Gif Atelier


L'atelier d'écriture de Gardanne se déroule au siège de l'AAI, 35 Rue Borely, 13120 Gardanne
chaque vendredi de 14h à 16h.
Pour contacter l'AAI utiliser l'adresse e-mail : aai.esj@wanadoo.fr ) ou téléphoner au 0442515299

L'atelier d'écriture de la Méjanes d'Aix se déroule chaque jeudi de 10h à 12h à la Mareschale, 27 avenue de Tübingen 13090 Aix-en-Provence (TEL : 04.42.59.19.71 - e-mail Ecrits.Alaai@gmail.com ) et aussi le premier lundi du mois (même heure, même lieu).

L'animation ci -dessous représente l'aspect avant tout ludique de cet atelier gratuit ouvert à tous. Du rire et de la légèreté...

vendredi 12 octobre 2012

La première gorgée de bière et des instants gardannais


Vendredi 12 octobre 2012

Consigne: écrire des instants minuscules à la manière de Philippe Delerm

Train à vapeur 

La pancarte et la fiancée


   On sait bien que, quand on est amoureux on fait n’importe quoi, surtout à 15 ans.
   On attend sa dulcinée. On sait qu’elle va arriver vers 17h et qu’après on va se balader en la raccompagnant chez elle mais en prenant le chemin le plus long.
   Quand on arrive sur le lieu où elle est, normalement là on la cherche du regard, si on ne la voit pas tout de suite, c’est la panique et on tourne la tête à gauche, à droite. On regarde sa montre, peut-être qu’elle ne marche pas, qu’elle est en panne. On tapote dessus. Si ! La trotteuse fonctionne.
   Alors qu’est-ce qui se passe ? le bus ? En retard ou il était en avance et elle est déjà partie sans nous attendre ? Pas possible.
   On avance doucement sans savoir où aller et tout à coup un bruit de gros moteur. C’est le bus qui arrive derrière mais on se retourne tout content et on ne se rappelle plus qu’il y a un superbe panneau en béton et quand il nous arrive dans la tête, le son du choc fait qu’on n'entend plus le bruit du moteur ni celui de l’être attendu. On a l’air tout simplement con, surtout que ce n’était pas le bon bus !
(Chritian Duvoy)

Le réveil sonne


   Le réveil sonne. On l’éteint violemment. On enfile les pantoufles au radar. Bon sang ! Où est passé le pied gauche ?. On s’enroule dans la robe de chambre qui traîne parterre. On renverse du déca  à coté de la tasse, sur la robe de chambre puis on se pose sur le coin du canapé avec déjà la clope au bec. Ah ! La première bouffée qui nous fait nous arrondir et replonger au fond de la robe de chambre en tournant la cuillère dans la tasse. Merde ! On n’a pas mis le sucre ! On la tète cette première clope avec des gorgées de déca intercalées. Elle est déjà finie.
   Bon, on en allume une autre ou on file à la salle de bain en s’interdisant de réfléchir ?
   On abandonne la chaleur du lit sur le canapé en même temps qu’on sort de la robe de chambre en se disant :
Pourquoi si tôt ?  
(Brigitte)

Un jour ordinaire qui commence


      Un rayon de soleil pénètre la chambre qui s’envahit de bien-être. On se perd en songes quand soudain : « Chéri, le petit déjeuner est prêt. J’ai été acheté des croissants. »
-         Merci amour, tu peux me passer ma rocbe de chambre. Je vais te conduire à ton travail si tu veux. C’est sur ma route.
-         Merci. C’est sympa. Et ce soir comment je rentre ?
-         Je viendrai te chercher.

On est si bien quand la journée commence si bien. Comment décrire ces moments ordinaires ? On ne demande rien et même le patron vous ouvre la porte en entrant au bureau… Quand soudain on entend une sonnerie qui nous ramène à une réalité un peu moins plaisante.
Après tout, on est quand même pas si mal quand on prépare le petit déjeuner pour tout le monde.
(Didier L.)

Marseille-Ajaccio


   On s’amusait bien avec mes cousins durant la traversée Marseille-Ajaccio quand on était petit. On ne dormait pas de la nuit. On explorait le bateau dans tous ses recoins. On passait des heures à jouer aux jeux vidéo.
   On tapait aux portes des chambres des autres passagers pour les réveiller. On versait de la soupe de notre grand-mère dans les toilettes et dans les couloirs pour faire croire que c’était du vomis…
   On rigolait bien à cette époque.
(Florent C.)

Les flyers


   Lorsqu’on marche au centre ville c’est parfois qu’on a quelque chose de précis à y faire. Un rendez-vous avec un ami qu’on n’a pas vu depuis longtemps, ou chez le médecin ou des courses à faire dans ce si joli magasin. Parfois, on n’a pas d’objectif précis et on sort juste pour prendre un peu l’air. On a passé la journée enfermé, sur l’ordinateur et on se dit qu’un peu d’animation ferait du bien. Mais on sort rarement dans l’intention de collecter des programmes culturels.
   Le flyer ou autre plaquette colorée se présente à l’improviste. Il surgit à la hauteur du comptoir d’un café. Il est exposé sur un présentoir de boutique pour attirer le chaland. Il surgit parfois d’endroits parfois improbable : boulangerie, boucherie, camion à pizza. Ses couleurs vives attirent l’œil. On se laisse tenter. On aura bien un moment pour aller au spectacle. Ou alors on est très disponible. On fait la razzia. On les prend tous. Même ceux des autres départements. On sait jamais. On ira peut-être.
   Les flyers viendront donc s’entasser au fond du sac. On aura bien un moment pour les consulter. Voir ce qui est vraiment intéressant. On en prend d’autres au cas où.
Puis on jette le tout quand le sac à main déborde.
 (Zoeffine)

