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Tarot de Marseille |
La fruitée géographie
Apt est la capitale mondiale du
fruit confit ! Mon préféré est la prune, pas trop sucrée, qui rappelle la
légèreté de l'air dans la Grand-rue. Son horloge, qui tinte comme deux verres
qui trinquent, longue comme l'angélique confite.
Le Grégoire à la terrasse large comme un melon où tout se passe,
les rencontres entre pommes et bonnes poires, les cerises d'un rouge renversé
sous une table.
Ici, les touristes se retrouvent après le marché où ils ont
dégusté les huiles d'olive, les
produits régionaux et prennent l'apéro.
Les collines, grandes vagues de menthe.
Le sommet Ventoux qui nous nargue coiffé de son sommet de
chantilly .
Les bories, petits refuges en rectangles de sucre, qu'on pourrait
tremper dans le Calavon,
rivière de café où les canards sont heureux.
Comment réussir à échouer ?
Je ne veux plus vivre dans un
lieu inconfortable .
J'ai fait refaire l'électricité, ça a duré six mois, j'ai vu
défiler quatre électriciens, très
aimables mais ayant le défaut de disparaître au milieu du boulot a
faire ! je me suis donc
bien gelée cet hivers ...
Pour l'isolation des combles, je n'ai eu qu'un seul artisan qui
par contre a reporté le travail
trois fois, j'ai donc débarrassé l'accès Trois fois, ouf.
Le menuisier n'a
reporté qu'une fois :super-pro !
La penderie s'est effondrée, j'ai laissé le tas tel quel, ras le
bol.
Je suis partie me reposer deux mois, il fallait au moins ça.
De retour en forme,je me retrouve "la tête dans les
toilettes", la chasse d'eau ne fonctionne
plus, non ? si si.
Bien venu chez moi !!!
Une histoire de tarot marseillais
(voir Italo Calvino)
L'homme s'invita a
ma table, tant le bar était bondé. Il m'expliqua par gestes qu'il était muet.
Il me montra la carte de L'amoureux, j'en conclut qu'il l'était . Puis Le
diable, celui-ci avait du lui causer des problèmes ou jeter un sort sur sa relation .
La justice apparut
ainsi que La force dont il aurait besoin pour l'obtenir.
Il invoqua La lune
qui fit apparaître Tempérance à ses cotés.
Le soleil réchauffa
leur amour.
Quand il firent
tourner La roue de fortune un chariot leur fut offert et ils purent partir
vivre leur amour en paix.
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Le chat de mon fils
Ma fifille a le temps
Elle passe des heures
à lustrer son parement
Pour
charmer les chats du bonheur
Ma fifille aime les gratouilles
Elle les réclame de sa petite patte
Alors
nous on farfouille
Ses
poils et jamais elle ne se carapate
Ma fifille est très noble
Du moins semble elle le croire
Elle nous toise, c'est un comble
De ses yeux ronds où l'on se moire
Ma fifille dors beaucoup
En n'importe quel lieu
Elle a raison, ça vaut le coup
S'il y fait chaud, c'est encore mieux .
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Un français expulsé de France !
(inspiré par « un aller simple de Didier Van
Cauwelaert)
Ça y est, me voilà dans l'avion
qui m'emmène vers l'Inde où je n'ai jamais mis les pieds.
Mes seuls bagages sont un sac à
dos où j'ai fourré tout ce que j'ai pu pour mon hygiène, ma santé, quelques
fringues et quatre ronds, on ne m'a autorisé qu'un seul sac !
Je vais arriver là-bas sans point
de chute, j'espère ne pas être casé dans les intouchables.
Nous atterrissons, l'endroit est assez peuplé. Je marche
vers ce qui me semble être le centre ville. J'espère y trouver une sorte de
dispensaire ou un local caritatif ou
social. J'ai tout de même de vrais papiers indiens, mince! Je trouve un lieu
qu'on ne peut pas vraiment appeler « local ». C'est un petit carré de
tôle où un indien qui parait avoir une certaine autorité sur la population parle au moins indien, anglais
et espagnol, pas mal ! Il est aidé par deux personnes en mission humanitaire
sociale et médicale. Sihanat me suggère de repasser le lendemain et me donne
bon espoir de me trouver un peu de bricolage à faire pour gagner quelques sous
et me permettre de m'intégrer.
Pour dormir, il me propose de
m'éloigner du centre et de chercher un coin tranquille le mieux serait un
buisson. J'obtempère et m'enroule dans ma veste pour la nuit. Vous devez vous
douter que j'ai peu dormi ! Le lendemain
, je retourne voir Sihanat qui tient ses promesses.
Un an après, je suis serveur dans
un restaurant indien, je connais les traditions et commence à m'initier à
l'hindouisme. J'ai eu beaucoup de chance mais avant d'en arriver là, j'ai vécu
des périodes et des rencontres
difficiles et parfois douloureuses.
Je pense à tous ceux qui étaient
dans le même avion que moi et n'ont pas eu la chance de rencontrer Leur
Sihanat. J'ai une vie heureuse aujourd'hui mais il restera toujours au fond de
moi, la blessure profonde de mon expulsion comme on jetterait du papier
toilette usagé.
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Limericks
Un
bègue de Caen dit des cancans
sur toutes les nanas y vivant
Il
aime les femmes
Les appelle "Madame"
Adore le sexy french-cancan
Il
était un mec de Dubrovnik
Aussi frileux qu'un gros moustique
Il met une parka
Presque
dans tous les cas
Il part au sud par le prochain Spoutnik
Il était un mec de Narbonne
Qui étudiait à la Sorbonne
Financé par son père
Il le vivait très pépère
Son lit vit même passer la bonne !
