
dégonflé celui-la, toujours à hurler des ordres que personne ne
suit . Il n'a pas encore compris que notre seul objectif est de
rester vivant et si possible entier.
Question anatomie, maintenant je suis
au top . Je sais à quoi ressemblent les os de tout le corps,je ne
savait pas qu'il y en avait autant, les ligaments, les muscles, le
cœur, les poumons, les reins, le foie, la rate, les intestins,
l'estomac vide ou plein, un œil vu de derrière, l'intérieur d'une
oreille... Je cours. Boum ! 12.
Oups,je glisse dans la boue, a non,
c'était du sang.
Quelle région pourrie, il pleut tout
le temps, forcément ça ne pousse pas aux réjouissances.
Qu'est ce que je raconte, je deviens
fou, c'est normal vu la situation, si je perdais complètement
la tête, au moins, je n'aurai plus peur.
C'est trop horrible, je me montre,
adieu à tous et bonne chance dans une autre vie.
BOUM 11 .
M-V.Brulong
__________________
Il y a
Il y a des
gens qui rêvent
Il y a des
rêves pleins d'espoir
Il y a le
silence de ces nuits passées à espérer
Il y a les
déceptions au réveil
Il y a des
mots
Il y a
beaucoup de paroles perdues, envolées
Il y a des
mots utiles, tendres, violents
Il y a des
mots qui sont des fenêtres
Il y a des
murs qui repoussent les mots
Il y a des
arbres qui perdent leurs feuilles
Il y a des
branches toutes nues
Il y a des
cactus qui n'ont jamais de feuilles
Il y a de
mauvais chiffons qui effacent le tableau de la mémoire
Il y a
l'hiver ou la terre est comme enfermée dans un frigo
Il y a la
neige du congélateur de son cœur
Il y a la
fonte des neiges au coin de mes yeux
M-V.Brulong
__________________
Moment de bonheur
Quand je serre mes enfants dans mes
bras, tout me revient . L'odeur dans les plis de leur cou dont je ne
me lassais pas, leurs quelques cheveux si doux, ces regards qui
n'étaient que pour moi, la douceur de leur peau, leurs petites
fesses que j'embrassais goulûment, leur visage apaisé quand ils
s'endormaient dans mes bras et que je sentais leur corps tout à coup
si lourd, leurs premiers fou-rires.
Les pleurs qu'on voudrait faire
cesser à n'importe quel prix, les pipis d'anges en jet sur mon
T-shirt, leur façon affamée de happer la tétine du biberon, leur
chaleur.
Leur plus petit doigt de pied si
minuscule, leurs ongles microscopiques .
M-V.Brulong
__________________
Il y a de l'ombre dans l'ombre de tes
yeux, as-tu oublié d'espérer, de rêver, de croire, de rire pour
éclairer ces yeux là. Il est trop tôt pour arrêter.Viens, allons
nous amuser, et entraîner ceux qu'on aime dans ces yeux. Jusqu'à un
épuisement total et à un relâchement de nos esprits .
Et ensuite nous allons faire un petit
tour sur la falaise par une nuit sans lune. Histoire de se sentir sur
le fil du danger, sur la crête de la mort, sur le temps qui glisse à
tout jamais. Et toi chère lumière, où vais-je te retrouver ?
Téléphone à l'électricien, histoire
de ne pas rester trop longtemps dans le noir. Lui faire réparer les
interrupteurs et remplacer les ampoules. Pas la peine ! J'habite la
cité radieuse car je fais la bonne taille avec les chaussures,
1m83... l'homme idéal d’après "le Corbusier" car je
peux changer une ampoule sans monter sur une chaise !!! Fin du n° 1
ou 2 .
Christian Duvoy
__________________
ah qu'il est beau le lavabo, qu'il est
laid mon NEZ
bref vous l'avez compris c'est du Lagaf
ou du DUVOY
ça fait rien,tout ça va se terminer
au cinéma X
dans tous les cas ça fera la une pour
le journal NEW
et oui c'est de l'anglais, je fais
comme le reflex de PAVLOV
faut dire qu'il est fameux le reflex de
Pavlov, t'as VU
gare à celui qui me critiquera ma
colère est aussi forte ET
haineuse que celle de Zeus quand il se
déchaîna contre LES
immensités de l’abysse féodale que
voulait le RAMENER
jusqu'aux enfers ce crétin de Neptune
alors qu'il était à vingt CINQ
kilogrammes de moins que lui, il
n'avait même pas fait plus que le LEP
lui qui se croyait supérieur, mais ce
n'était pas non plus un PRO
mais laissons le temps faire ; un
jour on sera main dans la MAIN
néanmoins je devrai passer à autre
chose sinon se sera l 'ULTIMATUM
ou je continue ou j’arrête, oui je
sais je gagne du temps, ah QUEL
philosophe je fais, je sens que je vais
craquer je ne suis pas en TEK
quand je pense que j'aurais pus être
un artiste et là le jour J
Rolland m'aurait félicité pour mes
prouesses de théâtre - on peut rêver - SI
seulement j'avais plus de mémoire,
mais c'est un muscle, pas un FLASH
toutefois je ne désespère pas même
s'il faut utiliser du SHAMPOOING
une dose ne suffira pas il faut prendre
de la hauteur, sur un AERONEF
« vive le monde »que
j'aurai aimé crier de la-haut car je serai LE
wonder man le plus puissant de ce monde
ingrat « vive Michel FIELD »
Xsara ma Citroën me ramène sur terre
ce n'était qu'un rêve AVEC
Yvette on partira en camping avec ma
tente je serai un vrai NABAB
zut, plus d'essence, je redescend
vraiment sur terre, sans NABILA .