Le voyage dans le train des vacances


   À la période des vacances, on prenait le train pour aller voir la famille. Un train à vapeur ou parfois un des premiers trains électriques.  On cherchait le bon wagon puis on trouvait le bon compartiment avec ses deux banquettes faites de quatre sièges et trois accoudoirs. Une cloison épaisse séparait cet espace vital du compartiment suivant. Aussi on s’appropriait son nouvel habitat, sa nouvelle caravane.
   Les premiers bonjours étaient timides, les premiers pas pour trouver sa place sous une photo en noir et blanc d’un paysage bien français étaient précautionneux et puis on s’asseyait. Chacun jaugeait et jugeait probablement ses nouveaux voisins. On attrapait le rictus d’un d’eux mais dès qu’il tournait la tête on en faisait de même en donnant l’impression de n’être intéressé que par les photos ou le contenu d’un cendrier. Surtout ne pas sembler être trop curieux ou pire voyeur.
   Au bout d’une vingtaine de minutes une première conversation commençait généralement sur le temps ou le paysage ou la fenêtre entre-ouverte qui laissait passer un peu trop de fumée. Des phrases sages et polies jusqu’au moment du casse-croûte. Là, une personne sortait de son sac le pain, le vin (si c’était un homme) et le sauciflard ainsi qu’un Opinel de bonne taille. Premières bouchées suivies des premières offres aux voisins : « Vous prendrez bien un peu de saucisson. C’est du pur porc, vous savez. »
   Premiers sourires, premiers refus de politesse, un autre panier était ouvert par la mère près du couloir. Elle aussi offrait un bon sandwich d’abord à son enfant qui regardait les pilonnes et les vaches défiler à travers la vitre plus ou moins tachée puis aux colocataires temporaires. Premières blagues, premiers éclats de rire, premiers rappels à l’ordre sous la forme de coups de sifflets.
   La locomotive 241 P 35 ralentissait et s’arrêtait à la gare. Des passagers aux valises lourdes descendaient et l’on entendait divers « dépêche-toi ». La tension de ces vagues montantes et descendantes contrastait avec le ton désormais rigolard envahissant le compartiment. Au son du sifflet du départ, l’enfant qui avait un besoin pressant pouvait enfin aller aux toilettes – l’interdiction était passée – et pendant qu’il s’était éclipsé des bouquets de compliments sur cet enfant « bien sage » étaient envoyés à la maman.
   Trois heures de partage dans cette ambiance chaleureuse avaient détendu les zygomatiques avant les pressés « dépêche-toi » de la fin de son voyage.   

(Rolland Pauzin avant qu’il ne lise la version de Philippe Delerm qui contient pas mal de détails très similaires tel l’Opinel, le saucisson, les photos en noir et blancs, les regards … mais je pardonne P. Delerm pour son plagiat par anticipation. Ah ! si Rolland avait siroté la première gorgée de bière de Philippe plus tôt, il n’y aurait pas eu de « copiste » dans cet atelier !)

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Texte lu avant de faire l'exercice : L'inhalation de Philippe Delerm (un des 34 textes de la première gorgée et les plaisirs minuscules)


L'inhalation


   Ah! Les petites maladies de l'enfance vous laissent quelques jours de convalescence, à lire au lit des Bugs Bunny! Hélas, quand on vieillit, les plaisirs de la maladie deviennent rares. Il y a le grog, bien sûr. Prendre un bon grog corsé tout en se faisant plaindre est un moment précieux. Mais plus subtile peut-être est la volupté de l'inhalation.

   On ne s'y résout pas tout de suite. De loin, l'inhalation paraît amère, vaguement vénéneuse. On l'assimile aux gargarismes, qui laissent dans la bouche un goût fade et cuivré. Mais après tout, on est si mal, la tête lourde et prise. On a soudain l'impression qu'un peu de mieux viendra de la cuisine. Oui, près du fourneau, de l'évier, du réfrigérateur, une espèce de simplicité fonctionnelle peut vous soulager. Le flacon de Fumigalène est là, sur l'étagère, à côté des sachets de tilleul et de thé. Sur l'étiquette, un profil démodé happe avec délice une volute de fumée blanc neige. C'est cela qui décide: cette impression de renouer avec un rituel démodé.
   On fait chauffer de l'eau. Autrefois, on avait un inhalateur en plastique dont les deux parties se déboîtaient toujours et qui laissait des cernes sous les yeux. En éloignant un peu son livre, on pouvait même lire. Mais maintenant, on a perdu cet appareil, et c'est encore mieux. Il suffit de verser l'eau bouillante dans un bol, d'y ajouter une cuillère de ce liquide doré, translucide, qui aussitôt versé diffuse un nuage verdâtre, pois cassé. On se couvre la tête d'une serviette-éponge. Voilà. Le voyage commence, et l'on est englouti. De l'extérieur, on a toutes les apparences de quelqu'un qui se soigne sainement, avec une énergie mécanique et docile. En dessous, c'est autre chose. Une sorte de ramollissement cérébral gagne, et on plonge bientôt dans une moiteur confuse. La sueur monte aux tempes. Mais c'est à l'intérieur que tout se joue. Une respiration régulière, profonde, apparemment vouée à la libération méthodique des sinus, initie au pouvoir du Fumigalène pervers. Parfaitement immobile, on erre délicieusement avec des gestes d'une ampleur amphibienne dans la jungle pâle du poison vert tendre. L'eau vient de la fumée, la fumée vient de l'eau. On se dilate dans l'évanescence, et bientôt la torpeur. Tout près, très loin, des bruits de repas préparé viennent d'un monde simple. Mais immergé dans la vapeur des fièvres intérieures, on ne veut plus lever le voile.