J'ai rencontré un vieux kanake
Qui
avait encore la gnaque
Il
vit comme un jeunot
et joue les julot
Un jour sa morue lui mit une claque .
Elle a toujours habité Bruxelles
Son nouveau voisin la harcèle
Elle veut fuir de suite
Ne pas lui offrir sa fuite
Elle le prendra par sa ficelle .
Il
l'invite à dîner au Ritz
Elle se rappelle qu'il s'appelait Fritz
Prend les plats les plus chers
Il lui a mis les nerfs
S'il veut payer ! typique d'un fritz ...
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Mon salon
En entrant, on s'accroche à la petite
marche en bois, on trébuche, on se redresse et on voit plein de meubles
dépareillés. D'abord, le canapé de ma mère en velours marron clair. Il faut
compter quinze à vingt minutes pour le transformer en lit, comme quoi il n'est
pas convertible mais transformiste. Une fois qu'on l'a ouvert, il reste quinze
centimètres entre le canapé et le bureau. Sont éparpillés six petits coussins
marrons. Les murs sont ocres-jaunes. Ensuite, une étagère supportant la plante,
la boite à bijoux, les bouquins etc. Devant, le chauffage de secours a gaz
recouvert d'une grande lirette et servant aussi d'étagère y règne une rampe
électrique pour charger : téléphone, cigarette, baladeur, appareil photos et
autre ... C'est Orly : voyants rouges, verts, bleus. Puis l'espace pour
l'étendoir qui voyage beaucoup. Dans le coin, les radiateurs et la vieille télé
de Rolland. Sur ce mur deux scrackbooking (le deuxième à finir).
On tourne, nous voilà face à la porte-fenêtre
d'où on voit un balconnet où on peut caser deux chaises . Il y a une
tringle à rideau depuis peu, posée par le plombier. La salle de bain, on tourne
encore, voici le bureau, lieu de passage pour les objets à la recherche d'une
place. Dans ce coin là, l'étagère à cd et le meuble bas de bricolage, dessus,
une minichaîne à trois euros qui clignote tout le temps la mauvaise heure. La
psyché que les déménageurs ont cassé et que J-M réparera un jour. La télé qui
s'éteint quand elle est fatiguée et se rallume seule. A gauche, l'alcôve qui
ouvre sur la chambre, grand rideau marron. Au milieu, une table de salon que
l'on n’a plus vu depuis longtemps, elle est pleine en permanence, c'est mon
lieu de vie, mon sac est posé parterre contre le canapé en entrant. Un pouf en
osier pour les petits poids et le gros fauteuil assorti au canapé. Dernier coin
: étagères pleines à craquer de cadeaux, souvenirs, déco.
Je les aère un peu en transférant certains objets
sur les scrackbookings.
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Jacques part à la guerre
C'est aujourd'hui. Fanny s'est levée très
tôt pour bien vérifier son barda, ses réserves de victuailles . elle lui a
préparé un énorme petit déjeuner. Maman est assise prés de la fenêtre et se
prépare à le regarder partir. Personne n'ose parler, l'atmosphère est pesante.
Que dire ? L'armée lui a fourni des bandes
molletières, un uniforme. Jacques est une bleusaille, c'est la première fois
qu'il porte tout ça. Il est terrorisé à l'idée de se trouver face à des boches.
Il n'ose pas le dire à Fanny qui parle déjà de sa prochaine permission. Il
s'embrassent fort et longtemps tous les trois en chuchotant des promesses de
retour, de projets, d'éternité ...
Elles le regardent de la fenêtre, partir à
pieds vers la gare jusqu'à ce qu'il disparaisse de l'horizon. Puis elles
tombent dans les bras l'une de l'autre et pleurent, Longtemps ...
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À la campagne
On entre par la petite véranda
qui est aussi l'atelier de couture. À droite l'entrée de la grande salle de séjour
où trône une grande table et au fond une cheminée.
Tout droit au fond, la petite
cuisine sous le toit où une poutre basse au dessus de l'évier faisait que ma
tante s'y cognait souvent la tête. Je passais le jaune d'œuf sur les croquants
qu'elle confectionnait avec art.
À droite de la grande salle se
trouvent la salle de bain et un escalier vertigineux qui nous conduit aux chambres et encore plus bas, une
petite porte nous amène au fond du garage.
Dans ce recoin sur des chiffons,
s'est produit une chose qu'on voit rarement, Pénélope, la chatte angora mettait
bas et Pupuce la toute petite chienne léchait soigneusement les chatons à
mesure qu'ils venaient au monde. Ça a été pour moi un spectacle merveilleux et
inoubliable !
Nous sortons dans la cour par le
garage. Quand on sort par la véranda, il y a des escaliers collés au mur qui
descendent à la cour. La rampe est couverte de rosiers grimpants qui font un
rideau de verdure taché de rouge, de jaune et de rose. Le gravier porte les
marques de la dernière partie de boules.
Sur la droite, en bas du chemin,
un prunier qui a l'habitude d'être secoué donne des reines-claudes succulentes
natures ou en tartes. En face, une terrasse et un banc en pierres plates
construit en rond autour d'une table faite de planches de bois. La table est
ronde aussi et accueille en son milieu le tronc d'un tilleul dont l'ombre
rafraîchit ce lieu calme et paisible . De là, on voit la colline qui descend
vers Apt en ondulant. L'endroit est serein, amène au repos, à la discussion intime.
Sous nos pieds, les H L M à
lapins ( les pauvres ). On voit aussi le champs de tomates. On les appelle des
olivettes . Elles contiennent la tiédeur de l'après-midi et sont succulentes
mangées assis dans la terre, entre les plants.
Quand on quitte ce lieu, on sait qu'on y reviendra car les
souvenirs de parfums, de goûts, de plénitude, de beauté, nous ne les oublierons
jamais.
M-V . Brulong