Christian Duvoy
______________________
Source d'un exercice :
Il y a
Il y a un vaisseau qui a emporté ma bien-aimée
Il y a dans le ciel six saucisses et la nuit venant on dirait des asticots dont naîtraient les étoiles
Il y a un sous-marin ennemi qui en voulait à mon amour
Il y a mille petits sapins brisés par les éclats d'obus autour de moi
Il y a un fantassin qui passe aveuglé par les gaz asphyxiants
Il y a que nous avons tout haché dans les boyaux de Nietzsche de Gœthe et de Cologne
Il y a que je languis après une lettre qui tarde
Il y a dans mon porte-cartes plusieurs photos de mon amour
Il y a les prisonniers qui passent la mine inquiète
Il y a une batterie dont les servants s'agitent autour des pièces
Il y a le vaguemestre qui arrive au trot par le chemin de l'Arbre isolé
Il y a dit-on un espion qui rôde par ici invisible comme l'horizon dont il s'est indignement revêtu et avec quoi il se confond
Il y a dressé comme un lys le buste de mon amour
Il y a un capitaine qui attend avec anxiété les communications de la T.S.F. sur l'Atlantique
Il y a à minuit des soldats qui scient des planches pour les cercueils
Il y a des femmes qui demandent du maïs à grands cris devant un Christ sanglant à Mexico
Il y a le Gulf Stream qui est si tiède et si bienfaisant
Il y a un cimetière plein de croix à 5 kilomètres
Il y a des croix partout de-ci de-là
Il y a des figues de Barbarie sur ces cactus en Algérie
Il y a les longues mains souples de mon amour
Il y a un encrier que j'avais fait dans une fusée de 15 centimètres et qu'on n'a pas laissé partir
Il y a ma selle exposée à la pluie
Il y a les fleuves qui ne remontent pas leur cours
Il y a l'amour qui m'entraîne avec douceur
Il y avait un prisonnier boche qui portait sa mitrailleuse sur son dos
Il y a des hommes dans le monde qui n'ont jamais été à la guerre
Il y a des Hindous qui regardent avec étonnement les campagnes occidentales
Ils pensent avec mélancolie à ceux dont ils se demandent s'ils les reverront
Car on a poussé très loin durant cette guerre l'art de l'invisibilité
Il y a un vaisseau qui a emporté ma bien-aimée
Il y a dans le ciel six saucisses et la nuit venant on dirait des asticots dont naîtraient les étoiles
Il y a un sous-marin ennemi qui en voulait à mon amour
Il y a mille petits sapins brisés par les éclats d'obus autour de moi
Il y a un fantassin qui passe aveuglé par les gaz asphyxiants
Il y a que nous avons tout haché dans les boyaux de Nietzsche de Gœthe et de Cologne
Il y a que je languis après une lettre qui tarde
Il y a dans mon porte-cartes plusieurs photos de mon amour
Il y a les prisonniers qui passent la mine inquiète
Il y a une batterie dont les servants s'agitent autour des pièces
Il y a le vaguemestre qui arrive au trot par le chemin de l'Arbre isolé
Il y a dit-on un espion qui rôde par ici invisible comme l'horizon dont il s'est indignement revêtu et avec quoi il se confond
Il y a dressé comme un lys le buste de mon amour
Il y a un capitaine qui attend avec anxiété les communications de la T.S.F. sur l'Atlantique
Il y a à minuit des soldats qui scient des planches pour les cercueils
Il y a des femmes qui demandent du maïs à grands cris devant un Christ sanglant à Mexico
Il y a le Gulf Stream qui est si tiède et si bienfaisant
Il y a un cimetière plein de croix à 5 kilomètres
Il y a des croix partout de-ci de-là
Il y a des figues de Barbarie sur ces cactus en Algérie
Il y a les longues mains souples de mon amour
Il y a un encrier que j'avais fait dans une fusée de 15 centimètres et qu'on n'a pas laissé partir
Il y a ma selle exposée à la pluie
Il y a les fleuves qui ne remontent pas leur cours
Il y a l'amour qui m'entraîne avec douceur
Il y avait un prisonnier boche qui portait sa mitrailleuse sur son dos
Il y a des hommes dans le monde qui n'ont jamais été à la guerre
Il y a des Hindous qui regardent avec étonnement les campagnes occidentales
Ils pensent avec mélancolie à ceux dont ils se demandent s'ils les reverront
Car on a poussé très loin durant cette guerre l'art de l'invisibilité
Guillaume Apollinaire(1880 - 1918)
Tableau d'Apollinaire peint par Vlaminck en 1903
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