(La première gorgée et les plaisirs minuscules de Philippe Delerm)


Voilà le texte de P. Delerm sur le vieux train. Texte qui n'avait pas été lu dans l'atelier mais Rolland Pauzin, sans connaître ce texte, a écrit une version très ressemblante. Comme quoi ces instants ou plaisirs étaient bien partagés par de nombreuses personnes.


Dans un vieux train


   Pas dans le T.G.V., non! Ni dans le turbotrain, ni même dans un train corail. Mais dans un de ces vieux trains kaki qui sentent les années soixante. On s'attendait à l'asepsie fonctionnelle d'un wagon tout en longueur, à l'ouverture automatique d'une porte coulissante. Mais sur cette ligne familière, c'est bien un vieux train d'autrefois qu'on a remis en service ce jour-là. Pourquoi? On ne le saura pas.

   On avance dans le couloir. Le premier geste qui change tout, c'est de tirer la porte du compartiment. Dans une bouffée de chaleur électrique et molle, on accède par effraction à une intimité plus ou moins vautrée, plus ou moins distante: on vous toise de bas en haut. Foin de l'anonymat des wagons monolithiques! Ne pas saluer, ne pas s'enquérir de la possibilité de prendre place relèverait de la barbarie. Il y faut même une sorte d’inquiétude chagrine qui fait partie du rite. C'est le sésame. Ayant requis l'honneur de s'intégrer au salon familial, on y est accepté par un assentiment qui tient du borborygme.
   Dès lors, on peut se caler coin-couloir et déplier les jambes. Le regard de chaque passager obéit à une petite gymnastique instinctive et complexe: pause possible sur le sol noir caoutchouté, entre les pieds des occupants; pause prolongée bienvenue juste au-dessus des visages. Les positions intermédiaires – les plus intéressantes pourtant – sont à effectuer furtivement. Mais nul n'est dupe: l'acuité de l'œil dément alors la pudeur de sa course. Une échappée vers le paysage semble de bon aloi, avec étape sur les cendriers plombés gravés S.N.C.F. Mais c'est en haut, près du miroir clouté, que l'œil revient se poser à son aise. Dans un petit cadre métallique, le cliché noir et blanc de Moustiers-Sainte-Marie (Hautes-Alpes) ne suscite pourtant aucun désir d'évasion. Il éveille davantage une vie ancienne, propre aux usages compartimentaux, aux casse-croûte. On y respire presque une odeur de saucisson coupé à l'Opinel, on y pressent le déploiement de la serviette à carreaux rouges. On se replonge dans l’époque où le voyage était évènement, où l'on vous attendait sur le quai de la gare avec des questions protocolaires:
   – Non, j'étais bien. Coin-couloir, un jeune couple, deux militaires, un vieux monsieur qui est descendu aux Aubrais.


(La première gorgée de bière et les plaisirs minuscules de Philippe Delerm)

Photo: Train à vapeur des années 1950-1960

dimanche 7 octobre 2012

Le baiser génère du bonheur

L'horloge et l'arbre de Dali


Deuxième exercice du vendredi 5 Octobre était le suivant :

Chaque participant prend un des livres posés sur la table et traitant de sujets très variés.
il prend dans une page 1 nom 1 verbe 1 adjectif  et un autre nom
Puis refait un autre choix  dans deux ou trois autres pages (en fonction du nombre de participants)

On construit ensuite un texte de la façon suivante :
Prendre le nom du premier participant, le verbe du second, l’adjectif (ou l’adverbe) du troisième puis le nom du quatrième pour former la première ligne. Et ainsi de suite jusqu’à ce que l’on obtienne environ 10 phrases/lignes.

On se permet d’intervertir verbe et adjectif ou nom et adjectif et l’on ajoute des mots de liaisons pour donner au texte une allure plus cohérente.

Solutions proposées pour ce travail en commun :

Tout baiser génère du bonheur


Sur la fenêtre un baiser incompréhensible. Une femme
de Bougie parle comme un insignifiant phoque
Au cardinal qui pêche devant trois horloges froides :
« ô, triade mystérieuse que mastique le canaque ? »

Son cœur entendu sous sa belle main
homozygote bat encore tandis qu’un arbre aussi singulier
qu’un piano, s’étudie à travers des lunettes successives.

Mais l’évènement lasse les amoureux du jardin.
Lors un doigt excitant change leur haleine
Et leurs yeux reviennent au bonheur quotidien.

TABLEAU : l'horloge et les montres molles dans "persistence of memory" de SalvadorDali (persistance de la mémoire) 

vendredi 5 octobre 2012

Femme nue, femme noire - style invocatoire africain



Vendredi 5 octobre 2012

Illustration d'une "Femme nue, femme noire" de L. S. Senghor par  Marie Guillemine Benoist (1800)


Le premier exercice utilisant le style invocatoire de la poésie africaine (voir consigne au bas de la page) a permis de produire les poèmes suivants :

Enfant rude, enfant roi


Enfant rude, enfant roi
Je t’ai donné la vie, je ne la garde que pour toi
C’est très dur mais tu y as droit,
Tu ne me l’as pas demandé mais c’est ma mission
Je le sais, je le sens tout au fond.

Enfant rude, enfant roi
Aide-moi à aller jusqu’au bout
Oblige-moi à ce qui là,
Me porte et à la fois m’insupporte
Sinon pourquoi t’avoir créé.

Enfant rude, enfant roi
Vis la vie que tu aimeras
Fais ton choix en dehors de moi
Je te la souhaite si belle
Qu’un jour par elle tu t’en iras.

