Main dans le reflet d'une sphère - MC Escher |
Atelier 25 janvier 2013
Je suis en moi
Mon œil, il est bien ouvert, je suis sur ce blanc neigeux, moi qui tombe dès qu'il y a trois flocons par terre !
Je vais éviter de bouger mais j'ai froid.
Je voudrai grimper sur la paupière. J'essaie. Aie! Je glisse.
J'ai peur de tomber dans ce grand trou noir, qu il est grand ce trou!
J'ai une idée, je vais éclairer toutes les lumières ainsi le trou deviendra tout petit.
Ça marche ! J'ai glissé mais le trou est trop petit, je ne passe pas au travers.
Maintenant je vais me pencher en avant et tomber dans ma main.
(Brigitte)
Témoin oculaire
Il m’était venu à l’esprit
d’étudier l’arc gravitationnel de mon œil gauche.
J’ai commencé par lancer des petits
objets en l’air : bouts de papier, confetti, punaises peintes…
Mais ils n’ont pas réussi à entrer en équilibre gravitationnel.
(J’aurais voulu qu’ils encerclent ma tête comme de miniature
spoutniks.) Mais, rien du tout, mon œil gauche s’est refermé
comme un capot de voiture et ils sont tombés par terre.
J’ai pensé fabriquer une petite
sonde qui, lancée du rebord de la fenêtre, viendrait se poser sur
le bord de ma paupière. Avec les nanotechnologies j’arriverais
peut-être à y installer un petit ordinateur, un sismographe, et un
« gravitographe*».
J’ai presque réussi du premier coup.
La petite sonde parcourut tranquillement la distance du rebord de la
fenêtre jusqu’à mon œil gauche. Puis, tac, mon œil se referma à
l’ultime instant ou la sonde allait se poser. Je n’avais pas tenu
compte du réflexe oculaire.
Mon second essai se tint sous des
conditions nocturnes. Ma sonde se posa sans entraves sur la paupière
inférieure de mon œil gauche et aussitôt les informations mirent à
émettre d’à partir de l’ordinateur de bord. J’avais installé
un poste de réception dans ma main droite, et en louchant, je
parvins à lire les résultats :
Température, 30
degrés
Gravité, 0.03 (à
la puissance –10)
Viscosité, 15 uga
Courbure, 0.01
degrés
Et des images suivirent. Gros plans
d’une prunelle géante, un iris, un océan de blanc strié de
rivières rouges, et des cils comme les fortifications de Vauban. Et
sous toute cette gélatine, des éclairs, des vibrations et le
glouglou infernal de mon sang.
(Michel René Alix)
Note : Gravitographe - Mot inventé
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2 – Consigne : Un œil se
regarde dans un miroir et fait un voyage sur cette image. Il peut par
exemple traiter les veinules rouges comme des sentiers
ensanglantés... traiter le rond de l'œil comme celui de la Terre
d'un Christophe Colomb, traiter l'iris avec ses multiples couleurs
comme une forêt amazonienne ou des barrières de différentes
couleurs qu'un cheval saute, traiter le blanc de l'œil plus ou moins
crème ou jaune comme un ciel nuageux traversé par un avion, par un
oiseau... traiter la pupille comme le dernier trou noir qui nous
aspire et nous emporte etc... traverser un flot de larmes...
Faites votre voyage sur cet œil.
Mettez un titre par exemple :
voyage à l'œil
Tableau : Main dans le reflet d'une sphère de MC Escher