Enfant rude, enfant roi
Non, je ne t’oblige pas
Mais je serai toujours là
Au fond de ton cœur immense
Ma place à moi elle est là.

Enfant rude, enfant roi
Malmène-moi, tu en as le droit
Tu n’as pas choisi d’exister
Dans ce monde où tu seras
Toi aussi malmené par toutes ces réalités.

(Brigitte)
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Mistral fou, Mistral froid



Mistral fou, Mistral froid
Les tuiles volent par ton souffle
Les ifs et cyprès courbent leurs dos sous ton poids
Les cheveux se battent entre eux grâce à toi.

Mistral fou, Mistral froid
Pourquoi pousses-tu toujours vers le Sud ?
Pourquoi cette violence qui nous rend fou aussi ?
Pourquoi cognes-tu nos volets et nos portes ?
Personne ne veut que tu nous emportes.

Mistral fou, Mistral froid
Les enfants s’excitent avec ta folie
Les parents giflent les joues en furies
Les vieux tombent à genoux en te suppliant…
Et toi tu t’amuses sur nos ponts.

Mistral fou, Mistral froid
On compte tes jours.

(Rolland Pauzin)

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Canto carré, canto coupé


Canto carré, canto coupé
Au son superbe, supplicié
Aux sentiments saccadés
Aux syllabes sectionnées
J’écoute tes soupirs stylisés

Canto carré, canto cloué
Tantôt taré, tantôt étripé
Toute turpitude tassée
Toute amplitude pelotée
J’entends tes tons crispés, tonifiés

Canto carré, canto coupé
Clone calfeutré, constipé
Communication quantifiée
Coup de cloche cassée
Approche ton creuset criblé

(Michel René Alix) -  5 octobre 2012


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Fête belle, fête bleue


Fête belle, fête bleue
Corse éternelle, Corse rebelle
Vacances de rêve, vacances trop brèves
Filles de rêve, filles de mes rêves

Fête belle, fête bleue
Eau limpide, eaux impulsives
Montagnes extrêmes, montagnes superbes
Brumes rosées, brumes de mes pensées

Fête belle, fête bleue
Plages dorées, plages adorées
Sable blond, sable rond
Femmes bronzées, femmes sucrées

Fête belle, fête bleue
Nuits agitées, nuits partagées
Réveil difficile, réveil d’un sourcil
Café énergique, café tonique

Fête belle, fête bleue

(Christian Duvoy)
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Exercice écrit le  09/11/2011 pour l’atelier d’écriture des archives du cg13
et revu le 5 octobre 2012 pour cet atelier

Femme rouge, femme fauve de Fernand Khnopff

Femme rouge, femme fauve


Femme rouge, femme fauve
des années folles,
des trottoirs de la ville
des marins débarqués
Cours-tu encore à travers l’imaginaire des clients amoureux ?

Femme rouge, femme fauve
Échappée du carcan familial
Échappée du traintrain déprimant
Échappée de l’église
Cours-tu encore à travers les rues de ta prison ?


Femme rouge, femme fauve
battue par ton mec,
par ton mac
par ton micmac
passes-tu encore à travers les coups de mains des cow-boys ?

Femme rouge, Femme russe,
rousse, rougissante, rougeoyante, rutilante
mais jaunie par la cibiche
Brûles-tu encore ?

(Rolland Pauzin)

Femme rousse de Toulouse-Lautrec
Femme rousse assise Tououse-Lautrec

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Matériel de référence utilisé pour la première consigne :

Femme nue, femme noire


Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au cœur de l'Été et de Midi, je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l'éclair d'un aigle.

Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée.

Femme nue, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.
Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire
A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Éternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie.

(Chants d'ombre – Léopold Senghor - Sénégal )



dimanche 30 septembre 2012

Je me souviens que Reda Caire ... et oui souvenirs souvenirs


Textes à lire :

Je me souviens écrit par Georges Perec





1  Je me souviens que Reda Caire est passé en attraction au cinéma de la porte de Saint-Cloud

2  Je me souviens que mon oncle avait une 11 CV immatriculée 7070 RL 2.

3  Je me souviens du cinéma Les Agriculteurs, et des fauteuils club du Caméra,
et des sièges à deux places du Panthéon.

4  Je me souviens de Lester Young au Club Saint-Germain; il portait un complet de soie bleu avec une doublure de soie rouge.

5  Je me souviens de Ronconi, de Brambilla et de Jésus Moujica; et de Zaaf, l'éternel "lanterne rouge".

6 Je me souviens qu'Art Tatum appela un morceau Sweet Lorraine parce qu'il avait été en Lorraine pendant la guerre de 14-18.

vendredi 28 septembre 2012

autobiographie fictive à travers le regard d'une célébrité


Ma vie avec le docteur Lacan


"Un livre est l'autobiographie
de son titre et comme tel, la narration
d'une singularité", Fin de citation.

1.
A vingt ans je découvris très belle une amie d'enfance. Je l'aimai. Elle s'appelait Sylvia.

2.
Son père était Paul Bénichou. Sa mère, Gina, était née Labin.

3.
Nous allâmes un jour voir un film de Jean Renoir. Le crime de Monsieur Lange. J'appris que l'actrice principale avait été amie très proche de Gina Labin-Bénichou. Son nom était Sylvia Bataille.

4.
Je me rappelle que Paul Bénichou, toujours d'une élégance irréprochable, parla plusieurs fois, en ces temps anciens, des gilets colorés que portait, en leur commune jeunesse, son ami Lacan. Il me semble que c'était avec une discrète ironie.

5.
Nous eûmes une fille, dont le prénom fut Laurence : Laure est un prénom provençal, le prénom de la cousine de mon père, qui vivait à Saint-Jean du Var ; un prénom de poésie. Par ailleurs Laurence Bataille était la fille de Sylvia Bataille.

6.
En 1961, après le suicide de mon frère j'étais, militaire rapatrié médical du Sahara, au pavillon des isolés de l'hôpital du Val-de-Grâce. Le docteur Lacan accepta la responsabilité de ma sortie, et de mon retour dans mes foyers. Il me reçut une heure chez lui. Je ne me souviens que de silence.

7.
En 1965 probablement, en compagnie d'un de mes amis d'alors, le mathématicien Philippe Courrèges, je lus et essayai de comprendre le Séminaire sur la lettre volée.

8.
Un jour, à la fin de 1968 je crois, je reçus un coup de téléphone. Je décrochai et entendis une voix dire : "C'est moi". Il y eut un nouveau silence. "Ici Lacan" (je ne suis pas sûr des ces mots-là, mais je suis certain des deux premiers), "il faut que nous nous voyions."

9.
Nous prîmes donc rendez-vous ; je vins le chercher chez lui, rue de Lille ; nous avons marché dans la rue ; mais il ne m'a pas dit pourquoi il m'avait convoqué.

10.
Ainsi, nous nous étions rencontrés deux fois.

11.
Je ne l'ai jamais revu.



Jacques Roubaud, édition l’attente, 2004.

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Commencé aujourd'hui ce journal : désireux que je suis de noter mes toutes premières impressions.
Désagréables.
Le lait chaud comme ils appellent ça, c'est dégoûtant ; ça ne vaut pas le liquide amniotique.
On m'a lavé  et me voici encore tout aveugle dans mon berceau. C'est très intéressant.
Dormi vingt heures. Pleuré quatre. Décidément, je ne me fais pas au lait chaud.
J'ai fait aussi : dans mes langes.
Papa dit que je serai écrivain. Il me prit dans ses bras, mais il faillit me laisser tomber. La nurse l'a disputé ; c'est elle qui me saupoudre les génitoires avec de la poudre de talc.
Pleuré. Dormi.
Dormi. Pleuré.
Je commence à m'habituer au lait chaud, que je ne trouve point si désagréable . Lu Iphigénie.
Suivi un doigt dans l'espace : c'est une expérience, car j'ouvre maintenant les yeux.
Relu Iphigénie.
Je reprends ce journal après soixante-quatorze ans d'interruption. Je suis bien fatigué.

Dormi, pleuré  de Raymond Queneau, Le Castor Astral, 1996

Consigne :

  1. écrire 5 phrases commençant par « je me souviens de » suivi du nom d’une personne connue.
  2. Passer la feuille à son voisin de gauche qui va choisir une de ces 5 phrases
  3. Reprendre sa feuille et écrire sur 8 pages A6 des souvenirs fictifs mais à l’apparence autobiographique, tout en utilisant le personnage de sa phrase choisie par le voisin.


Les textes crées :

Camille Claudel, L'âge mûr (Musée d'Orsay, Paris, 1899)

  1. « Je hais Auguste, il me vole mon art comme si je le lui devais. »
  2. Je suggère à Camille de se détacher de lui mais elle l’aime trop
  3. Elle me dit qu’elle préfère être dépossédée de ses œuvres plutôt que de ne plus être sa maîtresse.
  4. Je ne peux pas accepter ce choix et lui dit qu’Auguste est égoïste, nombriliste, manipulateur.
  5. Elle me dit que je me trompe et qu’il l’aime sans le montrer.
  6. Je lui dis qu’elle se voile la face, que je suis en colère contre lui, mais c’est sa vie et c’était son destin. Elle l’a accepté.
  7. Elle me dit que j’ai trop influé consciemment sur les évènements dans ma propre vie.
  8. Je luis dis que je le réalise maintenant et qu’elle a raison, on ne doit pas se mentir à soi-même et aller contre ce qui est écrit.

 (auteur anonyme)

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Le et la vie

Tout ce que vous voulez savoir sur le sexe, la vie et le vit (Woody Allen)





Je me souviens quand à 30ans je m’allongeais sur le divan de Woody Allen,
le psy si branché sur le sexe que cela en devenait amusant.
Je lui racontais mes déboires amoureux. Lui écoutait.

À Trois ans, mon amie Sophie, qui n’était pas sage, m’avait mordu la langue.
J’en conclut qu’elle voulait manger de la langue de bœuf
et donc en bon sophiste que je suis : j’étais un bœuf !

À trente-cinq ans, je me retrouvais avec des poulets qui me parlaient de bœuf aux carottes.
En bon sophiste j’en conclut que j’étais roux comme un poil de carotte.
Pourtant le miroir me renvoyait l’image d’un brun !

J’étais donc Monsieur Brun quand Woody Allen me demanda mon nom.
Mais il partit dans une analyse judéo-judéante qui me faisait monter une vache dans un rodéo.
Le genre d’image débile qui amuse tous les new-yorkais et les Woody !

À cinquante ans, je revis Woody qui semblait perdu en sortant de l’hôtel Shelbourne au centre de Dublin.
Je voulus l’aider en lui demandant ce qu’il avait appris sur le sexe …
Mais il était sourd !

Pas un mot.
Pas une lettre.
Pas un point !

Je me replonge à nouveau dans mon passé.
À 15 ans j’ai adoré Annie Hall qui sortait des mains de Woody.
Je la voulais sur mes genoux !

Catastrophe !
Voilà-t-y pas que je me suis retrouvé avec un Woody sur mes cuisses !
Bon, je passe l’épisode sous silence.

C’est seulement à 37ans que j’ai surmonté cette douloureuse expérience.
Je m’étais rasé de près et la femme de Woody me caressait.
J’étais au pays du rêve et je parlais anglais.

À trente-huit ans j’ai voulu revoir Woody mais je me suis retrouvé avec Zelig qui se prenait pour Woody.
Il me filmait et moi je ne réalisais pas qui j’étais.
En fait, j’étais perdu…

… perdu jusqu’au jour où je me suis retrouvé à 45 ans.
Malheureusement, j’étais au fond du trou, je broyais du noir  
et Woody, très politiquement correct, me dit : « Ici, aux USA, il est interdit de broyer du black ! »
Je n’en dormis plus de la nuit !

Deux ans plus tard je revins le voir en lui rappelant que j’étais Brun
et donc ne pouvais pas être raciste envers les noirs !
Il me comprit et m’autorisa à re-broyer du noir !

De 45ans à nos jours j’ai mangé de la soupe à la grimace
chaque fois que j’ai revu les photos de Zelig et les films de Woody.
De 45 ans à nos jours j’ai bu du rhum brun et du rhum roux.

2012. Je suis mort.
L’alcoolisme m’a tué.
Woody m’a tué.
Omar est innocent et cela l’amuse.

2012. L’enfer ou le paradis ?
Dieu me pose la question.
Je réponds en bon sophiste et ma réponse m’envoie en enfer.

Comme vous voyez, il ne faut jamais rencontrer Woody
ou vous allez finir chez Satan, comme moi..
Triste ce Woody, non ?

Signé M. Brun (né le 29 février 1955 – mort de Rhum à Tismes)

(Traduit de l’inuit par Rolland Pauzin)

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Noël ! 
Impérissable
Divertissement 
D'
Avant  !
Idée
Géniale
Longuement
Étudiée !
                 ( N I D . D A I G L E )

L'avantage du père noël c'est que chaque année il revient.

La 1° fois c'était à Fayl-billot, je ne voulais pas dormir, mais au petit matin il était passé, les jouets étaient sous le sapin.
Après c'était à Vientiane, il descendait d'hélicoptère, j'étais en short il faisait chaud, lui devait avoir très chaud!


Ensuite c'était à Langres pour le noël de la classe ,mais là je l'avais démasqué !
Après c'était chez les beaux-parents à Épernay. Je faisais le père noël.
Ensuite se fût à Laval, je jouais le personnage avec des cousins, les enfants étaient contents. Nadine a annoncé qu'elle était enceinte, surprise.
Et puis après c'était en bourgogne du côté de Gevrey-Chambertin entre copains copines, j'avais caché les cigarettes de "Nesibe" elle était prête à faire 100 km pour en acheter quand je les lui ai rendues elle m'a « tué » du regard .
Puis la fois à Troyes avec des amis on faisait en même temps mes 40 ans, souvenir pas impérissable!!!!
Une fois c'était à Dijon nuit agitée, retour incertain, période difficile .
Plus récemment à Langres ça correspond en plus avec l'anniversaire de ma mère .
Il y a 3 ans c'était à Bandol, noël difficile mais c'était obligé.
Une des dernières fois c'était à côté de Chaumont, on faisait aussi les 80 ans de ma mère, il faisait froid, ambiance très "space".
Voilà, il y en a eu d 'autres bien sûr, mais ces souvenirs sont espacé dans le temps et de plus il y a des périodes que l'on préfère oublier.

(Ch. Duvoy)

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Être Coluche


Par Michel Alix

                                    Il y avait une fois un mec… Vous l’avez entendue ?

Gallimare ã2012. Collection Gallimare-en-a-mare.
Tous droits réservés pour tout pays en toutes conditions et à tout jamais.


                                                                        1

Il m’a demandé une fois : « Sais-tu pourquoi tu es Michel et moi je suis Coluche ? »

J’ai répondu : « Non.»

Et puis j’ai réfléchi. Il semblait me rappeler, avant ma naissance, d’attendre en file pour une distribution d’identités. Je le lui ai dit. Il m’a regardé gravement de son air de paysan déluré, puis sans rien ajouter, fit ronfler sa moto plusieurs fois et déguerpit.

                                                                        2
J’ai rencontré Coluche un soir de pluie sur une route d’Italie. Il faisait de l’auto-stop avec sa copine de l’époque, Margarita Pontevecchio, une ex-actrice porno. Pour aguicher les voitures, elle se déshabillait allégrement pendant que Coluche courrait derrière elle avec les valises et les vêtements délaissés. C’était une scène de burlesque toute sortie d’un filme de Fellini.

Je ralentis ma trois chevaux et klaxonnai pour indiquer qu’ils avaient trouvé un preneur. Margarita était presque nue et Coluche boitait, alourdi par les habits et les bagages.

« Vous allez à Paris ? » il demanda, féroce.

« Non, Strasbourg. »

« Ça  marche ! »

 Il claqua la portière en montant et s’affaissa sur le siège du mort. La Pontevecchia se rhabillait tranquillement à l’arrière et nous alluma des cigarettes (les miennes). Dehors la pluie tapotait sur la capote de la caisse avec un rythme de batteur de jazz saoul. 

Coluche se mit à improviser son monologue comique : « Il y avait une fois un mec… Vous l’avez entendue ? Oui ? Non ? » Et la route disparaissait sous nos roues comme les nuages sous le parcours d’un tapis volant.






                                                                        3

Quinze années plus tard, il était mourrant, fracassé, plié en accordéon sous les pneus d’un gros camion. Il tournait ses grands yeux vides vers moi en essayant de me dire quelque chose – quelque chose d’important. Et je me forçais par la concentration à réduire la cacophonie des sirènes des ambulances et des klaxons de la police. Finalement, il approcha sa bouche de mon oreille.

« Il y avait une fois un mec. Tu l’as entendu ? Tu la connais ?» 

                                                                        FIN

                                                                       







samedi 22 septembre 2012

Les raisons du Choix d'un livre


Vendredi 21 septembre :

La consigne :
Choisir un livre dans le coin bibliothèque de l’AAI puis écrire sur les raisons de ce choix en commençant par une phrase du type :
Me voilà avec « titre du livre » dans les mains. Mais pourquoi ai-je choisi ce livre ?

(Des pages de lecture sur le rapport entre le livre, les premières lectures  et des auteurs célèbres étaient disposées sur la table de travail pour donner des idées)

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Me voilà avec « tu leur diras… » dans les mains. Mais pourquoi ai-je choisi ce livre ?
Je l’ai choisi parce qu’il était caché derrière une autre rangée de livres et qu’il a attiré mon regard.
Il invoque le souvenir de Jacques Brel.
Il est en bon état.
Il est agrémenté d’une belle photo de Brel et sa compagne.
Il invoque l’histoire d’amour entre Brel et Maddly Bamy et sa passion pour la navigation et pour le pilotage de son avion ainsi que son amour pour les îles Marquises.

(Florent C.)
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The grapes of wrath de John Steinbeck

Me voilà avec les raisins de la colère de Steinbeck mais pourquoi ai-je choisi ce livre ?
D’abord le titre m’est connu, je ne l’ai jamais lu pourtant cela me parle :

En premier je suis en colère en ce moment.
En 2ème Les raisins, on est en période des vendanges.
En 3ème Il était devant la pile et à ma hauteur.
En 4éme Il est un peu abîmé, il a dû beaucoup servir ! comme quelqu’un qui arrive à un âge avancé, beaucoup de mains l’ont touché, regardé, aimé ou détesté.
En 5ème je viens de le feuilleter, je vais le lire il a l’air de correspondre à mon état d’âme et à ma colère.

(Christian Duvoy)

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Livre autobiographique de Jacques Lanzmann

Me voilà avec le têtard. Mais pourquoi ai-je choisi ce livre ?
Non je ne l’ai pas choisi parce qu’il serait tout corné, tout jauni, tout auréolé. Ça c’est mon travail, le fruit de ma lecture. Les livres, je les aime propres, pour ensuite les maltraiter, moi.
Le têtard, le titre contient le nom du héros. De quelle aventure un têtard peut-il donc être un héros ? Je l’imagine tournant dans sa mare au fond d’un jardin. Palpitant. Un têtard qui serait un héros serait certainement un peu bizarre. Il lui aurait au moins poussé des pattes ou des ailes. Il sauterait de marre en marre et tomberait sur un os. Peut-être deviendrait-t-il papillon. Un roman initiatique, voilà ! c’est certainement çà.

(Zoéffine)

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Livre contenant plusieurs romans de Honoré Balzac

Pourquoi j’ai choisi ce livre.

Parce que j’ai insuffisamment lu les romans de Balzac. Le grand Balzac. Balzac que l’on cite par ici et par là comme s’il faisait jaillir une source de sagesse inépuisable. Honoré Balzac. Honoré ? Peut-on échouer avec un nom comme ça ? Chasteté ? Auguste ? Une des neuf muses de la vertu françaises ?
Honoré de Balzac. Soulignons le de.  Le de honorifique qui distingue ces gens bien nés. Et les gibiers de potence ou les corps à raccourcir.
Balzac au gros bidon de campagnard, à croire Rodin,  (Auguste. Mais sans de) qui faisait son portrait, son polaroïd style XIXéme . Qui le présente en chemise de nuit – encafeté,  insomniaque - puisant dans les noirceurs de la nuit les ébènes de l’âme.

( Michel René Alix)

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 Me voilà avec les animatueurs dans les mains. Mais pourquoi ai-je choisi ce livre ?

Parce que j’ai  trouvé le titre amusant. Je suis dans un atelier d’écriture dirigé par un animateur – j’espère qu’il ne va pas le tuer –
J’espère que lui ne sera pas mort par l’écriture comme l’auteur l’a été par la télévision.
L’auteur du livre paraît ne pas avoir vécu sa vie d’animateur paisiblement. C’était son métier, est-il toujours possible de vivre son métier paisiblement ?

Je n’ai pas vécu mon métier paisiblement, ou pas souvent. La peur de ne pas être à la hauteur m’a habitée souvent. J’étais infirmière, la mort planait au-dessus de moi, allait-elle frapper quelqu’un aujourd’hui ?

Je n’ai pas choisi ce métier mais je me dis parfois que même si je l’avais choisi (ou choisi un autre) une peur m’aurait habitée. J’ai besoin d'être reconnue dans ce que je fais. Ce n’était donc peut-être pas la mort qui m’effrayait ! mais depuis que j’ai admis que je ressentais une peur je n’arrive pas à l’identifier. Peur de quoi ? Voilà la question toujours présente aujourd’hui, bien que je ne travaille plus.
Disparaîtra-t-elle un jour ?

(auteur anonyme)

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Prix Goncourt 2010 - La carte et le territoire de Michel Houellebecq

Me voilà avec la Carte et le Territoire dans les mains. Mais pourquoi ai-je choisi ces feuilles empoussiérées ?
Évidemment mon premier regard s’est posé sur l’auteur : Houellebecq ! Un sacré mec ce Michel qui vivait comme moi en Irlande et pourtant… je n’ai pas beaucoup aimé ce que j’avais lu de lui. Sa poésie ? je l’ai détestée… mais le livre est beau, couleur crème comme un café, avec une belle affiche de « Rentrée littéraire ». Et puis ce titre me plaît.
Il y a du voyage, de la sueur, du rapport très terre à terre pour sûr.

Enfin vais-je lire plus de vingt pages ? vais-je pouvoir découvrir de nouvelles expressions assez politiquement incorrectes ?   
Je l’espère.

(Rolland Pauzin)

vendredi 7 septembre 2012

Le grand combat des gardannais


Atelier du  7 septembre 2012

A partir du poème "le grand combat" de Henri Michaux écrire un texte d'une vingtaine de lignes (poème sans rimes)
Utiliser :
-  des mots-valises,
-  des noms comme si ces noms étaient des verbes, (il le cuillère ! il le trombone ! il le trouille ! il le tournevis !...)
-  des néologismes
Utiliser des sons durs : des T des Tr des K des Kr Gr des D Dr des Pr des P …

Prendre le même sujet du combat ou un sujet similaire
Par exemple :
Se battre pour faire un plat (pour quelqu’un qui n’aime pas cuisiner ou qui est sous une grande pression…
Raconter la naissance du point de vue du nouveau-né qui se bat pour sortir du ventre et respirer l’air frais
Se battre contre le mal de mer et les vertiges dans un bateau secoué par la tempête
Etc.

La dernière ligne aura un sens plus philosophique ou simplement dira que la personne est vaincue ou...

Donner ensuite un titre dans un français plus compréhensible.

Rolland Pauzin

:



La naissance

Il tripafouille ! Il transicrawle ! il tournevisse dans le tunnel !
-   Allez, Allez ! scrime l’estrangle-femme devant le spot brutal.
Il s’escripatouille ! Il tréfaillit ! Il s’estricoince !
-   Allez, Allez ! scratchent les doigts sanguinolents de l’estrange-femme.
Il s’exaspire ! Il s’exatripe ! Il s’extirpe presque !
-   Allez, Allez ! Poussez plus ! Plus fort ! Plus fort !
Il se jette, se dépédresse, se braillacrie dans des mains froides
-   Aïe ! Aie ! Pincez-moi pas estrangulatore ! crie le nouveau-né dans son pleur étranger.

Sur le ventre d’une autre femme en pleur
Il se sent rejeté, rescindé, reciselé .
Il retripatouille ! il retransvercule ! il retirappelle !
-   Mon tuyau ? Rendez-moi mon tuyau !  
-   Allez ! Allez ! rentrons au chaud dans l’incubateur-prison petit bébé !

Avant, au chaud, il  était libre, sale estrangulaire !
Libre dans son bain ! Libre dans son noir reposant !
Libre de taper du pied ! Libre de boxer son ombre !
Pas de bracelet ! Pas de  pelages qui piquent !

-   Allez, Allez ! Renvoyez-moi dans le tunnel. Snif ! Snif !

Ainsi barjaqua le nouveau-né sans espoir de retour.

(Rolland Pauzin)

La naissance est le premier combat



                                                                       En attendant la sortie

Je le trapouille et le grapate ;
Je le kapahute et le dripugne ;
Je le krabote et le tapouille ;
Enfin, je le grapugne et le culbute.
L’agresseur mal-embouché mord la poussière.
Ouille! Ouille! Ouille!
Il perd ses dents;
Il perd son sang;
Il perd patience.
Aie! Aie! Aie!

Des combats, j’en ai connu!
Le plus dur fut déclenché par l’agression de mes enfants!
Ce salaud va devoir payer!
Boom! Boom! Boom!
Je n’attends que sa sortie!
(Florent C.)

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mardi 4 septembre 2012

écrire un texte dans le style du "combat" de Henri Michaux


Atelier du  7 septembre 2012

«Le Grand Combat» de Henri Michaux

Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle ;
Il le pratèle et le libucque et lui barufle les ouillais ;
Il le tocarde et le marmine,    
Le manage rape à ri et ripe à ra.
Enfin il l'écorcobalisse.
L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
C'en sera bientôt fini de lui ;
Il se reprise et s'emmargine...mais en vain.
Le cerceau tombe qui a tant roulé.
Abrah ! Abrah ! Abrah !
Le pied a failli !
Le bras a cassé !
Le sang a coulé !
Fouille, fouille, fouille,
Dans la marmite de son ventre est un grand secret
Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs ;
On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne
Et on vous regarde
On cherche aussi, nous autres, le Grand Secret.
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Henri Michaux - autoportrait fait "dans les plis"
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Consigne:

Ecrire un texte de 20 lignes (poème sans rimes)
Utiliser des mots-valises,
des noms comme si ces noms étaient des verbes, (il le cuillère ! il le trombone ! il le trouille ! il le tournevisse !...)
des néologismes

Utiliser des sons durs : des T des Tr des K des Kr Gr des D Dr des Pr des P …
Prendre le même sujet du combat ou un sujet similaire
Par exemple :
Se battre pour faire un plat (pour quelqu’un qui n’aime pas cuisiner ou qui est sous une grande pression…)
Raconter la naissance du point de vue du nouveau-né qui se bat pour sortir du ventre et respirer l’air frais
Se battre contre le mal de mer et les vertiges dans un bateau secoué par la tempête
Etc.

écrire en utilisant le "IL" de Mchaux ou en reprenant le même mot tout au long du texte
par exemple : le marin, le foetus, le vieux schnock, le mec, la folle etc.      

La dernière ligne aura un sens plus philosophique ou simplement dira que la personne est vaincue.

Donner ensuite un titre dans un français plus compréhensible.

Rolland Pauzin